Cyclisme - Stefan Küng va défier le patron, alors que Mohoric se dope à la «perquisition»

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CyclismeStefan Küng va défier le patron, alors que Mohoric se dope à la «perquisition»

Samedi, le Suisse sera le plus grand adversaire de Tadej Pogacar dans le chrono de Saint-Emilion, Vendredi, Matej Mohoric s’est imposé avec une dose de détermination supplémentaire liée à l’opération de police contre son équipe Bahrain Victorious.

Patrick Oberli
par
Patrick Oberli
(Libourne)
Le rouleur slovène de Bahrain Victorious est aux anges à l’arrivée de Libourne après sa deuxième victoire sur le Tour de France 2021. Sa performance n’a pas pâti de la perquisition subie par son équipe mercredi soir à Pau.

Le rouleur slovène de Bahrain Victorious est aux anges à l’arrivée de Libourne après sa deuxième victoire sur le Tour de France 2021. Sa performance n’a pas pâti de la perquisition subie par son équipe mercredi soir à Pau.

AFP

Les organisateurs du Tour de France se sont fait avoir. En plaçant un contre-la-montre l’avant-dernier jour, ils imaginaient offrir au public un suspense d’enfer. Où l’on compterait les secondes en se rongeant les ongles, pour savoir qui serait le vainqueur final. Mais Tadej Pogacar est passé par là. À la veille de l’arrivée à Paris, le Slovène possède 5’ 45 d’avance sur son dauphin Jonas Vingegaard. De quoi voir venir.

La seule question liée au maillot jaune consiste simplement à savoir sil va remporter une quatrième victoire dans cette édition. Car Tadej Pogacar ne vole pas seulement au-dessus des cols. Il coupe le vent plus vite que son ombre dans l’exercice du chrono, comme ce fut le cas à Laval (5e étape), quand il avait battu le Suisse Stefan Küng.

Une histoire de jambes

Le spécialiste suisse du contre-la-montre, Stefan Küng, a profité des étapes montagneuses des Pyrénées pour se préparer à défier le maillot jaune Tadej Pogacar.

Le spécialiste suisse du contre-la-montre, Stefan Küng, a profité des étapes montagneuses des Pyrénées pour se préparer à défier le maillot jaune Tadej Pogacar.

AFP

Samedi, il y existe donc une très forte probabilité que les deux hommes se livrent un nouveau bras de fer. Une revanche? Le Suisse ne le voit pas comme cela: «Quand on est battu par plus fort que soi, il faut l’accepter.» Mais une défaite n’efface pas les ambitions: «Il est clair aussi que je veux gagner ce chrono. Je ne sais pas comment sont les jambes de Pogacar, mais j’ai l’impression que les miennes sont bonnes.»

«Je ne sais pas comment sont les jambes de Pogacar, mais j’ai l’impression que les miennes sont bonnes»

Stefan Küng, rouleur suisse de Groupama-FDJ

Elles sont en tout cas bien meilleures qu’au terme de l’étape de Nîmes (4e), au lendemain du Mont-Ventoux, qui avait laissé le Suisse en compote, vidé, épuisé comme rarement. Mais foi de Stefan, il s’est refait une santé en traversant les Pyrénées: «Ces derniers jours, j’ai axé ma stratégie de course sur ce chrono. Dans les grandes étapes de montagne, j’ai passé le premier col avec le peloton, avant de finir tranquillement. Cela m’a permis de bien m’entraîner et d’économiser mon énergie, sans trop souffrir.» Une victoire à Saint-Emilion, dans les vignobles de prestige, lui permettrait de rejoindre Fabian Cancellara, vainqueur en 2010 au même endroit et dans le même exercice.

Bien dormir et bien se réveiller

Pendant que le Saint-Gallois se refaisait une santé dans les Pyrénées, Tadej Pogacar, lui, s’affairait à écrire son histoire de «prodige» dominateur en gagnant deux fois au sommet. Vendredi, il est resté sagement dans le peloton qui a laissé un groupe de 20 coureurs partir loin devant pour s’étriper dans les Landes pour le gain de la 19e étape, courue entre Mourenx à Libourne (207 km).

Une journée de récupération pour mieux assommer le contre-la-montre? À son habitude, le maillot jaune botte en touche: «Je ne ressens aucun stress. Je vais voir comment je dors et comment je me réveille, faire une reconnaissance et ferai au mieux, comme d’habitude.» Il s’est aussi permis de regarder plus loin que l’arrivée à Paris, avec un peu d’humour. Je vais partir lundi à Tokyo pour les Jeux olympiques. J’irai en avion car j’ai regardé sur Google maps et il n’y avait pas de route jusque là-bas.» Si ce n’était lui, on dirait que la fatigue commence à faire son effet!

Dopé à la «perquisition»

À noter encore que vendredi, la victoire est Matej Mohoric. Soit un doublé sur ce Tour 2021 pour le Slovène de 26 ans, déjà vainqueur de la 7e étape au Creusot. En d’autres temps, la performance aurait été considérée comme un exploit, d’autant plus qu’il a roulé seul les 25 derniers kilomètres, avec ses compagnons d’échappée à ses trousses. Mais depuis mercredi, et la descente de police dans l’hôtel de son équipe Bahrain Victorious à Pau, rares sont ceux qui arrivent à se réjouir de la performance. Pour rappel, cette perquisition s’est déroulée dans le cadre d’une pré-enquête sur fond de dopage ouverte par le Parquet de Marseille. C’était le 3 juillet, soit le lendemain du premier succès de Matej Mohoric. En passant la ligne, le Slovène, qui sera peut-être désigné coureur «le plus combatif» de ce Tour, a placé son index devant sa bouche, comme s’il voulait faire taire tous les commentaires.

«Il y a eu des choses dans le passé, mais pas dans ma génération»

Matej Mohoric, cycliste chez Bahrain Victorious et double vainqueur d’étape

Quelques minutes plus tard, devant les médias, le vainqueur a tenté une explication: «Non, cela ne veut pas dire «Fermez-là!» J’ai voulu dire à tous les gens qui mettent en doute nos performances que l’on fait de gros sacrifices dans une rigueur pure pour arriver au niveau qui est le nôtre. Nous voulons montrer que nous appartenons aux meilleures équipes du monde. Nous n’avons rien à cacher. » Mais il a aussi admis que cette perquisition lui avait donné une dose supplémentaire de «détermination».

Si, dans l’instant, mercredi soir, il avait trouvé très bizarre que des policiers fouillent ses affaires, «après réflexion», il estime que «cette transparence est un bien pour le cyclisme. Si je dois donner mon téléphone pour prouver que tout est propre, alors c’est OK». D’ailleurs, a-t-il encore ajouté, «il y a eu des choses dans le passé, mais pas dans ma génération.» Croix de bois, croix de fer, il n’a jamais vu quelqu’un faire «quelque chose d’illégal.»

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