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cyclismeTour de France - Rien ne sert de courir, il faut d'abord s'entraîner (MAGAZINE)

Par Simon VALMARY CALVI (France / Haute-Corse), 01 juil 2013 (AFP) - Si le Tour de France se joue sur les routes de l'Hexagone trois semaines durant au mois de juillet, il commence souvent plusieurs mois, voire plusieurs années, plus tôt avec un entraînement de plus en plus précis.

"Le Tour, ça se prépare dès l'hiver", résume le préparateur physique Frédéric Grappe, une des références de l'entraînement français qui collabore notamment avec l'équipe FDJ.fr. Depuis quelques années, la pratique de l'entraînement, adossée à des études et des données scientifiques en plein essor, a pris une place centrale dans le cyclisme. Au début des années 1980, la science de l'entraînement était quasi-inexistante. La plupart des coureurs s'entraînaient en disputant des courses. "Moi, j'étais un peu précurseur, j'essayais de quantifier mes efforts. Enfin je les estimais avec mes sensations parce qu'on n'avait pas de capteurs puissance, etc...", explique l'ancien champion Charly Mottet, qui courait dans les années 1980 et au début des années 1990. "Je notais dans un carnet mes sensations, mes résultats, mes charges de travail avec des codes couleur... Ensuite, j'envoyais les données au médecin par minitel. Aujourd'hui, ça fait rire mais à l'époque c'était moderne", raconte-t-il. Avec l'arrivée des tests de détection d'EPO, l'entraînement a pris une place prépondérante. Aujourd'hui, grâce aux capteurs de puissance, de fréquence cardiaque, de fréquence de pédalage, de température etc, les préparateurs physiques enregistrent et dissèquent toute une batterie de données, dressent les profils physiologiques de leurs coureurs, étudient l'évolution de performances... Les programmes de préparation sont élaborés en conséquence dès l'hiver afin d'étaler plages de travail, de courses et de récupération. "On ne fait pas forcément des grosses charges de travail (l'hiver), on recherche plus des aspects plus techniques, on travaille sur des sports annexes... Avec 12 semaines de travail bien conduit, c'est-à-dire trois mois, on peut arriver en forme", explique Grappe. Courir ou s'entraîner ? "A trop courir, on s'écrase, ajoute-t-il. Au lieu de développer certaines qualités, avec la fatigue on ne les développe plus. Il faut ressortir de la course pour se rafraîchir, retravailler. Pour un leader, il faut 30-35 jours de course environ". "Insuffisant", rétorque Mottet, qui prône une soixantaine de jours de course. "C'est un conflit entre les scientifiques et les pratiquants. On a beau avoir le meilleur entraînement, il y a des efforts qu'on ne peut faire qu'en course: des déclenchements psychologiques quand tout le monde est dans le dur , quand on n'a plus à boire, qu'on est tombé, apprendre à frotter, à se placer, les situations extrêmes... Le Tour de France, c'est des situations de crise tous les jours", estime-t-il. La course est le rodage ultime, tant individuel que collectif. "On n'a plus le droit d'arriver sur une course de préparation, une course d'une semaine, à 80% de son potentiel sinon on subit", souligne Grappe, pas étonné des résultats cette saison du grand favori du Tour 2013 Chris Froome, vainqueur aussi bien à Oman en février, qu'au au Criterium international fin mars, au Tour de Romandie fin avril puis au Dauphiné début juin. "Dès le début de saison, les athlètes évoluent à 90%-95% de leur potentiel maximal. Avoir des performances stables relativement élevées sur des courses par étapes d'une semaine, ça ne me choque pas. C'est quelque part rassurant. Des coureurs avec des gros écarts de performances, là c'est inquiétant", estime-t-il. L'équipe britannique Sky a érigé l'entraînement en mécanique de précision. "Mais ils n'ont rien inventé, tempère Grappe. Ils ont d'abord recruté de très bons athlètes, des gros moteurs. Ils ont aussi récupéré tout ce qui a été écrit au niveau scientifique et ils le mettent en place sur le terrain. Le cyclisme est un sport jeune chez eux, ils sont partis de zéro, c'est plus facile de mettre des choses en place". "Mais regardez leur réussite sur les classiques, note-t-il. C'est un modèle qui ne marche pas sur les classiques mais qui marche sur les Grands Tours. Selon les modèles qu'on a, les performances de Froome et de Wiggins (l'an dernier) sont au maximum de ce qu'on peut faire. On ne peut pas aller plus vite. Enfin, j'espère..." sva/nip

(AFP)

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