Elections fédéralesSortie du nucléaire et rentes vieillesse remodelées?
De gros dossiers attendent le Parlement sorti des urnes dimanche, comme le tournant énergétique, la réforme de la prévoyance vieillesse et bien sûr l'immigration.

Le National pourrait aussi se montrer plus conservateur sur des sujets de société comme le mariage pour tous ou l'imposition des couples mariés.
Le glissement à droite du National et le recul des partis verts pourraient peser sur certains dossiers. La sortie du nucléaire risque d'en être retardée, mais cela ne devrait rien changer sur le dossier européen.
Même si les partis n'ont guère fait campagne autour des relations bilatérales avec l'UE, la mise en oeuvre de l'initiative contre l'immigration de masse devrait occuper très vite le nouveau Parlement. Le temps presse en effet, et le Conseil fédéral a promis un message pour la fin de l'année.
La poussée de l'UDC et la petite progression du PLR ne devraient pas changer la donne. Le PLR ne veut pas mettre en péril les bilatérales et devrait au final apporter son soutien aux efforts du centre-droit et de la gauche.
Prévoyance vieillesse
Le National pourrait en revanche remodeler la réforme de la prévoyance vieillesse. D'accord de relever l'âge de la retraite des femmes à 65 ans et de réduire les rentes du 2e pilier, le Conseil des Etats a concédé à la gauche une revalorisation des nouvelles rentes AVS de 70 francs par mois, mais fait un pas vers l'économie en réduisant de 1,5 à 1% le relèvement de la TVA proposé par le ministre de la santé Alain Berset.
La majorité PLR-UDC au National pourrait désormais torpiller ce compromis. Le Conseil des Etats, où les deux partis resteront a priori minoritaires, devrait néanmoins tenter de résister.
Cheval de bataille du PDC, la suppression des primes maladie pour enfants devrait être difficile à obtenir. Le conseiller fédéral Alain Berset, qui a déjà de la peine à imposer ses choix en matière d'assurance maladie, affrontera une fronde élargie.
Tournant énergétique
Le tournant énergétique devrait être retardé. Le National devrait s'engouffrer dans la brèche ouverte par le Conseil des Etats.
Ce dernier n'a pas voulu fixer de date limite à l'exploitation des centrales nucléaires ni exiger de concept de sécurité à long terme pour les installations vieillissantes. La deuxième étape du tournant énergétique avec une fiscalité écologique encourageant le recours aux énergies renouvelables semble remise aux calendes grecques.
Le lobby routier se frotte sans doute les mains. Même si le Parlement a déjà rejeté l'initiative dite «vache à lait» qui veut affecter l'ensemble des recettes de la route au trafic routier, le Conseil des Etats vient de renvoyer la discussion sur le nouveau fonds routier. Un National plus à droite pourrait se montrer plus généreux envers les automobilistes et remodeler le projet en leur faveur.
Plus libéral
En matière d'économie, la troisième réforme de la fiscalité des entreprises pourrait prendre une forme plus généreuse pour l'économie. Seule la gauche amoindrie a quelques réticences à faire des cadeaux fiscaux en échange de la suppression des privilèges fiscaux critiqués par l'Union européenne.
Les partisans du service public ont du souci à se faire. PLR et UDC pourraient vouloir accélérer la libéralisation des marchés de la poste ou des télécommunications. Le débat sur le service public dans les médias risque fort de se radicaliser.
Le budget de la Confédération et les fonctionnaires devraient subir une cure d'austérité. Alors que le Conseil fédéral propose déjà des économies, PLR et UDC voudront des coupes bien plus drastiques.
Le nouveau Parlement devrait être encore plus ouvert aux revendications des paysans. Selon des calculs de l'ats, le lobby qui compte des soutiens dans tous les partis peut compter sur une poignée d'élus de plus en sa faveur.
Plus conservateur
Le National pourrait encore se montrer plus conservateur sur des sujets de société comme le mariage pour tous ou l'imposition des couples mariés. L'UDC compense largement le recul de ses alliés du PDC dont la nouvelle députation ne s'annonce pas plus libérale. Le camp traditionnellement progressiste réunissant la gauche, le PLR et le PVL ne totalise plus que 94 sièges au lieu de 103.
La prochaine bataille sur l'asile aura lieu hors du Parlement. Celui-ci vient de boucler la grande réforme qui prévoit une accélération massive des procédures via une centralisation des acteurs dans des grands centres fédéraux.
Hostile surtout à l'avocat gratuit prévu pour chaque requérant, l'UDC récolte des signatures pour un référendum. Tout nouveau tour de vis soumis au Parlement devrait néanmoins en passer la rampe encore plus facilement qu'avant.
Secret bancaire
Les Chambres n'ont pas encore entériné définitivement le passage à l'échange automatique d'informations fiscales et la mort du secret bancaire pour les étrangers, prévue pour 2018. Le nouveau Parlement ne devrait pas revenir sur cette évolution que la droite, UDC mise à part, a acceptée au National en grinçant des dents.
Mais la Chambre du peuple pourrait mettre son veto à la levée du secret bancaire pour les Suisses si le Conseil fédéral la lui propose malgré l'opposition des partis bourgeois. Là encore, le peuple devra trancher en raison d'une initiative populaire des milieux UDC/PLR.