Suisse«Sortir du nucléaire»: l'initiative perd du terrain
Un deuxième sondage SSR montre que le camp du «oui» a perdu neuf points, à douze jours de la votation.

La tendance s'est renversée outre-Sarine depuis le premier sondage sur l'initiative des Verts
A moins de deux semaines du scrutin, le soutien à l'initiative des Verts «Sortir du nucléaire» s'effrite. Selon un deuxième sondage SSR, le camp du «oui» passe de 57 à 48% en un mois.
Tout reste toutefois encore ouvert pour le scrutin du 27 novembre: «des majorités peuvent se développer dans les deux sens», écrit gfs.bern qui a réalisé le sondage pour le compte de la SRG SSR. Sous les effets de la mobilisation, l'opinion publique peut revirer, souligne l'institut de recherche.
Reste que le camp du «oui» a perdu 9 points de pourcentage par rapport à la première vague, alors que celui du «non» en a glané 10. Parmi les indécis, un tiers affiche une «tendance minimale» à voter dans un sens, un tiers dans l'autre, précise l'institut. Quant aux intentions de vote déclarées, 65% sont fermes.
Polarisation plus marquée
La polarisation entre les partis s'est renforcée. Près de 93% de la base des Verts est favorable au texte lancé par ses soins. Au sein du PS, les partisans sont majoritaires, avec 76% contre 18. Les personnes non affiliées à un parti sont elles aussi plutôt favorables à l'initiative.
Dans le camp du PDC, le «oui» l'emporte (53%), mais la part des opposants est significative (37%). La base exprime donc une intention de vote différente des recommandations officielles du parti.
Le «non» s'est quant à lui fortement renforcé au sein du PLR. En quatre semaines, il est passé de 47 à 70%. Idem pour l'UDC: le nombre d'opposants a progressé de 15 points de pourcentage. La base est donc en conformité avec son élite.
Un homme de droite
Et comme le veut la tradition, l'atome a également son Röstigraben. Ainsi, seuls 45% des sondés sont pour l'initiative des Verts en Suisse alémanique, contre 53% en Suisse romande et 58% au Tessin.
A noter que la tendance s'est renversée outre-Sarine depuis le premier sondage et qu'une évolution vers le «non» est observée chez les «Welsch». L'issue du scrutin est donc incertaine.
Différence également selon le lieu de résidence: dans les grands centres urbains, la majorité soutient une sortie programmée du nucléaire, alors que dans les campagnes, les sondés s'y opposent.
La différence selon le sexe subsiste aussi. Les femmes sont favorables à l'initiative à 56% contre 37%; les hommes la rejettent à 39% contre 56%. Conclusion, celui qui voterait «non» est un homme de droite (UDC/PLR).
Indemnisations dans le viseur
L'argument le plus populaire en faveur de l'initiative relève que «la transition énergétique peut uniquement se réaliser si l'on prévoit une sortie programmée de l'énergie nucléaire». Environ 77% des personnes ayant l'intention de voter approuvent cette affirmation.
Environ 63% des électeurs ayant prévu de voter critiquent l'importation d'électricité des centrales à charbon et à gaz de l'étranger. Cette proposition suscite une adhésion en repli, «contraire à la tendance», note l'institut.
Environ 59% craignent qu'un «oui» n'entraîne des pénuries d'électricité. Par contre, 45% des sondés partagent l'idée des opposants, selon laquelle les limitations des durées d'exploitation devraient entraîner des demandes d'indemnisation de la part des exploitants.
L'enquête a été menée par téléphone entre le 2 et le 9 novembre auprès de 1406 personnes. Le taux d'incertitude est de /-2,7%.