Télévision«The Voice» fait-il vendre?
Les lauréats français, anglais et américains du télé-crochet ne vendent pas de CD. Ne seraient-ils que des chanteurs Kleenex, bons à être jetés après le show?
- par
- Christophe Chanson

Avec 20 000 CD écoulés de «From Mars With Love», son premier album, Stephan Rizon, vainqueur de «The Voice» l'an dernier, a fait un flop. En Angleterre, c'est pire: Leanne Mitchell, lauréate 2012, a dû se contenter d'un single qui ne s'est même pas classé dans le top 40. Pas mieux pour le gagnant de la 2e saison américaine, Jermaine Paul, dont les fans attendent toujours les débuts discographiques alors que son challenger, Dia Frampton, n'a vendu que 10 000 CD. «Le lien entre un gagnant choisi par les téléspectateurs et le succès de son disque n'est pas garanti», affirme Olivier Nusse, patron du label Mercury France qui rêve d'un succès pour le nouveau champion désigné samedi lors de la finale sur TF1.
OUI
Quentin Mosimann, chanteur et DJ, juré du «The Voice» belge, saisons 1 et 2
Les concurrents sont-ils condamnés au flop?
Non, si les jurés et les maisons de disques s'impliquent, ça marche. En Belgique, Roberto Belarosa, gagnant de la première édition, s'est classé premier des téléchargements sur iTunes, devant Mariah Carey. Je l'ai aidé à réaliser son album et cela a payé. D'ailleurs, il défendra les couleurs belges au prochain Concours de l'Eurovision.
Alain Morisod estime que les candidats sont de la chair à émissions.
Bien sûr, nous ne sommes plus dans une époque où il suffit d'avoir du talent pour réussir, mais les télé-crochets ont tout de même révélé Julien Doré, Christophe Willem, Jenifer ou Olivia Ruiz. Il y a de l'espoir.
NON
Alain Morisod, coanimateur des «Coups de cœur» sur RTS Un
Pourquoi les candidats ne vendent-ils pas de disques?
Parce qu'ils chantent bien mais sortent tous du même moule. Ça me fait doucement rigoler quand on voit les jurés prendre un air compassé en disant: «Je n'ai jamais entendu un truc pareil!», alors que dans quelques mois personne ne s'en souviendra. C'est triste, mais les concurrents ne sont que de la chair à émissions.
Les télé-crochets ont tout de même permis de dénicher certains talents.
Deux ou trois, mais avec ce genre de programmes on n'aurait jamais découvert un Renaud ou un Bénabar, et encore moins un Brassens, car ils n'auraient pas été assez formatés. On est dans la génération Kleenex.