Basketball«Starwings, c’est un style un peu à la José Mourinho»
Surprise totale des play-off de Swiss Basketball League, Starwings Bâle affronte Fribourg en finale dès ce mercredi (19h30). Leurs victimes aux tours précédents analysent le phénomène.
- par
- Brice Cheneval

Les joueurs de Starwings ont débuté leur campagne de play-off en éliminant les Lions de Genève.
Une solidarité de tous les instants
Andrej Stimac (entraîneur des Lions de Genève): «Même les Bâlois l’avoueront, ils n’ont rien à perdre et tout à gagner. Cela libère beaucoup. Ce groupe s’est forgé dans cet esprit. Starwings a rendu la plus grande faveur au basket suisse, en montrant que n’importe qui peut y croire. Ils n’étaient pas aussi confiants au tout début de la série. Au fur et à mesure, leur confiance grandissait car la physionomie des matches justifiait leur approche.»
Natan Jurkovitz (ailier des Lions de Genève): «Ils se sont jetés sur tous les ballons et nous ont battus à l’envie. Leur solidarité est assez impressionnante. Ils sont parvenus à former une famille, où chacun se sacrifie pour les autres et a confiance en son partenaire.»
Bryan Colon (capitaine d’Union Neuchâtel): «La combativité transpire de cette équipe, elle n’a pas peur. Les joueurs sont super soudés, chacun connaît son rôle et fait l’effort pour les autres.»
Une défense en zone déroutante
Andrej Stimac: «Bâle nous a opposé trois fois 40 minutes de défense en zone, ponctuée d’une adresse au tir exceptionnelle (ndlr: 43,5% au tir et 31,4% sur l’ensemble de la série). C’est un style de jeu un peu à la José Mourinho (rire), blindé dans la raquette et plein de patience. Avec eux, les matches semblaient ne jamais s’arrêter. Ils nous ont imposé leur rythme.»
Natan Jurkovitz: «Leur défense nous a fait réfléchir. Ils n’ont pas appliqué une zone «de papier», générique. Ils se sont adaptés aux caractéristiques de chacun d’entre nous pour nous pousser individuellement à la faute. Leur plan tactique était à pile ou face, car ils auraient pu aussi bien prendre 40 points d’écart, mais la pièce est retombée de leur côté.»
Mitar Trivunovic (entraîneur d’Union Neuchâtel): «Ils ont engrangé énormément de confiance contre Genève. Ils contrôlent très bien le rythme des matches et jouent les uns pour les autres. Contre eux, on n’a pas trouvé de solution. Face à leur zone, il aurait fallu être meilleur au tir. On a aussi essayé de pénétrer dans la raquette, sans succès. Si Fribourg trouve la clé pour attaquer leur défense en zone, je pense qu’il n’y aura pas de problèmes. Mais attention car Bâle leur a déjà posé des soucis. Lors de leurs deux dernières confrontations, en Coupe (ndlr: autre victoire de FR Olympic, 76-68, le 7 avril) et en championnat (ndlr: victoire de FR Olympic, 83-71, le 1er mai), Starwings était dans le match jusqu’à la fin.»
Bryan Colon: «Contre nous, Bâle a appliqué une zone plutôt basique mais flexible. Des fois, cela se transformait en un-contre-un. Après, certes, leur défense nous a gênés. Mais, personnellement, je ne l’ai pas trouvé rodée à un niveau où tu sens que tu n’as pas de solution. Ils ont joué avec leurs armes. Il y a pas mal de failles à exploiter.»
Une rotation courte mais incisive
Andrej Stimac: «Par rapport à la saison régulière, ils ont resserré leur rotation à 6-8 joueurs. Ceux qui étaient sur le parquet savaient qu’ils pouvaient commettre des erreurs puisqu’ils étaient assurés de jouer 35 minutes à chaque fois. Cela te donne une confiance immense.»
Natan Jurkovitz: «Le fait d’avoir une petite rotation permet de rester dans le rythme. Quand tu joues 30-35 minutes à chaque sortie, tu sais que tu l’as. C’est le revers de notre richesse d’effectif: comme on est une dizaine à jouer, on enchaîne moins et on met plus de temps à trouver nos marques. Entre ces deux approches, c’est celle de Bâle qui a payé.»
Bryan Colon: «Ils n’avaient aucune pression car les joueurs savaient qu’ils disputeraient quasiment tout le match. Ça a une influence. Quand tu sais que trois gars attendent derrière, ce n’est pas pareil en termes de confiance. Le côté négatif, c’est qu'ils ne peuvent pas toujours se donner à 100% car, comme ils sont peu, ils doivent s’économiser et se canaliser pour ne pas commettre trop de fautes. Mais je pense que ça va se payer cash en finale. Tu ne peux pas tourner à 6 joueurs sur 7 matches en aussi peu de temps.»
Une adresse au tir redoutable
Mitar Trivunovic: «Si Fribourg veut l’emporter, il devra mieux contrôler les tirs extérieurs de Bâle. Ce fut un vrai problème lors de notre série (ndlr: 50,4 au tir et 43,2% sur l’ensemble des deux matches en demi-finales).»
Bryan Colon: «Ils ne rataient pas un tir! Tout le monde y allait du sien. Le panier faisait quatre fois le diamètre normal pour eux (rire). Ils sont tellement en confiance…»
Des joueurs survoltés
Natan Jurkovitz: «Une telle transformation entre la saison régulière et les play-off, je n’en ai jamais vu depuis que je suis en Swiss Basketball League. C’est difficilement explicable mais c’est beau, Bâle le mérite. J’ai eu l’occasion de regarder plusieurs matches de Starwings en début de saison, puis j’ai fait ma première apparition avec Genève contre eux (ndlr: le 4 avril). C’était une équipe complètement différente par rapport à celle qu’on a rencontrée en play-off. Matthew Milon, par exemple: en saison régulière, je l’ai vu refuser des tirs, hésiter, et je l’ai retrouvé transformé. Cheikh Sané a sorti le basket de sa vie. Sébastien Davet, je ne l’ai jamais vu aussi bien jouer. Ils nous a tué sur ses tirs alors que ce n’est pas son fort, habituellement.»
Mitar Trivunovic: «Ce n’était déjà pas facile de jouer contre eux en saison régulière mais ils n’étaient pas aussi forts qu’en play-off. Les ingrédients étaient les mêmes mais ils ont augmenté drastiquement le niveau depuis quelques semaines.»
Bryan Colon: «Par rapport à la saison régulière, je n’ai pas trouvé une différence énorme sur le plan de l’intensité. Je ne peux pas dire qu’ils sont un cran au-dessus. Tactiquement, en revanche, ils sont mieux préparés. Chaque joueur a compris son rôle.»
Un «cinq» infernal
Statistiques, en moyenne par match, des principaux joueurs de Starwings Bâle depuis le début des play-off:
Deondre Burns (meneur): 19,2 points / 5,2 rebonds / 6,4 passes / 28,4 d’évaluation / 34,2 min.
Matthew Milon (arrière): 17 points / 55% de réussite à 3 points / 17,4 d’évaluation / 27,2 min.
Vid Milenkovic (arrière): 13,8 points / 4,2 rebonds / 4,6 passes / 2 interceptions / 15,8 d’évaluation / 39 min.
Cheikh Sané (pivot): 11 points / 12 rebonds / 1,8 contre / 24 d’évaluation / 35 min.
Sébastien Davet (arrière): 11 points / 4,4 rebonds / 40% de réussite à 3 points / 8,8 d’évaluation / 37,4 min.