Echanges économiquesSuisse-Iran: l'accord demande du temps
Les entreprises suisses sont intéressées par le marché iranien.

La table préparée à Téhéran pour la rencontre entre le président iranien et Johann Schneider-Ammann.
Nouer des contacts et établir des relations commerciales prend du temps. Et les sanctions mises en place par les Etats-Unis restent un obstacle au financement.
L'accord sur le programme nucléaire iranien signé le 14 juillet 2015 ouvrait la voie à une levée des sanctions contre le pays. La Suisse levait effectivement les siennes il y a près de six mois, le 17 janvier dernier.
Les milieux politiques et économiques suisses se promettaient beaucoup de ce nouveau marché de quelque 80 millions d'habitants: un mois après la levée des sanctions, le président de la Confédération Johann Schneider-Ammann emmenait en Iran une délégation d'une quarantaine de personnes issues de l'économie et de la science.
En juin, les représentants des deux pays se rencontraient pour la première fois dans le cadre d'un dialogue économique à Berne. L'échange doit approfondir les relations économiques bilatérales et surmonter les défis que représente le financement des échanges. La prochaine ronde de discussions est prévue dans l'année qui vient à Téhéran.
Sanctions américaines
Malgré l'intérêt suscité, il est encore trop tôt, pour la plupart des entreprises, pour annoncer des résultats concrets.
Les expériences des membres de Swissmem ont montré que la remise en oeuvre de relations commerciales demande du temps et de la patience, explique par exemple le porte-parole de la faîtière de l'industrie suisse des machines, des équipements électriques et des métaux (MEM) Ivo Zimmermann. «Cela vaut avant tout pour le commerce des biens d'équipement», précise-t-il.
L'intérêt pour des relations commerciales est là en Iran, mais les moyens sont actuellement limités par les bas prix du pétrole. Les sanctions américaines, toujours valables, viennent encore compliquer les choses, rendant pénible le financement des affaires, ajoute M. Zimmermann. Par crainte de mesures prises par les Etats-Unis, les banques d'affaires suisses restent pour l'heure dans l'expectative.
Le gouvernement de Téhéran a déploré ces relations manquantes avec les banques européennes à plusieurs reprises. Une commande iranienne de 118 Airbus reste par exemple gelée en l'absence de clarté concernant possibilités de financement. Les Etats-Unis, l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne ont garanti en mai aux entreprises et aux banques d'amener plus de clarté sur l'admissibilité des affaires avec l'Iran.
Recherche de partenaires d'affaires
Dans un sondage mené par l'organisation Switzerland Global Enterprise (S-GE), près d'une PME suisse sur quatre (24%) a déclaré qu'elle s'intéressait au marché iranien en 2016. La majorité des firmes interrogées demande à l'organisation de trouver des partenaires en Iran, explique Suhail El Obeid, conseiller pour le marché iranien.
Sur les foires iraniennes, l'organisation a jusqu'ici organisé trois pavillons pour les PME helvétiques. «Nous leur conseillons de préparer rigoureusement leur entrée sur le marché et de ne pas en sous-estimer la complexité», affirme Suhail El Obeid.
Des partenaires de distribution sûrs sont nécessaires et il y a beaucoup d'obstacles à franchir, par exemple à cause des exigences réglementaires ou des différences culturelles.
La chambre de commerce irano-suisse a confirmé en juin que la société genevoise Welding Engineers avait décroché le premier contrat dans la pétrochimie en Iran depuis la levée des sanctions. Cette société d'ingénierie assistera une entreprise nouvellement créée pour la fabrication de caoutchouc.
ABB, Roche et Novartis
ABB a commencé à étudier dès janvier les possibilités commerciales offertes en Iran, a indiqué un porte-parole du géant zurichois de l'électrotechnique. La branche pharmaceutique met aussi le pied dans la porte.
Novartis a ainsi conclu un accord avec une entreprise du pays pour la distribution et la fabrication locale. «Nous restons ouverts pour d'autres possibilités qui soient en accord avec les lois et règles en vigueur», indique un porte-parole du groupe bâlois.
Roche, présent depuis 2004 en Iran, s'attend à un développement du marché pharmaceutique dans le pays. Il est cependant trop tôt pour se prononcer spécifiquement sur les répercussions à venir sur les activités de l'entreprise sur place, selon une porte-parole. La division Pharma de Roche compte 35 collaborateurs en Iran, la division Diagnostics une vingtaine.
La compagnie aérienne Swiss ne prévoit pour l'heure pas de vols directs vers l'Iran et renvoie à des liaisons à partir de Francfort et Vienne. Une compagnie iranienne aurait besoin de l'autorisation des autorités helvétiques pour desservir la Suisse. Une telle requête n'a pas encore été déposée, selon l'Office fédéral de l'aviation civile.