Vote: «Surveiller ceux qui nous surveillent»

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Vote«Surveiller ceux qui nous surveillent»

Après l'acceptation de la loi sur le renseignement, le Préposé valaisan à la protection des données invite les citoyens à se mobiliser pour défendre leur vie privée.

Fabien Feissli
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Fabien Feissli
La lettre type de Sébastien Fanti permet à tout un chacun de connaître les données à son sujet détenues par le Service de renseignement.

La lettre type de Sébastien Fanti permet à tout un chacun de connaître les données à son sujet détenues par le Service de renseignement.

Yvain Genevay

Déçu de l'acceptation de la loi sur le renseignement, Sébastien Fanti invite ses concitoyens à se mobiliser. Le Préposé cantonal valaisan à la protection des données propose donc une lettre type à envoyer au Service de renseignement de la Confédération (SRC). «L'objectif, c'est de leur demander ce qu'ils savent sur nous aujourd'hui pour pouvoir comparer avec les données qu'ils auront accumulées dans 5 ans», explique-t-il tout en se félicitant que la lettre ait déjà été téléchargée des centaines de fois depuis dimanche.

Il craint que le citoyen lambda ne se retrouve dans la base du SRC sans le savoir. «Notre démarche est un garde-fou démocratique. C'est une manière de dire: vous nous surveillez, mais nous vous surveillons aussi.» De manière générale, il conseille de se protéger pour éviter toute surveillance, qu'elle soit étatique ou commerciale. «Il y a plein de citoyens qui, même s'ils n'ont rien à cacher, ne veulent pas qu'on vienne mettre le nez dans leurs affaires et qui vont s'équiper suite à la votation», assure-t-il.

Une tendance qui pourrait poser problème à l'avenir, notamment aux forces de l'ordre. «La police ne pourra plus accéder aussi facilement aux informations dont elle a besoin parce qu'elles seront cryptées», précise-t-il. Raoul Mengis, fondateur de 1-Computer et spécialiste de la sécurité informatique, confirme: «Il y a plein de solutions pour empêcher la Confédération de vous surveiller.» Selon lui, la votation de dimanche va amener davantage d'entreprises et de particuliers à recourir à ses services. «35% de refus, cela montre qu'il y a une inquiétude logique de la part de la population.»

Des solutions bon marché

Pour Raoul Mengis, se protéger ne coûte pas plus cher: «Le plus important, c'est de prendre conscience des risques. Ensuite, il faut se responsabiliser et travailler différemment.» Paul Such, qui a créé l'agence SCRT, dédiée à la sécurité informatique, abonde dans ce sens: «Il y a des solutions bon marché, voire gratuites, comme GNU PG ou Signal, qui permettent de chiffrer vos échanges de bout en bout.»

L'expert souligne la nécessité de trouver un équilibre entre confort d'utilisation et sécurité. «Protéger un e-mail, c'est assez facile. Protéger tout ce que vous faites, cela risque d'être plus compliqué.» Il invite toutefois à ne pas tomber dans la paranoïa: «Tout dépend de l'importance des informations que vous échangez. On fait peur aux gens avec les gouvernements, mais il faudrait aussi s'inquiéter de Facebook et de Google qui nous surveillent depuis des années.»

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