SuisseStratégie énergétique: l'UDC lance le référendum
Le parti a décidé de partir au combat malgré le refus d'economiesuisse et de l'USAM de se rallier à la démarche.

Plusieurs organisations économiques ont apporté leur soutien au référendum de l'UDC.
L'UDC lance le référendum contre la stratégie énergétique 2050. Le parti dénonce un modèle d'économie planifiée qui coûtera cher aux PME et aux contribuables sans offrir de garantie d'approvisionnement. Un comité interpartis lancera la récolte des signatures mardi.
L'UDC a annoncé sa décision vendredi devant la presse. Le conseiller national Benoît Genecand (PLR/GE) ainsi que l'ancien conseiller national Arthur Loepfe (PDC/AI) se sont associés à la démarche. Le PLR ne soutient pas le référendum mais les jeunes du parti oui, a précisé le Genevois. Quant à M. Loepfe, il s'engage à titre personnel.
Impossible à ce stade de savoir combien d'autres représentants du centre-droit s'engageront dans la bataille. Treize des trente-trois libéraux-radicaux du Conseil national ont voté contre la stratégie énergétique vendredi passé. L'ancien conseiller fédéral Christoph Blocher a profité de l'occasion pour tirer à boulets rouges sur la direction de ce parti, accusée d'avoir retourné sa veste.
Fin du suspense
L'UDC a soufflé le chaud et le froid depuis une semaine sur ses intentions. Le comité du parti s'était prononcé en faveur d'un référendum pour autant que l'économie appuie cette démarche. Economiesuisse au printemps, puis le comité directeur de l'Union suisse des arts et métiers (USAM) cette semaine ont annoncé qu'ils ne se lançaient pas dans ce combat.
Mais de nombreuses entreprises ont fait savoir qu'elles rejetaient la stratégie énergétique, a fait valoir le président de l'UDC Albert Rösti. Et plusieurs faîtières ont apporté leur soutien au référendum dont celle de l'hôtellerie et de la restauration GastroSuisse. Son président Casimir Platzer n'a d'ailleurs pas caché son souhait que l'USAM change d'avis.
Parmi les autres organisations qui soutiennent le combat référendaire, on retrouve l'Association suisse des transports routiers (ASTAG), l'Union des importateurs d'automobiles, l'Association des machines, des équipements électriques et des métaux (Swissmem), la Fédération suisse de l'industrie des matières plastiques et l'Association nationale des négociants en combustibles.
«Péché capital»
La stratégie énergétique 2050, qui vise à accompagner la sortie du nucléaire, a été finalisée lors de la session d'automne par le Parlement. La réforme est moins ambitieuse qu'initialement prévu. Les Chambres fédérales ne sont en outre pas allées plus loin que le Conseil fédéral et ont renoncé à fixer un délai pour la fermeture des centrales atomiques.
Pour Christoph Blocher, on est toutefois face à un «péché capital». La stratégie vise à passer d'un marché qui fonctionne bien à une économie planifiée digne de l'URSS ou de la RDA. «On va gagner cette votation, je vous le garantis», a-t-il lancé.
Et d'affirmer que plusieurs groupes d'intérêts ont été «achetés» au cours des débats via les subventions à l'hydraulique et aux petits producteurs et les allègements fiscaux pour les propriétaires immobiliers et les grands groupes industriels.
Fini les vacances
Parce qu'ils ne peuvent pas profiter d'un marché de l'électricité entièrement libéralisé, les ménages et les PME feront les frais d'un projet qui ouvre la voie à une multiplication de taxes. L'UDC a déjà avancé la facture: au minimum 3200 francs de plus par an pour une famille de quatre personnes et 200 milliards en tout pour les consommateurs et les contribuables.
«3200 francs, c'est énorme», a souligné Albert Rösti. C'est plus qu'en demi-salaire mensuel. Pour compenser, il faudra renoncer aux vacances. Selon Casimir Platzer, l'hôtellerie et la restauration seront quant à elles encore moins bien armées pour affronter la concurrence étrangère.
Les calculs de l'UDC incluent toutefois des mesures présentées par le Conseil fédéral mais pas encore décidées par le Parlement comme la deuxième phase de la stratégie énergétique consacrée aux taxes.
Lourd et inefficace
Pour ses opposants, la stratégie énergétique est en outre une lourde et inefficace machine à subventionner à coups de milliards l'énergie solaire et éolienne. Sans que l'on puisse compenser en 2035 la production des centrales nucléaires et donc exclure une forte dépendance de l'étranger et un recours aux énergies fossiles par exemple avec des centrales à gaz.
La question de la construction de nouvelles centrales nucléaires reste ouverte. Benoît Genecand n'a pas d'opinion définitive. Pour Albert Rösti, on ne peut pas poser un interdit à ce stade sans savoir quelle sera la meilleure technologie lorsque les centrales actuelles seront débranchées.