TabouTreize sportives osent parler de leurs règles
Fatigues, douleurs, coups de blues. Les menstruations ont un impact considérable sur la performance mais c'est comme si elles n'existaient pas. Après avoir longtemps souffert en silence, des athlètes romandes ont accepté de témoigner.
- par
- Ugo Curty

Il s'agit ici de reconnaître un processus mensuel qui concerne des milliards d'êtres humains depuis des millions d'années.
Les ragnagnas, le moment des torpilles, l'Armée rouge, la visite de Michel ou les jours des mûres framboises. À travers le monde, les expressions détournées ne manquent pas pour évoquer… les règles féminines. Des Pays-Bas à la Finlande, en passant par la Russie et le Québec, ces métaphores plus ou moins élégantes permettent d'éviter de parler frontalement d'un sujet à la fois omniprésent dans notre société et soigneusement glissé sous le tapis depuis des siècles.
Les menstruations représentent l'un des derniers tabous du sport, où la plupart des sujets ont déjà été disséqués sous toutes les coutures. Quelques courageux ont même osé évoquer (du bout des lèvres) leur homosexualité. Les règles résistent encore. Par pudeur, par prudence, par ignorance surtout, à l'heure où la majorité des journalistes sportifs sont des hommes. «Ça passe mieux si j'explique un match raté par un rhume, illustre la footballeuse Sandrine Mauron, milieu de terrain du FC Zurich et internationale suisse. Si je dis que je suis passée à côté à cause de mes règles, on va répondre que je me trouve des excuses.»
Besoin de parler
Quelques sportives ont osé franchir le pas récemment. Aux JO 2016, la nageuse chinoise Fu Yuanhui a pétrifié la journaliste de la télévision étatique en expliquant en direct après sa course: «Je tiens à m'excuser auprès de mes coéquipières [du relais]. Mes règles ont commencé cette nuit, donc je me sens particulièrement fatiguée.» Malaise assuré, et pas seulement en Chine où le tampon tient encore de l'anomalie.
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