Ex-espion empoisonné: Theresa May lance un ultimatum à la Russie

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Ex-espion empoisonnéTheresa May lance un ultimatum à la Russie

La Première ministre a donné jusqu'à mardi à Moscou pour fournir des explications dans l'affaire de l'ancien espion russe empoisonné.

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Selon une enquête indépendante, un haut gradé des services de renseignement militaires russes aurait empoisonné l'ancien espion russe Sergueï Skripal depuis Londres. (Samedi 29 juin 2019)

Selon une enquête indépendante, un haut gradé des services de renseignement militaires russes aurait empoisonné l'ancien espion russe Sergueï Skripal depuis Londres. (Samedi 29 juin 2019)

AFP
L'ancienne maison de Sergueï Skripal, à Salisbury, en cours de décontamination. La Grande-Bretagne a refusé l'accès diplomatique à l'ancien espion à la Russie. (Mardi 5 mars 2019)

L'ancienne maison de Sergueï Skripal, à Salisbury, en cours de décontamination. La Grande-Bretagne a refusé l'accès diplomatique à l'ancien espion à la Russie. (Mardi 5 mars 2019)

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L'Union européenne a sanctionné lundi le chef du renseignement militaire russe (GRU), son adjoint et deux agents, jugés responsables de l'empoisonnement de l'ex-agent double Sergueï Skripa, en gelant leurs avoirs. (Lundi 21 janvier 2019)

L'Union européenne a sanctionné lundi le chef du renseignement militaire russe (GRU), son adjoint et deux agents, jugés responsables de l'empoisonnement de l'ex-agent double Sergueï Skripa, en gelant leurs avoirs. (Lundi 21 janvier 2019)

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La Première ministre britannique Theresa May a estimé lundi «très probable» que la Russie soit «responsable» de l'empoisonnement de l'ex-espion russe Sergueï Skripal et l'a sommée de s'expliquer d'ici mardi soir, des accusations qualifiées de «provocation» par Moscou.

Demande d'explications

«Il est très probable que la Russie soit responsable» de l'empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille Youlia, a déclaré la dirigeante lors d'une intervention en fin d'après-midi devant le parlement britannique, signant une escalade de la tension entre les deux pays.

Moscou a aussitôt réagi en dénonçant une «provocation». «C'est un numéro de cirque à destination du parlement britannique», a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova, citée par les agences de presse.

Sur Facebook, le ministère russe des Affaires étrangères a affirmé que les accusations visaient à «discréditer la Russie», à l'approche de la Coupe du monde de football, dont elle avait remporté l'organisation notamment au dépens du Royaume-Uni.

Soulignant que l'agent innervant utilisé contre le couple était une substance «de qualité militaire» développée par la Russie, Mme May a donné jusqu'à mardi soir à Moscou pour fournir des explications à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).

«En l'absence de réponse crédible, nous en conclurons que cette action constitue un usage illégal de la force par l'État russe contre le Royaume-Uni. Et je reviendrai alors devant la chambre (des Communes) et présenterai l'éventail des mesures que nous prendrons en représailles», a-t-elle averti.

Former Russian spy & his daughter poisoned in Salisbury by "military grade nerve agent of a type developed by Russia" - UK PM Theresa May https://t.co/U4h0vZpow5pic.twitter.com/cDHz6f2wHP— BBC Breaking News (@BBCBreaking) March 12, 2018

Un «jeu très dangereux»

La dirigeante a rappelé que l'empoisonnement, une attaque «aveugle et imprudente», s'inscrivait «dans un contexte bien établi d'agressions menées par l'Etat Russe», mentionnant l'«annexion illégale de la Crimée», les violations «répétées» de l'espace aérien de plusieurs pays européens, des campagnes de cyberespionnage, ainsi que l'«attaque barbare» contre Alexandre Litvinenko, ancien agent secret russe empoisonné au Polonium-210 et mort à Londres en 2006.

Évoquant les sanctions prises contre des ressortissants russes après cette affaire, qui «restent en place», elle s'est dite «prête à prendre des mesures plus importantes». La ministre de l'Intérieur Amber Rudd doit présider mardi à 10H30 (11H30 GMT) une réunion interministérielle de crise Cobra pour faire le point sur l'enquête, selon le ministère.

Interrogé avant l'allocution de Mme May par la BBC sur une éventuelle responsabilité de la Russie, le président Vladimir Poutine a répondu, selon les agences de presse russes : «Tirez les choses au clair de votre côté et après nous en parlerons avec vous».

L'ambassade de Russie à Londres a accusé de son côté le gouvernement britannique de jouer un «jeu très dangereux». Cela «envoie l'enquête sur une piste politique inutile, et porte le risque de graves conséquences à long terme pour nos relations» bilatérales, a déclaré un porte-parole de l'ambassade.

A Washington, la Maison Blanche a dénoncé une attaque «irresponsable» sans toutefois désigner la Russie, tandis que l'Alliance atlantique a jugé l'empoisonnement «très préoccupant pour l'Otan».

Au cours d'un entretien téléphonique avec Theresa May, le président français Emmanuel Macron a fait part de sa «solidarité avec le Royaume-Uni», affirme Downing Street, selon qui les deux dirigeants ont convenu d'«agir de concert avec les alliés» pour répondre au «comportement agressif de la Russie».

Le 4 mars, Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Youlia, 33 ans, ont été découverts empoisonnés sur un banc de la petite ville de Salisbury, en Angleterre. Ils sont dans un état «critique mais stable, en soins intensifs», tandis qu'un policier, également victime de l'agent innervant, est «conscient» et se trouve «dans un état grave mais stable».

Plus dangereux que le sarin

Les agents «Novichok» sont «plus dangereux et plus sophistiqués que le sarin ou le VX», deux autres agents innervants, «et plus difficiles à identifier», a souligné Gary Stephens, professeur de pharmacologie à l'université de Reading (sud de l'Angleterre). Ils causent «un ralentissement du rythme cardiaque et une compression des voies respiratoires, conduisant à une mort par asphyxie».

A Salisbury, une contamination «limitée» a été constatée dans le restaurant Zizzi et dans le Mill Pub, où se sont rendus Sergueï Skripal et sa fille. «Le risque pour le public est faible», a assuré Mme May. Toutefois, des centaines de personnes ayant fréquenté ces lieux le jour ou le lendemain de l'empoisonnement ont été invitées dimanche à laver leurs vêtements et nettoyer sacs à main ou téléphones portables avec des lingettes désinfectantes.

Ces conseils dispensés sept jours après l'incident ont provoqué la consternation. «Ou c'est vraiment vraiment grave ou ça ne l'est pas mais il n'y a pas d'entre-deux», a réagi une habitante de Salisbury, Debbie Power, citée par le Daily Telegraph. Les lieux fréquentés par l'ex-espion restent fermés et encadrés par un cordon de police.

Washington pense Moscou probablement responsable

«Nous faisons toute confiance à l'enquête britannique selon laquelle la Russie est probablement responsable de l'attaque avec un agent innervant qui s'est déroulée à Salisbury la semaine dernière», a expliqué M. Tillerson, chef de la diplomatie américaine. «Nous sommes d'accord sur le fait que les responsables --à la fois ceux qui ont commis le crime et ceux qui l'ont ordonné-- doivent en subir les sérieuses conséquences appropriées», a-t-il poursuivi.

Psychose à Londres

La police londonienne a annoncé lundi l'hospitalisation «par précaution» de deux personnes après la découverte d'un colis suspect au Norman Shaw Buildings, l'un des bâtiments composant le Parlement britannique. Son contenu s'est révélé sans risque après analyse.

(ats/afp/jsa)

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