Football - Sion doit apprendre à bonifier les «points» d’une défaite rassurante

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FootballSion doit apprendre à bonifier les «points» d’une défaite rassurante

Battu 4-3 à Berne, le visiteur n’a pas tenu la distance face à YB. Après la punition collective que lui avait infligé son coach, le club valaisan a donné quelques signes d’espoir. Place au derby des frustrés.

Nicolas Jacquier
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Nicolas Jacquier

Le FC Sion n’a toujours pas mis fin à la malédiction du Wankdorf. Il n’a pourtant jamais semblé aussi proche de réussir à la briser dimanche après-midi. Combien d’équipes peuvent se targuer de mener 2-0 à Berne après un quart d’heure? C’est le petit exploit sans résultat concret qu’a réalisé le visiteur.

L’ennui, c’est que la suite n’allait pas être à la hauteur de cette entrée en matière prometteuse. Au final, Sion, déclassé en deuxième-période comme en témoigne le score des tirs (23 à 9), a concédé un nouvel échec dans la capitale, le 31e depuis l’été 1996, son douzième d’affilée, et c’est bien là tout ce qu’il convient de retenir.

Le rouge de l’amateurisme

L’un des responsables de cette nouvelle déconvenue se trouve dans ses propres rangs. On veut bien attribuer à Baltazar toutes les qualités qui en font un élément indispensable dans les rouages valaisans. Mais la manière dont s’est comporté le pitbull brésilien contient une partie du problème. Baltazar a singulièrement manqué de jugeotte sur le synthétique bernois en commettant deux fautes impardonnables.

Comment peut-on laisser pareillement traîner son coude jusqu’à expédier Aebischer à l’hôpital – le Fribourgeois devra s’y faire opérer suite à une fracture au visage – quand on possède un casier chargé d’un premier avertissement justifié mais déjà absolument inutile. A ce niveau-là, c’est de l’amateurisme et de la méchanceté (ou de la maladresse).

Adrien Jaccottet expulse Baltazar, l’un des tournants du match. Déjà lourdement pénalisé (19 jaunes, 3 rouges) depuis son arrivée en Suisse, le Brésilien doit apprendre à mieux canaliser son énergie.

Adrien Jaccottet expulse Baltazar, l’un des tournants du match. Déjà lourdement pénalisé (19 jaunes, 3 rouges) depuis son arrivée en Suisse, le Brésilien doit apprendre à mieux canaliser son énergie.

Urs Lindt/freshfocus

Accabler le seul Baltazar, qui n’a pas forcément senti dans son dos la présence de son adversaire, ne refléterait toutefois qu’imparfaitement la réalité d’un match qui avait déjà échappé aux visiteurs. Sous forme de carton rouge, cette sanction suprême devait définitivement relancer YB en même temps qu’il fragilisait d’autant son hôte.

Une semaine après avoir failli au Cornaredo (défaite 2-0), ce qui devait provoquer la noire colère d’un Paolo Tramezzani s’étant estimé trahi, le club de Tourbillon a quitté cette fois le Wankdorf avec les honneurs. Au coup de sifflet final, ses joueurs soulignaient tous un état d’esprit et une solidarité retrouvée. «On a montré que Lugano était un accident», résumait ainsi Kevin Fickentscher.

Une prise de conscience, mais…

Alors oui, Sion a montré autre chose, avec davantage d’intensité, de caractère et d’implication. Mais au moment d’être décroché au classement (pour ce qui est des équipes le précédant tout au moins), peut-il s’en satisfaire? Y-a-t-il vraiment lieu de se contenter d’une défaite aux points autant frustrante que rassurante? Face à un YB affaibli par les absences et pas loin de basculer dans la crise sportive, perdre à Berne tout en ayant inscrit trois buts ne peut être qualifié de réjouissant.

Si le résultat intrinsèque n’a pas suivi, on a malgré tout pu mesurer le degré de réaction d’un groupe qui a su relever la tête. Fâché après le non-match de Lugano, Tramezzani avait collé toute l’équipe en assignant ses joueurs à la Porte d’Octodure, l’hôtel de leur président, pour une introspection collective et un grand déballage durant la semaine écoulée. «Il était important de se dire les choses», devait-on souvent nous répéter. Plutôt que de les cantonner en chambre, le Mister aurait pu choisir de les convoquer à 6h du matin pour aller visiter une usine, ce qu’il avait entrepris de faire lors de son passage au Tessin en 2017 afin de confronter ses joueurs à la réalité du monde des travailleurs.

Pour les naufragés du Cornaredo, on attendait donc une réaction d’orgueil. Cette prise de conscience a eu lieu: avant de céder à un sentiment de frustration, ses joueurs ont connu la joie et le bonheur d’une entame maîtrisée. Mais il en faudra plus pour générer une forme de rédemption de nature à susciter l’espoir d’un changement durable.

Voilà qui ne change rien au quotidien d’une équipe qui ne décolle pas. En cette fin d’année, Sion, englué en bas de tableau, se retrouve dans la zone qu’il voulait absolument éviter. Il aura l’occasion d’en sortir dimanche à l’occasion d’un derby romand des frustrés. L’occasion de voir qui du FC Sion ou de Lausanne est le moins cabossé, et le plus à même de transformer ses faiblesses actuelles en supposées forces d’avenir.

Pour terminer 2021 sur une note positive, le club de Tourbillon devra pouvoir s’appuyer sur ses leaders. Des leaders demeurés bien trop effacés dans la capitale…

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