ChroniqueSteve Guerdat: «Un autre univers»
Découvrez la dernière chronique du No 1 mondial de saut d'obstacles, parue dans le «Matin Dimanche».
- par
- Sport-Center

La Coupe du monde, c'est une grande compétition annuelle qui anime le circuit hivernal du saut d'obstacles et j'y suis très attaché. Pas seulement parce que j'ai eu la joie de la gagner trois fois, mais parce que c'est un circuit magnifique, qui a un sens, beaucoup de public, avec du grand sport.
Ce n'est jamais simple de passer d'un coup d'un seul de la saison extérieure, de grands terrains en herbe ou en sable, à la saison indoor, sur des pistes beaucoup plus réduites, souvent des patinoires recouvertes de sable. C'est un passage abrupt, mais pas trop difficile. Il est plus facile de ralentir, de «freiner» un cheval que de le remettre en avant, pour qu'il galope fort, comme au début du printemps. Les chevaux s'adaptent vite, mais on a souvent besoin d'un ou deux concours d'adaptation.
C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles j'apprécie les concours du Nord, Oslo et Helsinki, qui ouvrent traditionnellement ce circuit, car ils sont bien adaptés à ce démarrage, les parcours sont un peu plus faciles qu'en novembre ou décembre, ça permet d'y aller crescendo. Et d'habituer le cheval à la fois à l'étroitesse des pistes, aux virages plus secs, et aussi au bruit, à ce public assis tout près des obstacles et souvent plus démonstratif.
J'apprécie les concours avec du monde, un public au cœur de l'action, des halls chaleureux, des émotions et, enfant, j'étais déjà fasciné en suivant ces étapes sur Eurosport, toutes les étapes! Je me souviens des finales avec mon père, et aussi des fabuleux duels entre «Milton» et «Jappeloup», «Milton» et «Big Ben», de grands moments.
Je me réjouis déjà de la finale de Las Vegas, en avril prochain. La dernière fois qu'il y a eu une finale là-bas, c'était en 2015 et j'avais fêté ma première victoire, avec «Albführen's Paille de la Roque». Et avec toute ma famille, mes cousins, qui s'étaient déplacés, un grand souvenir!
Cette fois-ci, comme tenant du titre, je n'ai pas besoin de me qualifier et c'est précieux au seuil d'une année olympique, ça m'enlève un peu de poids. Je peux garder de la réserve, me préparer idéalement pour les grandes échéances à venir, le CHI de Genève, mi-décembre, Las Vegas, mi-avril, et surtout les JO de Tokyo, fin juillet, début août.
«Alamo» n'a pas beaucoup sauté cet été, il a gagné un Grand Prix fin septembre, et il va faire plusieurs étapes avant Genève, où il devrait défendre sa victoire dans le top 10. «Bianca» recommence progressivement en vue de Genève et «Venard de Cerisy» est prêt à les épauler, il a bien sauté à Lyon. J'ai aussi des nouveaux chevaux en vue.
Enfin, je n'aimerais pas conclure sans féliciter Bryan (Balsiger), qui a superbement remporté le Grand Prix Coupe du monde d'Oslo. Ça va probablement lui donner l'envie de se qualifier et de nous accompagner à la finale de Las Vegas, Martin (Fuchs), à nouveau victorieux à Lyon, et moi. On pourrait bien être trois Suisses dans le Nevada!
Steve Guerdat
Cette chronique est assurée en alternance par Clint Capela, Nico Hischier, Wendy Holdener, Mujinga Kambundji et Steve Guerdat.