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ViolenceTabassé sous les yeux de ses camarades

Samuel*, 14 ans, a été envoyé à l'hôpital par un camarade du Cycle des Voirets (GE). Choqués, lui et ses parents ont porté plainte. «Le Matin» les a rencontrés.

par
Laurent Grabet
C'est dans la cour du Cycle des Voirets (GE) que le sang a coulé vendredi après-midi.

C'est dans la cour du Cycle des Voirets (GE) que le sang a coulé vendredi après-midi.

Michel Perret

«Si je ne l'avais pas arrêté tout de suite, je crois qu'il m'aurait achevé…» Samuel* a trois points de suture à la tête et sa cuisse gauche a doublé de volume. Vendredi après-midi, ce solide Camerounais de bientôt 15?ans scolarisé en dixième au Cycle d'orientation des Voirets, à Plan-les-Ouates (GE), a été sauvagement agressé dans la cour de son établissement à coups de caillou et de barre de fer, comme le révélait hier GHI.

Debout mais la tête en sang

Les faits se sont déroulés en une grosse minute, à la pause de 15?h?20. Une enquête de la police des mineurs est en cours sur cette affaire que plusieurs élèves rencontrés hier sur place nous ont résumée ainsi: Ricardo*, un élève de 16?ans originaire d'Amérique latine, avec qui Samuel avait eu des mots le matin même, l'attendait dans la cour, assis sur un banc. «Il m'avait fait appeler par un copain et je pensais que c'était pour s'excuser de m'avoir insulté sans raison», nous a raconté Samuel hier. Avant de poursuivre: «Mais quand je me suis approché de lui, il m'a lancé un caillou gros comme le poing à la tête.» Le jeune Camerounais, apprécié de ses camarades et plutôt bon élève, est alors touché. Bien que sonné et en sang, il reste debout. Ricardo lui assène alors un coup de barre de fer à la jambe gauche. Samuel se défend tant bien que mal à coups de poing, malgré le sang lui coulant sur le visage. Lui et ses camarades parviennent à désarmer l'agresseur avant l'intervention des professeurs.

Samuel est conduit illico à l'infirmerie, puis aux HUG. Après un passage dans le bureau du directeur, son agresseur est soumis à une mesure d'éloignement. Ce jeune homme fréquente le Cycle depuis quelques mois. Il y est mal intégré et considéré comme agressif. Il aurait déjà plusieurs bagarres à son actif. Parlant mal le français, il avait été dans un premier temps été scolarisé dans une classe d'accueil avant d'intégrer une classe relais. D'après Samuel et d'autres camarades, il serait membre d'un gang de petites frappes baptisé VLB pour «Vida Loca Brésilia».

Les proches de Samuel que nous avons rencontrés hier à leur domicile, aux Palettes, sont inquiets. Notamment parce que des voisins auraient vu l'agresseur de leur fils traîner dans le quartier. «Cette violence est inadmissible en milieu scolaire. Je viens de déposer une plainte pénale, nous expliquait hier le papa du jeune Camerounais. La Suisse est un Etat de droit et doit le rester. Il faut que l'agresseur de mon fils soit puni sévèrement!»

Exclusion probable

Ricardo sera très probablement exclu de l'établissement pour une durée minimale de deux semaines. La direction générale du Cycle d'orientation, voire le conseil de discipline, en décidera. Mais avant cela, Eric Tamone, directeur de la scolarité à la Direction générale du Cycle, préfère attendre les conclusions de l'enquête. Samuel et Ricardo devraient être entendus par les policiers cette semaine. Pour Eric Tamone, cette agression relève d'une situation individuelle et n'est pas révélatrice d'un problème de violence au Cycle des Voirets. L'établissement, qui a fêté ses 40?ans en 2011 et compte 682 élèves, n'était en effet pas connu jusque-là pour être plus à problème que les autres Cycles du canton.

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