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RugbyTournoi - Le rugby gallois en pleine crise existentielle (PAPIER D'ANGLE)

Par François BONTOUX LONDRES, 5 fév 2013 (AFP) - Les déboires sportifs du Pays de Galles, battu huit fois d'affilée avant d'affronter la France samedi, viennent se greffer à la crise existentielle d'un rugby menacé par l'exil de ses meilleurs joueurs sur fond de difficultés économiques et de discorde interne.

Le Millennium Stadium de Cardiff et tout un pays fou de rugby ont explosé de joie après la victoire sur les Bleus (16-9) le 17 mars 2012, mais le onzième Grand Chelem gallois dans le Tournoi des six nations cachait en réalité une situation préoccupante. Le symptôme le plus frappant du marasme est l'exode des stars du XV du Poireau vers l'étranger, et tout particulièrement vers la France. Après Lee Byrne (Clermont), Mike Phillips (Bayonne), Aled Brew (Biarritz), James Hook, Luke Charteris (Perpignan) et Gethin Jenkins (Toulon, appelé à retourner à Cardiff), ce sont Dan Lydiate et Jamie Roberts qui sont annoncés au Racing-Métro pour la saison prochaine. La raison principale de cette émigration est économique, comme l'avait expliqué sans détour Lee Byrne l'an passé. "C'est avant tout une question d'argent", avait admis l'arrière, précisant qu'il avait lui-même doublé son salaire en venant en Auvergne. La perte des talents met au désespoir les dirigeants et les entraîneurs gallois, qui ont l'impression de ne pas lutter à armes égales. "On ne peut pas gagner la Coupe d'Europe quand on a moins d'argent que tous les autres", s'est ainsi plaint Jonathan Humphreys, l'entraîneur des avants des Ospreys, après l'échec de son équipe. Cette année, ni les Ospreys, ni les Scarlets, ni les Cardiff Blues n'ont réussi à se qualifier pour les quarts de finale. La quatrième région galloise, les Newport-Gwent Dragons, a échoué de la même façon en Challenge européen. Depuis cette saison, les régions galloises sont soumises à un plafond salarial de 3,5 millions de livres chacune (4 millions d'euros), destiné à assainir une situation économique jugée "non viable" dans un rapport indépendant commandé par la Fédération galloise (WRU) en 2012. Du point de vue financier, cette politique semble porter ses fruits, si l'on en croit le directeur général des Ospreys Andrew Hore. Le dirigeant a affirmé récemment au journal The Western Mail que le déficit de sa région serait limité à 100.000 livres cette saison, contre 1,4 million lors les deux exercices précédents. Mais ces restrictions rendent plus que probable la poursuite de la fuite des meilleurs joueurs, faiblement intimidés par les menaces du sélectionneur Warren Gatland, qui avait envisagé à une époque de ne plus sélectionner les exilés. Alors que la crise économique frappe durement le Pays de Galles, les mécènes et les sponsors sont de moins en moins généreux, d'autant que les progrès du football grignotent la suprématie traditionnelle du rugby. Le club de Swansea a été promu en Premier League anglaise il y a deux ans et pourrait être rejoint par Cardiff, largement en tête de la deuxième division. Pour éviter l'éparpillement de ressources en diminution, certains envisagent la disparition d'une des quatre régions, la victime désignée étant Newport. "Je ne veux effrayer personne, mais il faudra peut-être revoir la carte du rugby gallois", a déclaré le président du Rugby régional gallois, Stuart Gallacher. D'autres, à l'image de sélectionneur par intérim Rob Howley, souhaitent que le Pays de Galles s'inspire de l'Irlande, où les internationaux sont sous contrat avec la Fédération. Mais une telle politique ne peut naître que d'un consensus qui n'existe pas actuellement. Ainsi cet automne, les régions ont rejeté une proposition allant dans ce sens. fbx/jmt/we

(AFP)

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