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République démocratique du CongoUn ancien chef de guerre jugé pour crimes ethniques

Le procureur de la Cour pénale internationale a accusé lundi l'ancien chef de guerre Bosco Ntaganda, surnommé «Terminator», de crimes «ethniques» dans l'est de la République démocratique du Congo.

Bosco Ntaganda devant la Cour pénale internationale.

Bosco Ntaganda devant la Cour pénale internationale.

AFP

Surnommé «Terminator» car réputé sans pitié, le chef rebelle doit répondre de crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis en 2002 et 2003 en Ituri, en République démocratique du Congo.

Le procureur de la Cour pénale internationale tente de convaincre les juges que son dossier est assez solide pour un procès.

«Bosco Ntaganda et l'UPC/FPLC (sa milice, ndlr) ont persécuté des civils sur des bases ethniques», a assuré la Gambienne Fatou Bensouda lors d'une audience de confirmation des charges devant la CPI, en présence du suspect, écroué depuis 2013.

«Les crimes n'étaient pas commis au hasard et n'étaient pas spontanés», a ajouté Mme Bensouda : «Ils visaient délibérément la population non-Hema» de l'Ituri (est de la RDC), région riche en ressources naturelles, notamment de l'or, dont la milice de M. Ntaganda voulait le contrôle.

Surnommé «Terminator» car réputé sans pitié, le chef rebelle, crâne rasé et fine moustache, a écouté le procureur, bras croisés et le regard souvent vide, assis au fond de la salle d'audience.

Crimes contre l'humanité

L'audience de confirmation des charges doit avoir lieu de lundi à vendredi. Le procureur doit convaincre les juges que les éléments de preuve qu'il a récoltés sont assez solides pour justifier un procès. Les juges rendront leur décision dans les 60 jours.

Bosco Ntaganda doit répondre de crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis en 2002 et 2003 en Ituri par les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), dont il était le chef militaire.

Les poursuites contre Bosco Ntaganda sont les premières de la CPI qui incluent des charges de viols contre des enfants soldats. L'un des chefs de guerre les plus recherchés de la région des Grands Lacs, Bosco Ntaganda avait été en mars 2013 le premier à se livrer à la CPI.

Ambassade des Etats-Unis

Contre toute attente, il s'était réfugié à l'ambassade des Etats-Unis au Rwanda, après l'éclatement du M23, sa milice congolaise, et demandé son transfert à la CPI, qui avait émis deux mandats d'arrêt à son encontre.

A ce jour, la CPI, qui a été officiellement créée en juillet 2002, n'a prononcé qu'une seule condamnation, visant un autre chef de guerre de RDC (République démocratique du Congo), Thomas Lubanga, lequel a écopé en 2012 d'une peine de 14 ans de réclusion pour avoir enrôlé des enfants dans les rangs de ses combattants.

Accusés kénians

La CPI doit également se prononcer dans les semaines qui viennent sur la poursuite des procédures entamées à l'encontre du président kényan - son dossier le plus chaud - après le désistement de plusieurs témoins-clés.

Uhuru Kenyatta et son vice-président, William Ruto, sont poursuivis pour cinq chefs de crimes contre l'humanité (meurtre, expulsion ou déplacement forcé de population, viol, persécution, et autres actes inhumains) pour les violences post-électorales de 2007-2008 qui ont fait 1200 morts au Kenya.

Fils Kadhafi

Deux autres personnalités inculpées par la CPI - le président soudanais Omar Hassan al Bachir et Saïf al Islam Kadhafi, fils du défunt numéro un libyen Mouammar Kadhafi - ne peuvent être jugés à La Haye car leurs pays refusent de les livrer à La Haye.

(ats/afp)

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