MotocyclismeThomas Lüthi a tout débranché
Conscient que son erreur de Brno va coûter cher dans son duel avec Alex Marquez, le Bernois a fait le vide en début de semaine. Place au GP d'Autriche.
- par
- JEAN-CLAUDE SCHERTENLEIB
- SPIELBERG (AUT)

«Pendant deux jours et demi, je n'ai rien fait, j'ai tout débranché, je ne voulais plus parler de ce qui s'est passé à Brno. Depuis mercredi après-midi, le travail a repris», a expliqué Thomas Lüthi. Pour beaucoup, le Bernois a commis une faute de débutant en République Tchèque.
Son propre manager personnel, Daniel-M. Epp, avoue même ne pas avoir été surpris: «Il n'arrivait pas à freiner la moto comme il en avait envie depuis le début du week-end. Alors, bien sûr, il aurait pu se contenter de terminer sixième ou huitième, mais ce n'est pas son caractère; comme en Argentine, il en a trop voulu.»

Thomas Lüthi veut oublier le GP de République tchèque du week-end dernier.
Comment expliquer ces soucis, après un début de saison où Tom et son équipier Marcel Schrötter étaient les hommes à battre? «Depuis Jerez et l'arrivée des nouveaux pneus – plus larges -, nous avons rencontré des problèmes. Que l'on me comprenne bien: je ne critique pas du tout les pneus, mais l'adaptation à cette nouvelle donne a été mieux digérée par d'autres. On travaille comme des fous, j'ai entière confiance en mon équipe, en mon chef technicien. Trouver la panacée avec une moto demande du temps, il n'y a jamais de solution miracle, il faut accepter certains compromis; nous y travaillons, on va y arriver!»
Méthode Coué, Monsieur Lüthi? «Dimanche, j'étais triste pour les points perdus, pour l'équipe, mais je suis toujours deuxième du championnat et on a prouvé cette saison qu'on pouvait gagner.»
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LORENZO-DUCATI: INFO? INTOX?
Lancé en Italie, le bruit a fait le tour du paddock, en attendant de conquérir le monde: toujours convalescent après sa chute des essais du GP des Pays-Bas, le plus Tessinois des Espagnols, Jorge Lorenzo, serait sur le point de quitter Honda pour rejoindre le team Pramac-Ducati, où il disposerait l'an prochain d'une Desmosedici 2020, comme les pilotes de l'équipe officielle, Andrea Dovizioso et Danilo Petrucci.
Un bruit renforcé par la situation actuelle – à l'heure où nous écrivons ces lignes – de l'Australien Jack Miller, qui n'a pas encore prolongé son entente avec Pramac: «Mais attention, ce n'est peut-être qu'une question de... minutes», rigole Miller.
Marc Marquez, lui, n'en démord pas: «Ce que je sais? Jorge est encore lié une année avec le team officiel Honda et je suis persuadé qu'il respectera ce contrat.»
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JESKO RAFFIN RÊVE TOUJOURS DE MOTO2
Le GP d'Autriche accueille, dimanche matin, la deuxième course MotoE de l'année. Le Zurichois Jesko Raffin est donc présent du côté de Spielberg et ne cache pas qu'il est toujours demandeur de guidon en Moto2: «Il y a de moins en moins de places à disposition, mais je ne désespère pas de trouver une solution pour revenir à 100% en GP l'an prochain. J'ai quelques contacts, nous négocions.»
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PUZZLE 2020: C'EST LA GRANDE FOIRE EN MOTO2
La folie s'est emparée de la classe Moto2 ces derniers jours. Deux certitudes: le team allemand Kiefer (l'ancien employeur d'Aegerter) et l'équipe italienne Tasca Racing (où Pasini a remplacé Corsi depuis la semaine dernière) ont perdu leurs places en mondial; le team Petronas et l'équipe de Fausto Gresini vont les récupérer.
Et c'est là que survient «la» sensation de la semaine: Alex Marquez quitterait en fin d'année Marc VDS pour rejoindre l'équipe malaisienne pour une saison supplémentaire en Moto2, avant de faire le saut sous les mêmes couleurs en MotoGP! Chez Marc VDS, où Xavi Vierge perdrait sa place, on attend le Britannique Sam Lowes.

Alex Marquez, la sensation de la semaine.
Nicoló Bulega, qui ne défendra plus les couleurs de VR46, aurait trouvé son bonheur chez Gresini; Lorenzo Dalla Porta (2e du classement intermédiaire Moto3) ferait le saut avec Italtrans (à la place de Locatelli?) alors qu'Aron Canet, le leader du Moto3 veut aussi faire le saut, mais exigerait un salaire «digne d'un pilote MotoGP», selon un manager bien informé.
Enfin, KTM ne fournira plus que trois équipes l'an prochain: le team Red Bull Ajo (Jorge Martin et Iker Lecuona), le team Red Bull Tech 3 (Bezzecchi pourrait rester, Oettl sera remplacé) et l'équipe de Jorge Martinez, qui aligne cette année le Britannique Jake Dixon et le très payant Andorran Xavi Cardelus.
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AEGERTER : «JE N'INVESTIS PLUS SANS PROFIT!»
Dans ce grand jeu des chaises musicales, le siège de Dominique Aegerter vacille chaque jour un peu plus: «Après mes bonnes années économiques entre 2011 et 2016, j'ai eu des saisons beaucoup plus difficiles. Mais ce qui s'est passé l'an dernier et ce qui se passe cette année, c'est fini: je n'investirai plus de l'argent et de ma personne sans le moindre profit. D'ailleurs, je n'ai plus d'argent à apporter à un team. Si quelqu'un me voulait, il serait déjà venu, mais je suis conscient que je deviens vieux et que sans résultat, je ne suis plus intéressant.»
Dominique Aegerter a ouvert son cœur à Spielberg: «Mon but, c'est toujours de continuer avec mon équipe actuelle, je ne peux imaginer que le système n'en veut plus l'an prochain; ce week-end, j'essaie ce qui est, je crois, le dixième ou le onzième châssis de l'année, tout le monde travaille beaucoup, mais les résultats ne viennent pas. A Brno, mon meilleur chrono en course était 2,2 secondes moins rapide que celui d'Alex Marquez; il n'y a rien d'autre à ajouter. J'aimerais tellement pouvoir montrer, une fois encore, de quoi je suis capable.»
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DUPASQUIER EN GP: UN WEEK-END DÉCISIF?

Selon nos informations, le Fribourgeois Jason Dupasquier (18 ans) – deux courses de la Rookies Cup au programme de Spielberg, la première samedi, la seconde dimanche, en fin d'après-midi – pourrait recevoir de bonnes nouvelles dans les jours qui viennent.
Daniel-M. Epp, le mentor de Tom Lüthi, se multiplie actuellement pour tenter de lui trouver une équipe en vue du championnat du monde Moto3 2020. Lüthi est persuadé du talent de Jason: «Je sais aussi que je peux beaucoup l'aider parce que, dans certains domaines, il me fait penser... à moi, il y a quelques années.»