FootballSion devra se montrer plus fort que le calendrier
Battu 1-0 à Saint-Gall, le club valaisan va au-devant d’un programme corsé: YB et Lugano avant les deux derbies. Une base existe mais il faudra construire dessus, le plus vite étant le mieux.
- par
- Nicolas Jacquier

Ces dernières années, les débuts de saison du FC Sion avaient chaque fois été plombés par des bourdes de ses différents gardiens. En 2018, c’est Anthony Maisonnial qui, à l’occasion de sa première titularisation entre les poteaux valaisans contre Lugano, s’était fait lober suite à une frappe de près de 70 mètres de Dragan Mihajlovic sur laquelle le portier français n’avait pas eu le beau rôle (4e, 0-1).
En juillet 2019, Anton Mitryuskhin, préféré à Kevin Fickentscher par Stéphane Henchoz lors de la journée inaugurale, s’était fabriqué un auto-goal en laissant filer sous le pied une passe anodine de Jan Bamert, précipitant l’échec sédunois contre Bâle (défaite 4-1).
S’il a évité cette fois-ci que la malédiction des portiers ne s’abatte sur lui – Fickentscher n’ayant rien à se reprocher sur le but saint-gallois -, Sion n’a pas pu éviter de (re)partir du mauvais pied selon la tradition. Un premier couac en guise d’entrée, voilà qui ne varie guère de l’ordinaire. Conséquence de son faux-départ, le club de Christian Constantin samedi son choc des extrêmes contre Young Boys en position de première lanterne rouge du championnat.

Christian Constantin avait fait le déplacement au Kybunpark. (KEYSTONE/Gian Ehrenzeller)
Ne pas tout miser sur Hoarau
Il n’est pas question ici de trop s’en inquiéter, les Valaisans ayant livré, principalement en première période, une prestation que l’on qualifiera de plutôt encourageante. Mais d’être néanmoins suffisamment conscient de ce qui doit rapidement changer pour ne pas s’exposer à d’autres désillusions. A cet effet, il serait dangereux – et surtout hors de la réalité – d’imaginer que la seule présence à l’avenir de Guillaume Hoarau puisse résoudre des problèmes offensifs récurrents.
Au terme de ce drôle de dimanche après-midi qui a vu Fabio Grosso devoir jongler entre les blessures, les changements de système et les cartons, il était significatif d’écouter les prises de paroles des deux techniciens lors de la conférence de presse d’après-match où, après les politesses d’usage, Fabio Grosso a paru presque davantage satisfait que Peter Zeidler, le successeur de Paolo Tramezzani estimant, au-delà du zéro pointé récolté par ses joueurs, que ceux-ci avaient jeté des «bases pour construire».

La blessure d’Arian Kabashi en début de partie a bouleversé les plans de Fabio Grosso.
Si Saint-Gall, à défaut de séduire, s’est contenté de trois points qui font déjà son bonheur, il est vrai que les visiteurs, réduits à dix avant l’heure de jeu, ont parfois plu, qu’ils n’ont rien lâché et qu’une égalisation n’aurait en rien constitué un vol, ce que Grosso convenait d’ailleurs justement. A l’occasion de son intronisation en Super League, l’ancien latéral de la Squadra Azzurra a pleinement vécu son match, quittant plusieurs fois sa zone technique jusqu’à pénétrer sur la pelouse pour y subir les remontrances du quatrième arbitre et autant de rappel à l’ordre.
Les ratés de Patrick
Construire sur une défaite, l’idée peut faire sens à condition d’apprendre vite de ses erreurs, celle du pourtant expérimenté Ndoye entraînant par effet ricochet l’expulsion d’Abdellaoui, et de soigner la conclusion. Le désespérant manque de réalisme de Patrick est de nature à s’interroger sur les réelles capacités du jeune Brésilien à endosser un rôle de finisseur. Quand on caviarde autant d’occasions, c’est que l’on n’est pas un attaquant né. Patrick avait certes signé un doublé contre Schötz, en Coupe de Suisse, le week-end passé, mais dès que la route s’élève et que les difficultés se présentent, le jeune homme ne trompe plus personne.
Sion n’a peut-être pas à rougir de sa défaite mais il convient aussi, dans la balance, d’admettre que ce FC Saint-Gall «newlook», s’il cherche toujours à appliquer la philosophie de Peter Zeider, est encore loin d’avoir retrouvé l’équilibre et l’énergie dévastatrice qui lui ont permis de passer ses adversaires à la «moulinette» - Itten et Demirovic n’ont ainsi, et assez logiquement, pas encore été remplacés dans un effectif où le Genevois Guillemenot a pris du galon. Alors que son hôte était donc «prenable», le club valaisan n’est pas parvenu à empêcher une sixième défaite consécutive contre cet adversaire, ce qui commence à faire beaucoup.
Chacun en conviendra, une simple défaite n’est pas ennuyeuse en soi. Mais elle déjà plus problématique lorsque cela concerne le FC Sion. Avec la venue d’YB lors de la 2e journée suivi d’un déplacement à Lugano toujours corsé avant les deux derbies – avec la réception coup sur coup de Lausanne et Servette pour le retour du public à Tourbillon - , le programme n’offrira aucun répit à Fabio Grosso, un champion du monde déjà plongé dans les tracas.
A cet égard, Sion devra se montrer plus fort que le calendrier s’il entend échapper aux premières crispations, aux premières tensions. L’avenir proche dira s’il en a vraiment les moyens.