Football - Un Bullois fait encore plus fort que Schick

Son but, un chef-d’œuvre, est venu d’ailleurs et il aurait aussi bien pu faire le tour du monde, comme celui inscrit par le Tchèque Patrik Schick, le 14 juin à Glasgow, face à l’Écosse. Un coup d’œil pour constater que le gardien adverse était en dehors de sa surface et une frappe de plus de 40 mètres, comme un ovni, comme si le ballon était suspendu par le temps, entre les étoiles, avant de décrocher la lune…

Mais Andi Ukmata, qui a également réussi ce coup d’éclat, n’est pas à l’Euro. Ce Lausannois de 24 ans, qui a lui aussi une tête chercheuse et des pieds de buteur, joue à la pointe de l’attaque du FC Bulle, en première ligue Classic. Et ce samedi-là, deux jours plus tôt au Stade des Trois-Chênes, son lob tout aussi audacieux depuis 50 mètres, valait vraiment le détour.

«Peut-être que c’est lui, Patrik Schick, qui s’est inspiré de moi, se marre l’ancien junior du LS et du FC Zurich passé par Vevey, La Sarraz et Azzuri avant de rebondir à Bouleyres. Blague à part, lui était en pleine vitesse et déjà dans le camp adverse, moi quand j’ai reçu le ballon, j’étais dos au but, à l’arrêt, c’était plus compliqué. J’ai donc plus de mérite, non?»

Oui, assurément, mais, malheureusement Andi n’a pas marqué d’aussi loin devant des millions de téléspectateurs! Tout est parti d’une action anodine à mi-terrain, juste devant une poignée de privilégiés, dans la banlieue de Genève, qui avait retrouvé le chemin du stade après cette longue interruption des ligues inférieures dû à la pandémie. Un cadeau du ciel.

«J’avais vu durant le match que le gardien avait tendance à s’avancer, du coup avant de me retourner, de frapper et de le lober, je l’ai senti dans mon dos…» C’est ce qu’on appelle un coup de génie! Le film repasse en boucle et au ralenti dans sa tête. «C’est allé très vite, en trois touches, je me décale, je me retourne et je tire. J’ai laissé parler mon instinct et un peu mon talent je pense.» On jouait alors la 65e minute et Bulle, à 10 contre 11, menait 2 à 1. Or si les Genevois, en supériorité numérique, allaient logiquement revenir sur le tard, Andi préfère finalement retenir un «bon point» et ce but, bien sûr, qu’aurait très bien pu inscrire Zlatan Ibrahimovic, l’idole de son père qu’il admire, ou Karim Benzema, celui qui le fascine.

«Par rapport à mes caractéristiques et mon profil de jeu technique, je me suis beaucoup inspiré, sans prétention, de Benzema pour progresser, mais tout en restant moi-même.» Andi Ukmata ne cache pas qu’à côté de «notre équipe nationale» qu’il aimerait voir aller le plus loin possible dans le tournoi, c’est forcément la France du goleador du Real Madrid qu’il suit avec beaucoup d’acuité.

«Si on ressent le foot, comme lui, on n’est pas obnubilé par le but mais j’ai tout de même envie qu’il marque dans cet Euro pour faire taire tous ceux qui le critiquent, car c’est quelqu’un qui ne renonce jamais.» Les deux hommes se ressemblent beaucoup…

Avec dix buts en dix matches cette saison, dont une sublime volée à la Zlatan et «du mauvais pied» le 12 septembre contre Lancy, ce Vaudois qui est tout aussi adroit du gauche, est le meilleur buteur du championnat de première ligue. De quoi attiser des convoitises de clubs à l’étage supérieur avant de livrer ses deux derniers matches de cet exercice particulier avec le FC Bulle, mercredi contre Naters et samedi face à Terre Sainte?

«J’ai toujours été un joueur ambitieux et j’espère bien que cette saison qui m’a été prolifique aura suscité l’intérêt de certains clubs pros dans la région. Car à 24 ans, j’aimerais bien faire du foot mon métier…»

Si des dirigeants cherchent un buteur, un oiseau rare, Andi Ukmata se verrait bien avec un maillot de NE Xamax, d’Yverdon, de Stade-Lausanne ou du Stade Nyonnais. Et réussir un nouveau but venu d’ailleurs…