Criminalité: Taire l'origine des malfrats attiserait le ressentiment

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CriminalitéTaire l'origine des malfrats attiserait le ressentiment

La police zurichoise ne précise plus la nationalité des délinquants. Hans-Jürg Käser, président de la Conférence des directeurs cantonaux de justice et police, critique cette décision.

Christine Talos
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Christine Talos
Hans-Jürg Käser préfère continuer d'indiquer l'origine des criminels.

Hans-Jürg Käser préfère continuer d'indiquer l'origine des criminels.

Keystone

La semaine dernière, la police municipale de Zurich annonçait qu'elle ne donnerait plus systématiquement la nationalité des auteurs de délits dans ses communiqués. Pour les autorités, préciser l'origine du délinquant est subjectif, car cela laisse suggérer qu'elle explique l'acte tout en cachant les causes exactes. Mais cette décision, prise après un postulat du PS et des Vert'libéraux adopté en 2015, fâche Hans-Jürg Käser, directeur de la police bernoise et président de la Conférence des directrices et directeurs des départements cantonaux de justice et police. Et il le dit lundi dans les colonnes de la NZZ.

«On réclame de la transparence partout, et ce principe ne devrait pas s'appliquer ici? Cela ne marche pas», critique ce PLR dans une interview accordée à la Neue Zürcher Zeitung. Cette décision contredit également la Conférence des commandants des polices cantonales qui a décidé de recommander de donner la nationalité après un long débat, rappelle-t-il.

Pour Hans-Jürg Käser, «on accroît le ressentiment des gens quand ceux-ci ont le sentiment qu'on leur cache des choses». En indiquant la nationalité des délinquants, «cela ne veut pas dire que tous les étrangers sont des criminels», explique-t-il. Mais les statistiques le montrent: la part des étrangers dans nos prisons est largement supérieure à la moyenne. «Nous devons faire face à cette réalité», souligne-t-il.

«On ne doit pas cacher de telles informations juste parce qu'elles ne correspondant pas à la vision du monde», continue-t-il. Pour lui, en taisant l'origine d'un délinquant, on risque ainsi de déformer la réalité. Et de citer en exemple la pédophilie où les criminels sont le plus souvent suisses. «Il ne faut pas cacher cela non plus», estime-t-il.

Le cas de l'imam biennois

Hans-Jürg Käser évoque également dans la NZZle cas de l'imam biennois Abu Ramadan, qui tenait des propos haineux contre les juifs, les chrétiens et les chiites et qui bénéficiait de l'aide sociale depuis des années dans la commune de Nidau (BE), alors que sa situation était bien connue des autorités.

Selon le directeur de la police bernoise, quelque 23 imams radicaux seraient dans le collimateur du Service de renseignement. Mais il précise quand même: je voudrais souligner qu'il y a de nombreux imams avec qui nous collaborons parfaitement bien. Néanmoins, l'islam radical est un problème à prendre très au sérieux.

Il réclame donc la possibilité de conditionner le droit à l'aide sociale au comportement de ses bénéficiaires. «Si nous n'examinons pas attentivement les dossiers et continuons de donner de l'argent malgré des antécédents radicaux, nous donnons le champ libre à des personnes comme Abu Ramadan».

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