Football: Suisse-Qatar: on a aimé, on a moins aimé

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FootballSuisse-Qatar: on a aimé, on a moins aimé

Dans les satisfactions, Yvon Mvogo. Dans les déceptions, à peu près tout le reste.

par
Tim Guillemin
Lugano
Yvon Mvogo a réussi plusieurs arrêts de grande classe contre le Qatar.

Yvon Mvogo a réussi plusieurs arrêts de grande classe contre le Qatar.

Keystone

On a aimé

Le match et l'attitude d'Yvon Mvogo

Le seul Suisse à la hauteur ce mercredi était le gardien fribourgeois. Il a été bon pendant le match, mais aussi après devant les médias. Il a parlé franchement, expliquant qu'il n'avait pas reconnu l'équipe de Suisse. Il a également admis que certains de ses coéquipiers avaient sous-estimé l'adversaire. De la part d'un joueur comptant deux sélections, c'était plutôt osé, mais ses deux rencontres en Islande et face au Qatar lui ont accordé une certaine légitimité. La preuve aussi qu'il est en train de se faire une place dans le groupe. Bref, côté joueurs, Yvon Mvogo est la seule satisfaction de ce mercredi soir.

Le focus immédiat sur le match de la Belgique

Le quotidien d'un joueur de football est ainsi fait qu'il passe immédiatement à autre chose. Est-ce une nouvelle preuve de manque d'implication que d'évacuer aussi vite ce revers humiliant face au Qatar? Toujours est-il que cette défaite a probablement plus marqué les esprits chez les supporters et les suiveurs de l'équipe qu'au sein des joueurs, qui se sont tout de suite concentrés sur le match de la Belgique. Tant mieux, d'un côté, de rejouer quatre jours après. La Suisse a l'occasion d'évacuer très vite ce mauvais souvenir.

La perspective du match retour

Ce match face au Qatar en plein mois de novembre ne servait pas à grand-chose. Vladimir Petkovic avait d'ailleurs plutôt tendance à se priver de matches amicaux ces dernières années, sauf quand la situation l'exigeait vraiment. Par exemple sur synthétique face à la Biélorussie en juin 2017 avant d'aller défier les Féroé chez elles sur cette même surface. Mais là, jouer face au Qatar sur un terrain infect avec une série de blessés, alors que les organismes sont déjà fatigués et la tête des joueurs occupée à penser à des échéances importantes en club, avait tout d'une mauvaise idée. Ce qu'a confirmé le résultat et l'attitude des cadres, d'ailleurs. En fait, le seul bienfait de cette rencontre est d'avoir été l'objet de négociations en vue d'un match retour au Qatar avant la Coupe du monde 2022. Les Qataris étaient demandeurs et il y a fort à parier qu'ils reçoivent très bien l'équipe de Suisse. L'enjeu sera important pour eux dans la guerre d'image qui les oppose aux Saoudiens. Recevoir l'équipe du pays où siège la FIFA ne peut pas être neutre, surtout que la Suisse, malgré le revers de mercredi, reste une équipe habituée aux phases finales des grands tournois. Et donc un adversaire de bon niveau, y compris pour l'image.

Akram Afif

Quel joueur! A 21 ans, l'attaquant d'Al Sadd dispose d'un sacré potentiel, qu'il a déjà laissé transparaître sur les pelouses européennes. Il a en effet été formé en partie au FC Séville et à Villarrreal, avant de jouer en pro à Eupen (Belgique) et au Sporting Gijon. De retour à Al Sadd depui le début de l'année (prêté par Villarreal), il a fait très forte impression sur la pelouse pourrie du Cornaredo. Il s'est créé trois occasions, a marqué une fois. Costaud. Un nom à suivre, surtout que comme nous l'a fait remarquer un toujours très avisé collègue, Afif à l'envers s'écrit FIFA. Etonnant, non?

On a moins aimé

L'état d'esprit général

D'accord, il y avait 4170 spectateurs, le terrain était mauvais… Toutes les excuses du monde sont possibles, mais il s'agissait tout de même d'un match international, lors duquel les cadres sont censés donner l'exemple. Or, le manque de motivation a été flagrant, en tout cas en première mi-temps. Dommage pour les spectateurs, mais aussi pour ceux se trouvant devant leur télévision. La Suisse ne s'est pas fait une bonne publicité, alors que le minimum aurait sans doute suffi face à un Qatar tout sauf extraordinaire.

Les sifflets du public du Cornaredo

On les comprend, d'un côté. C'est vrai, le spectacle et l'état d'esprit n'ont pas été à la hauteur. Les gens avaient payé leur billet et ils ont été déçus, à juste titre, de ce qu'a montré l'équipe de Suisse. Mais les Tessinois ne doivent pas oublier qu'ils sont très bien servis avec les visites de la Nati, qui vient à Lugano très régulièrement. Pour rappel, la Romandie n'a plus été visitée depuis juin 2017 et un match amical face à la Biélorussie à Neuchâtel. Lugano, lui, a droit aux stages longue durée, à des entraînements régulièrement ouverts au public et à des matches, certes face à des adversaires peu prestigieux. Les sifflets de mercredi soir ne vont peut-être pas donner envie aux dirigeants de l'ASF de revenir.

Les prestations des nouveaux

La défaite ne leur est pas imputable, même si le but qatari aurait pu être évité sans la relance hasardeuse de Léo Lacroix vers Djibril Sow, qui n'a pas bien amorti ce ballon de la 86e. Mais Loris Benito, Léo Lacroix et Christian Fassnacht ne garderont pas un souvenir ému de leur première titularisation avec l'équipe nationale. L'écart entre eux et les titulaires est bien réel et vient confirmer que la «politique d'ouverture» prônée par Vladimir Petkovic pourrait vite se heurter à quelques limites individuelles. La progression du groupe passe peut-être par là, mais elle a coûté cher dans l'immédiat avec cette défaite humiliante.

L'absence de Manuel Akanji

Était-il blessé ou son club de Dortmund éprouvait-il le besoin de le faire souffler? La vérité est sûrement plus proche de la deuxième option et le forfait du défenseur central sera évidemment surtout dommageable contre la Belgique. Akanji est en train de se retaper à Dortmund, tandis que Fabian Schär, en ayant le nez cassé et en étant suspendu contre les Diables Rouges, a participé à ce match contre le Qatar alors qu'il aurait peut-être été plus logique de le laisser lui à disposition de son club, Newcastle United. Le «Mister» ne pouvait cependant pas prévoir que Nico Elvedi et Timm Klose seraient légèrement blessés et indisponibles pour la rencontre de mercredi. En ce qui concerne l'absence de Manuel Akanji, Vladimir Petkovic n'y peut rien, il a surtout été sans doute victime de la pression du Borussia Dortmund, qui découle peut-être de la gestion du «cas» Akanji lors du rassemblement d'octobre, lors duquel le défenseur était monté dans l'avion pour l'Islande, sans pouvoir jouer. Dortmund n'avait pas apprécié.

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