cyclismeTour d'Oman - Davide Rebellin, l'inusable vétéran du peloton (MAGAZINE)
Par Yassine KHIRI Mascate, 16 fév 2016 (AFP) - Leader d'équipe et toujours en forme: Davide Rebellin, vétéran du peloton, continue d'épater par sa capacité à encore remporter des courses malgré son âge, 44 ans, même si la réputation de ce spécialiste des classiques peine à se défaire des affaires de dopage de son époque.
L'écart d'âge avec le vainqueur de la 1re étape Bob Jungels (23 ans) a beau presque correspondre à son nombre d'années dans le peloton professionnel, le doyen italien reste néanmoins toujours dans le coup avec encore une excellente 8e place. "J'ai l'impression de courir avec mon fils", témoigne avec le sourire dans un entretien accordé à l'AFP celui qui débute sous le maillot orange de l'équipe polonaise CCC sa 24e saison professionnelle. "Tout le monde me demande comment je fais pour être encore là et faire des résultats. Je dis que j'ai encore beaucoup d'amour pour ce sport", confie le méticuleux Vénétien dans un français très correct, marqué par un léger accent italien. "Je le suis un peu sur les réseaux sociaux et je vois tout ce qu'il met en place au niveau de l'alimentation, des entraînements. Il a l'air d'être un professionnel hors pair", souligne Romain Bardet. Et surtout un redoutable adversaire ! Lauréat en 2015 d'une étape de montagne sur le Tour de Turquie, ou encore de la Coppa Agostini devant le champion d'Italie Vincenzo Nibali, le triple vainqueur de la Flèche Wallonne a montré qu'il avait toujours de bonnes jambes malgré le poids des années. Vainqueur de sept classiques dans sa carrière, dont un retentissant triplé dans les Ardennes en 2004, l'ancien coureur de la Gerolsteiner a fait partie, avec son compatriote Paolo Bettini, des meilleurs spécialistes des courses d'un jour de sa génération. Mais après avoir été contrôlé positif à l'EPO plusieurs mois après les JO de Pékin en 2008, et condamné à 2 ans de suspension, Rebellin a perdu beaucoup plus que sa médaille d'argent. "Cela m'a beaucoup gêné dans mon parcours", explique-t-il, encore très marqué par cet épisode. "Après ma suspension, j'ai repris dans des petites équipes parce que j'avais la porte fermée partout, surtout dans les grandes formations". Car contrairement aux Espagnols Alberto Contador ou Alejandro Valverde, qui ont su rebondir dans les équipes les plus huppées malgré une suspension similaire, la réputation de l'Italien est restée associée aux scandales de dopage les plus sombres de l'histoire récente du cyclisme. Il suffit d'évoquer son nom devant les nouveaux coureurs du circuit pour voir les grimaces s'afficher sur les visages... avant de recueillir les témoignages "d'admiration" de la part de "ses collègues". Déterminé à finir "au plus haut niveau" pour "peut-être la dernière année" de sa carrière alors que son contrat avec CCC se termine en fin de saison, l'Italien entend prouver qu'il est encore capable de remporter de "belles courses". "Finir en gagnant encore une classique, c'est mon rêve", espère Rebellin, qui avoue un petit faible pour "la Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège", même s'il ne sait toujours pas si sa formation, qui ne fait pas partie du WorldTour, va être invitée à y participer. Et quand on lui demande s'il est vraiment sérieux sur ses chances de victoires, tant la concurrence s'est intensifiée ces dernières années, l'Italien répond avec malice et sans provocation: "Dans ma tête, oui bien sûr, je me sens capable. Pourquoi pas !" "Cela va être difficile malgré tout le respect que j'ai pour lui", tempère à l'AFP Rui Costa, le puncheur portugais de la Lampre qui ambitionne de décrocher cette saison la Flèche Wallonne. "Il sera dans les 15 premiers et il faudra compter sur lui", assure Bardet à propos de Liège-Bastogne-Liège. Réponse peut-être en avril prochain. yk/jm/chc