Aucun tournoi n'aime autant la grandeur. Aucun ne la met en scène avec un tel sens des disproportions, jusqu'à l'inscrire au programme, en toutes lettres, à l'entrée du vestiaire: «Je veux me réveiller dans la ville qui ne dort jamais et constater que je suis le roi de la montagne, au sommet de l'échelle. Si je peux réussir ici, je le pourrai partout.»

Dans le lointain, il y a les buildings. Et au sommet des buildings, il y a les rois du monde. Novak Djokovic, numéro un mondial, six victoires écrasantes à l'US Open. Aucune pitié pour les faibles qui, pour avoir nourri quelque espoir de le calmer, ont écopé de ses 6-0. «J'ai besoin de confiance. Je vais la chercher à la volée, au fond de moi, partout», dit l'enragé sur CBS.

En crise, le «djoker» a changé de sparring-partner et embauché une gloire polonaise à titre de consultant. Il revit, il monte au filet; dans la même minute, il sourit comme une bonne sœur et fustige comme un faux frère. «Ma volée n'est pas encore parfaite, mais je veux insister. Je veux devenir plus agressif.»

Face à lui: Stanislas Wawrinka. La menace. L'homme qui monte. Première demi-finale en Grand Chelem, sa plus haute échelle. «Ma fierté, mon heure. Même si aucune victoire ne vaut encore mon titre olympique à Pékin, en double avec Roger (ndlr: Federer). Là, ce n'était pas que du tennis. Je jouais pour mon pays, avec un copain.»

Djokovic vacille sur ses certitudes, et ce n'est pas du vent. «Notre duel de cinq heures à Melbourne reste l'un des plus excitants de ma carrière. Stan a vraiment progressé, dans ses mouvements et la variété de son jeu, même si nous avons tous toujours su qu'il en avait le talent. Il a déclassé le tenant du titre, c'était impressionnant. Il est en pleine confiance et va venir pour gagner.»

Wawrinka peut-il répéter l'assaut en règle de Melbourne? Peut-il finir le travail?… Bien sûr qu'il le veut! «Tout dépendra de ma gestion du stress, et pour Djokovic, de sa gestion de l'événement. On ne peut rien exclure. C'est vrai, le match de Melbourne fut un cap dans ma carrière. Je l'ai perdu de peu et j'ai éprouvé une terrible déception. En même temps, j'ai réalisé ce jour-là que j'étais capable de jouer à un très haut niveau. Que mon travail paierait enfin, bientôt… Aujourd'hui, je suis prêt.»

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