Jura bernoisTout un village pleure les 50 veaux brûlés
Un incendie attisé par un fort vent a détruit une ferme, à Cortébert.

- par
- Vincent Donzé
Les vaches ont été sauvées, pas les veaux: la tristesse était grande vendredi à Cortébert, un village de 700 habitants qui a perdu sa plus grande ferme, ravagée par un incendie. Un sinistre cruel pour une fratrie de quatre enfants qui ont perdu leur père beaucoup trop tôt, il y a quatre ans, et qui en quelques minutes ont vu les flammes détruire leur logement et leur gagne-pain.
Dans le haut du village, sur le versant nord, la ferme a entièrement brûlé. C’est le cadet de 15 ans qui a été réveillé par du bruit, dans une chambre qui n’était pas rénovée comme les autres. Son frère et sa sœur avec lui, ils ont pu sortir d’eux-mêmes de la partie habitable de la ferme.
Mur de fumée
La grande sœur absente, c’est l’aîné de 21 ans qui a permis aux vaches de s’échapper, en se brûlant à une main et à une oreille. Mais quand il a voulu retourner à l’écurie pour sauver les veaux prisonniers de leurs box, il s’est heurté à un mur de fumée, tout comme les pompiers. Bilan: 70 vaches sauvées, 50 veaux tués.
L’alarme a été donnée peu avant 0 h 50. Quatre minutes après l’alerte, les pompiers se sont trouvés face à un brasier. Les pompiers de Centre-Vallon se sont immédiatement déployés avec ceux d’Erguël et ceux de Bienne, professionnels. Tout a été détruit, sauf la maison des grands-parents, située en amont.
«Ça flambait de partout»
«De ma fenêtre, j’ai vu un immense brasier», témoigne le maire Manfred Bühler, ancien conseille national. «Ça flambait de partout, ça m’a retournée», dit une voisine. «Ma fille et mon beau-fils ont couru derrière les vaches au pâturage», rapporte une retraitée.
Rencontré vendredi après midi, 16 heures après le début de l’incendie, le commandant Marco Valsangiacomo n’avait pas fermé l’œil de la nuit. «Le vent soufflait les braises à l’horizontale», glissait-il devant une épaisse fumée blanche qui dans le ciel, se mêlait aux nappes de brouillard.
Jusqu’à Malleray
Une solution d’hébergement en collaboration avec la commune et des voisins a été trouvée. Les vaches ont été placées au village, mais aussi ailleurs, dans diverses exploitations, jusqu’à Malleray. Le maire Manfred Bühler s’est tenu toute la nuit à côté des pompiers.
Le soir, il est revenu s’entretenir avec le commandant des pompiers. «Tout le village est meurtri. Un compte a été ouvert en faveur des sinistrés», indique Manfred Bühler, en qualifiant le sinistre de «triste et dramatique».
Par leur nom
La plaie est matérielle, bien sûr, mais aussi affective. «Un paysan aime son bétail. Il connaît les veaux par leur nom, sait qui est sa mère à l’heure de la traite», commente Manfred Bühler.
L’incendie semble avoir éclaté dans la partie agricole avant de s’étendre à la maison d’habitation. Seule certitude: le feu n’a pas pris dans le local de chauffage: les copeaux n’ont pas brûlé. «Est-ce que c’est le foin? Normalement, il est bien sec, sorti du séchoir?» se demande une voisine agricultrice