Avions de combatUeli Maurer n'avait pas lu les rapports sur le Gripen
Le conseiller fédéral en charge de la Défense n'était pas au courant du rapport d'évaluation qui affirmait que l'avion suédois ne remplissait pas les conditions minimales.

Le ministre de la Défense a reconnu ne pas avoir lu le rapport d'évaluation.
Le ministre de la défense Ueli Maurer est de plus en plus sous pression après la publication par la presse des rapports d'évaluation du Gripen, dont il dit n'avoir pas eu connaissance. La commission de la sécurité du Conseil des Etats souhaite qu'il s'exprime rapidement.
D'après ces textes confidentiels des Forces aériennes suisses, le Gripen ne remplit pas les conditions minimales pour la police du ciel. Le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) va maintenant clarifier «quel poids donner à ces rapports dans le processus d'évaluation», a déclaré lundi Silvia Steidle, porte-parole du DDPS.
Lorsque le conseiller fédéral Ueli Maurer a recommandé en novembre 2011 au gouvernement l'achat du Gripen, il s'est basé sur un rapport d'évaluation d'armasuisse, le centre de compétence pour les fournitures de l'armée, a expliqué Silvia Steidle. Ce document arrivait à la conclusion que l'appareil suédois était suffisant.
Mais selon le rapport dévoilé dimanche, le Gripen «est l'unique candidat qui n'atteint pas les capacités minimales pour tous les types de missions examinées». Dans les tests de 2008, l'avion suédois n'a obtenu que 4,2 points sur 9 dans les missions de police du ciel, alors qu'un minimum de 6 était souhaité, indique le rapport approuvé par le commandant des Forces aériennes Markus Gygax.
Explications exigées
Après ces révélations, la commission de politique de sécurité du Conseil des Etats souhaite qu'Ueli Maurer s'explique rapidement sur le choix des Gripen. «Etant donné l'ampleur des critiques», la commission attend des explications rapides du ministre. En attendant, elle ne veut entreprendre aucune démarche et laisse toutes les options ouvertes, a-t-elle fait savoir lundi à l'issue de sa séance.
Pour le reste, la commission se cantonne derrière la procédure prévue. Elle renonce à examiner les critiques adressées et se prononcera «en temps voulu», à savoir lorsqu'elle examinera le programme d'armement 2012, que doit encore remettre le gouvernement. «La question de l'acquisition de nouveaux avions de combat se trouve en ce moment dans les mains du Conseil fédéral».
Ce n'est que sur la base du programme d'armement que la commission s'assurera alors que la procédure de sélection a été menée de manière correcte et juste, qu'elle examinera les capacités de l'appareil retenu à remplir les missions prévues et vérifiera la question du financement.
Informations nécessaires
Elle demandera en outre à son homologue du Conseil national de lui mettre à disposition les procès-verbaux de sa sous-commission, chargée de faire la lumière sur la procédure d'évaluation.
Cette sous-commission se réunira le 21 février pour se pencher sur le Gripen, a indiqué son président Thomas Hurter (UDC/SH). Le Conseil fédéral a maintenant donné l'assurance que la sous- commission aura accès aux documents qui ont étayé sa décision, a précisé Thomas Hurter.
«Les dernières information de ce dimanche nous obligent à demander des explications supplémentaires», a estimé quant à elle Géraldine Savary (PS/VD), membre de la commission, à la Radio suisse romande.
Transparence exigée
La tournure prise par les événements a suscité d'autres réactions lundi. Alors que le PLR, «choqué» par la «légèreté» d'Ueli Maurer, lui demande d'apporter des réponses dans les 24 heures, la Société suisse des officiers exige la «transparence totale» et «déplore fortement» que le processus en cours nuise à l'ensemble de l'armée.
L'ancien commandant en chef des Forces aériennes suisses Fernand Carrel se dit pour sa part «absolument consterné» par le chemin que prend la procédure. «Cela me fait craindre le pire», dit-il, redoutant que tout capote.
«Les bras m'en tombent», confie-t-il après avoir appris que le ministre de la défense n'avait pas connaissance des rapport d'évaluation dévoilés par la presse dominicale.