Crise de l'euro: Un an après, la difficile normalisation de la Grèce

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Crise de l'euroUn an après, la difficile normalisation de la Grèce

En juillet 2015, l'eurozone signait un 3e plan d'aide à Athènes accompagné de sévères mesures d'austérité.

Des manifestants anti-gouvernement devant le parlement grec, le 15 juin 2016.

Des manifestants anti-gouvernement devant le parlement grec, le 15 juin 2016.

Archives, Reuters

Il y a un an, le premier ministre grec Alexis Tsipras capitulait et signait un troisième plan d'aide à la Grèce. Aujourd'hui Athènes est rentrée dans le rang, mais les mesures difficiles continuent à s'abattre sur des Grecs exténués.

Fin juin 2015, le jeune leader de Syriza et son iconoclaste ministre des Finances Yanis Varoufakis n'avaient pas réussi, après cinq mois de bataille, à convaincre les créanciers du pays (UE, BCE, FMI), d'adoucir les mesures d'austérité imposées par les deux premiers plans conclus depuis 2010, dans un sens plus proche de leurs engagements sociaux.

Sevrée d'aide financière, la Grèce alors manque fin juin un remboursement au FMI, évènement rarissime. Alexis Tsipras annonce un référendum sur la dernière proposition en date des créanciers. La panique bancaire menace et un contrôle du crédit - toujours en vigueur quoique assoupli - doit être instauré.

Le 5 juillet, les Grecs disent non aux créanciers à plus de 61%. Malgré cette victoire, Alexis Tsipras refuse le risque d'une sortie de l'euro. Il laisse partir Yanis Varoufakis et le remplace par le plus consensuel Euclide Tsakalotos.

Grogne autour d'un «cap critique»

Une semaine et une nuit blanche plus tard, le 13 juillet, il signe le 3ème prêt au pays de 86 milliards d'euros sur trois ans, mais assorti de nouvelles hausses d'impôts, réforme des pensions, mesures diverses si dures qu'il est qualifié de «coup d'Etat» sur les médias sociaux.

Mais depuis, la Grèce l'applique malgré la grogne sociale et les répercussions sans précédent de la crise migratoire de 2015. Le pays a déjà obtenu de l'UE le versement de 28,9 milliards d'euros, et un début de discussion sur l'allègement de sa dette de 182% du PIB.

«La Grèce a franchi un cap critique», se félicitait le mois dernier le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

«Idéologie»

«Le gouvernement applique des solutions dictées par son idéologie», déplore pour sa part Théodore Fortsakis, député du principal parti d'opposition, Nouvelle Démocratie (ND, conservateur).

Il reproche à Alexis Tsipras d'avoir privilégié les hausses d'impôts sur les baisses de dépenses publiques pour atteindre les objectifs d'excédent budgétaire primaire (hors charge de la dette) imposés par le plan : 0,5% du PIB cette année, 1,75% en 2017 et 3,5% en 2018.

«Frustration énorme»

Le député éprouve «une frustration énorme envers nos amis européens qui ont accepté ce plan de redressement bidon», peut-être «pressés d'en finir» avec le problème grec, avant des échéances électorales internes et l'imminence du référendum britannique sur le Brexit.

Certains, du FMI (qui hésite toujours à s'associer à ce plan) au gouverneur de la Banque de Grèce Yannis Stournaras, jugent irréalistes les 3,5% d'excédent prévus par les créanciers pour 2018.

Or le gouvernement s'est engagé à tailler encore dans les pensions et traitements de fonctionnaires s'il n'atteignait pas les objectifs et procéder au plan controversé de privatisations.

Une dépression sans révolte

Un engagement risqué qui, selon Georges Sefertzis, pourrait à terme déclencher de nouvelles élections anticipées, le gouvernement préférant «laisser la patate chaude» à ND, créditée actuellement de jusqu'à 11,5 points d'avance sur Syriza.

Mais personne ne les réclame. «Aujourd'hui, résume Georges Sefertzis, le pays commence à être furieux avec Tsipras, mais il n'est pas enthousiasmé par ses opposants. Il est en état de dépression massive, mais pas prêt à se révolter, ne croyant plus à la révolution».

(ats)

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