Série«Succession» ne loupe pas sa sortie
La quatrième et dernière saison de cette série shakespearienne s’achève sur un final au délicieux goût amer.

- par
- Jean-Charles Canet

Logan Roy (Brian Cox, au centre) et ses proches.
Quatre saisons de 10 épisodes (à l’exception de la troisième qui n’en comporte que 9), «Succession, c’est fini. Les très dangereux guignols d’un capitalisme malade ont joué leurs dernières cartes lundi soir sur la RTS dans un final totalement satisfaisant, ce qui est suffisamment rare pour être salué.
De l’ensemble, on retient un générique entêtant, un premier épisode ça passe ou ça casse (le patron de Waystar, un groupe médiatique vieillissant mais encore tout-puissant, fait un malaise), une distribution quatre étoiles, dont Brian Cox (le patriarche, un ogre), Kieran Culkin et Jeremy Strong (deux de ses trois fils) et Sarah Snook (sa fille) et, enfin, une mise en scène axée sur un faux pris sur le vif avec recadrages et petits zooms intempestifs. On retient aussi quatre lignes narratives (une par saison) de qualité constante et des dialogues acérés comme une lame de couteau texan.
Pas d’amour en héritage
Dans la dernière saison, marqué par un énorme coup de théâtre dès l’épisode quatre, l’avenir du groupe Waystar est en jeu. La question de l’héritage est toujours irrésolue et le suspense reste entier jusque vers les toutes dernières minutes de ce drame cruel aux accents shakespeariens.
La série nous laisse en bouche un petit goût amer (délicieux) et un drôle de sentiment de culpabilité: comment a-t-on pu aimer à ce point des personnages aussi ignobles, aussi névrosés et aussi irresponsables? C’est la grande réussite de la série: avoir dépeint des maudits puissamment incarnés.
Rien ne leur sera pardonné, si ce n’est le plaisir de les voir ainsi donnés en pâture dans leur cage dorée autour de laquelle s’agite un nombre incalculable d’employés, de serviteurs, de sans nom. C’est le ballet du petit personnel sur lequel les pitoyables héros de cette histoire ne daignent jamais jeter le moindre regard.