Football: Trois coups de tête en pleine face

Peter Zeidler voulait que son équipe presse haut et enflamme Tourbillon à chaque possession de balle. Paolo Tramezzani et sa défense à trois devaient frapper fort en contre, avec des attaquants efficaces. Gabri a tenté d'importer le dogme barcelonais, fait de redoublements de passes. Maurizio Jacobacci, lui, était plus «classique» dans son approche, s'adaptant à l'adversaire, mais cherchant aussi à produire du jeu. Aucun de ces techniciens n'a pu s'inscrire dans la durée et à chaque fois, Sion a dû recommencer à zéro, sans aucune ligne directrice venant de sa direction sportive, si ce n'est celle de réaliser des plus-values sur les transferts, ce qui n'est déjà pas si mal.

La philosophie des Constantin est efficace économiquement, ce qui est un compliment autant qu'une nécessité. Ce qui est un peu plus embêtant, c'est que sportivement, cette stratégie ne permet aucune vision à long terme, surtout lorsqu'elle s'accompagne d'un changement de système tactique lors de chaque licenciement d'entraîneur.

Depuis son arrivée, Murat Yakin (cinq points en six matches) n'a gagné qu'une fois, à Lucerne. Insuffisant, surtout que le collectif n'a pas progressé d'un centimètre depuis l'éviction de Maurizio Jacobacci. En fait, pour l'instant, Murat Yakin a prouvé que son équipe savait être dominée et frapper en contre, ce qui est un projet de jeu comme un autre. A Lucerne, il a gagné ainsi: sept joueurs au profil défensif et trois avions de chasse en attaque.

Hier à Berne, le «verrou» a encore été resserré d'un cran: Sion est arrivé disposé en 4-1-4-1 avec Alex Song en sentinelle d'un milieu à quatre composé de bons soldats au profil défensif et le seul Jared Khasa en pointe. Une tactique nommée béton qui lui a permis de mener jusqu'à la 87e en ayant le ballon à peu près 25% du temps en deuxième période. Elle a donc failli être payante, même s'il est juste de souligner que Sion a eu énormément de chance jusqu'à cette fameuse 87e et que la défaite est tout sauf imméritée, les trois coups de tête de Guillaume Hoarau, Roger Assalé et Sékou Sanogo venant sanctionner une défense trop laxiste, ce qui est un comble pour une équipe qui n'a pas cherché à attaquer de toute la rencontre.

Il ne faut pas cependant juger Murat Yakin sur le match d'hier et ces trois points qui lui ont échappé dans les derniers instants. Aller défendre sur le terrain du champion n'a rien d'infamant, bien au contraire. Mais l'avenir proche dira si le projet de jeu du technicien s'arrête à défendre à dix ou s'il est amené à produire un peu plus de jeu, surtout à Tourbillon.

Si Murat Yakin en est à poser les bases et qu'il commence par la défense, d'accord. Si son but est de ne pas en prendre durant toute la saison, il risque rapidement d'avoir des problèmes, y compris sur le plan comptable.