Conseil d'Etat vaudoisUDC-Vert'libéraux, une alliance qui fait débat
Le conseiller d'Etat socialiste Pierre-Yves Maillard évoque la «fin d'une décennie de rapports équilibrés entre la gauche et la droite».

Isabelle Chevalley est congratulée par Jacques Nicolet lors de l'assemblée générale du Parti vert libéral vaudois.
L'alliance entre l'UDC et les Vert'libéraux (PVL) pour le deuxième tour de la course au Conseil d'Etat vaudois est une première suisse. La direction du PVL y voit une opportunité unique de remporter un siège au gouvernement. La gauche affiche son incompréhension.
«Nous sommes un petit parti. Seuls, nous n'y arriverons pas, nous avons besoin d'alliances», a dit le président des Vert'libéraux Martin Bäumle. Avec cette occasion, le PVL a une chance de placer Isabelle Chevalley au Conseil d'Etat. «Nous ne faisons pas alliance avec l'UDC seule, mais avec les partis de centre-droite», poursuit le conseiller national zurichois. C'est une association d'intérêt, valable uniquement pour cette campagne. Il s'agit donc d'une situation unique.
Martin Bäumle n'exclut pas qu'elle puisse se reproduire à l'avenir dans d'autres élections. «Mais de telles alliances doivent être concrètes et avoir un but spécifique.»
Pas question en tout cas de peindre le diable sur la muraille. Les critiques sur une alliance contre nature avec un parti, l'UDC, opposé à la stratégie énergétique, pourtant un thème central des Vert'libéraux, ne perturbent pas le président. «Au contraire, Isabelle Chevalley peut positionner les Vert'libéraux jusqu'au 21 mai aussi avec la stratégie énergétique, soutenue par le canton de Vaud.»
La principale intéressée, Isabelle Chevalley, n'a pas caché que les réactions au sein de son parti sont mitigées. «Mais le comité central y voit une chance unique qu'un des siens siège dans un exécutif», a-t-elle dit dans une interview au Temps publiée mardi.
Étonnement
Si l'alliance entre Isabelle Chevalley et l'UDC Jacques Nicolet est couronnée de succès, «c'est la fin d'une décennie de rapports équilibrés entre la gauche et la droite», a réagi le conseiller d'Etat socialiste Pierre-Yves Maillard sur les ondes de la RTS. En tout cas un résultat de 5 sièges à droite contre deux à gauche n'est pas du tout impossible, s'inquiète-t-il.
Les conditions de cette alliance sont «très, très, étonnantes», a poursuivi le poids lourd du gouvernement, principal artisan du fameux «compromis dynamique à la vaudoise» avec le PLR Pascal Broulis. L'UDC parle de voter en se pinçant le nez, les Vert'libéraux de «baiser du diable»: «On ne sent pas de sincérité.»
Isabelle Chevalley s'est elle défendue de tout opportunisme. «Ce ne sont pas des arrangements de dernière minute. Cela fait une année que nous voulions cette stratégie. Depuis des années, les Verts et la gauche, voire même l'extrême gauche, s'allient, et cela ne choque personne.»