MotocyclismeTous pour «Pecco», qui avec Fabio?
Même si les chiffres disent (encore) le contraire, le championnat du monde est relancé après le GP de Grande-Bretagne. Car l’armada Ducati est de plus en plus menaçante.
- par
- Jean-Claude Schertenleib

Notre journaliste spécialisé Jean-Claude Schertenleib vous dit tout sur la MotoGP.
49 points d’écart alors qu’il en reste 200 en jeu: logiquement, parce que mathématiquement, Francesco «Pecco» Bagnaia ne doit pas être capable de revenir sur Fabio Quartararo d’ici la fin du championnat. Ce d’autant plus lorsque l’on sait que l’écart entre le vainqueur d’une course et son premier dauphin n’est que de cinq points, qu’il n’est que de neuf entre le triomphateur et le troisième homme sur le podium.

Le pilote de Yamaha Fabio Quartararo semble inatteignable dans la course au titre.
En tenant compte de cette réalité-là, même si le pilote Ducati, qui vient de gagner les deux derniers GP en date, s’imposait à chaque course, y compris la finale de Valence et que le champion en titre terminait chaque fois deuxième, c’est bien le Français qui serait une nouvelle fois l’heureux élu. Heureusement pour le spectacle, dommage pour Quartararo, la course ne sera jamais une science exacte et dimanche soir, dans le paddock de Silverstone, la tendance penchait à nouveau du côté des «rouge» de Ducati, malgré les quatre zéros de Bagnaia depuis le début de la saison (trois fautes de sa part, l’Italien a été victime de l’erreur de Nakagami dans le premier virage du GP de Catalogne).
Ducati: avantage du terrain

Le pilote italien de Ducati, Francesco Bagnaia.
Premier élément à prendre en compte: les circuits restant au programme 2022. Le Red Bull Ring de Spielberg est historiquement un terrain Ducati (Martin y avait gagné la première des deux courses l’an dernier, Bagnaia s’était classé deuxième de la seconde, le jour où Brad Binder (KTM) avait réinventé le pilotage en slicks sur piste détrempée).
Misano, ensuite: Pecco y a battu Quartararo il y a douze mois. Aragón? Souvenez-vous du 12 septembre 2021 et du formidable duel qui avait opposé Bagnaia à Marc Márquez (eh oui...) et qui s’était terminé à l’avantage, là encore, du pilote italien. La finale de Valencia? Pas de discussion: en 2021, Bagnaia s’y était imposé en tête d’un tiercé Ducati! Voilà pour les quatre étapes européennes.
Quid des quatre courses outre-mer du mois d’octobre? Covid oblige, il faut revenir à 2019 pour y retrouver des repères et 2019, c’est déjà très loin dans le temps puisqu’à cette époque, Marc Márquez était tellement présent qu’il s’était imposé aussi bien en Thaïlande, au Japon et en Australie, avant de terminer deuxième en Malaisie. En Australie, Honda avait même signé le doublé (Crutchlow deuxième): quand on vous disait qu’il s’agissait d’une autre époque!
… et avantage du nombre
Plus important encore que les spécificités des différents circuits qui nous attendent, la comparaison des forces en présence. Et là, il n’y a pas photo, puisqu’on retrouve huit Ducati contre une Yamaha. Une seule, celle de Quartararo, puisque Morbidelli ne lui est d’aucune aide, que Dovizioso a encore deux courses à son programme avant la retraite et son remplacement par Cal Crutchlow et que Darryn Binder, tout appliqué qu’il soit, a encore beaucoup à apprendre.
Chez Ducati, c’est tout le contraire: Jack Miller est un parfait garde du corps et de l’âme – Mister Jack a répondu sèchement à un confrère britannique, jeudi dernier, alors que celui-ci revenait sur la gaffe de Bagnaia à Ibiza, lorsqu’il y avait été victime d’une sortie de route en état d’ébriété pendant les vacances – de Bagnaia.
Même s’ils jouent entre eux le second guidon d’usine, Enea Bastianini et Jorge Martin ne tenteront pas l’impossible face au numéro 1 de la marque, alors que Johann Zarco, Marco Bezzecchi et Luca Marini (attention à eux deux, à Misano!) peuvent chaque dimanche espérer se placer devant Quartararo. Message compris? A chaque prochaine victoire de Bagnaia, le champion du monde en titre ne sera pas forcément deuxième, ce d’autant plus qu’outre l’armada Ducati, Quartararo sait parfaitement que les deux Aprilia d’Aleix Espargaró et de Maverick Viñales sont des candidates sérieuses pour les podiums. Les chiffres disent peut-être encore le contraire, mais le championnat est bel et bien relancé.