Libye: Cessez-le-feu annoncé par le maréchal Haftar

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LibyeCessez-le-feu annoncé par le maréchal Haftar

Les forces du maréchal Haftar poseront les armes à partir de dimanche soir, suivant l'appel lancé par Moscou et Ankara.

Le maréchal Haftar, en 2014.

Le maréchal Haftar, en 2014.

Keystone

Un cessez-le-feu à l'initiative d'Ankara et Moscou est entré en vigueur dimanche en Libye, pays ensanglanté par neuf mois de combats aux portes de sa capitale. Il résulte d'un intense ballet diplomatique suscité par la crainte d'une internationalisation du conflit.

L'homme fort de l'Est libyen, le maréchal Khalifa Haftar, qui tente depuis avril de s'emparer de Tripoli, à proclamer la trêve, peu avant son entrée en vigueur prévue à minuit. Son rival Fayez al-Sarraj, chef du gouvernement d'union nationale (GNA, basé à Tripoli) a annoncé quelques heures plus tard qu'il acceptait lui aussi une cessation des hostilités.

Il a toutefois laissé le «droit légitime» de ses forces de «riposter à toute attaque». La mission de l'ONU s'est félicitée de ces annonces, exhortant les parties «à laisser place aux efforts pour un dialogue interlibyen».

Des tirs d'artillerie ont été entendus peu après minuit depuis le centre de Tripoli, avant qu'un calme précaire ne règne sur la banlieue sud de la capitale, théâtre des combats depuis plusieurs mois, selon des journalistes de l'AFP et des témoins.

Plus de 2200 morts

Si aucun mécanisme de surveillance du cessez-le-feu n'a été annoncé, le chef du GNA a appelé dans son communiqué «les commissions militaires proposées par les deux camps à préparer les mesures relatives à la trêve, sous l'égide de l'ONU.

Depuis le début de l'offensive des pro-Haftar, plus de 280 civils ont été tués, selon l'ONU. D'après la même source, plus de 2000 combattants ont en outre péri et 146'000 Libyens ont dû fuir les combats, dans un pays en proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

L'entrée en vigueur du cessez-le-feu intervient après un intense ballet diplomatique cette semaine, emmené par la Turquie et la Russie. Les présidents turc, Recep Tayyip Erdogan, et russe, Vladimir Poutine, avaient pris l'initiative mercredi d'appeler les camps rivaux à cesser les hostilités à partir de dimanche.

Le GNA, reconnu par l'ONU, avait salué l'initiative sans donner dans un premier temps une réponse claire, tandis que les pro-Haftar avaient fait part de leur intention de poursuivre leur offensive.

»Une seconde Syrie«

Mais les deux camps semblent avoir cédé aux pressions diplomatiques, face aux craintes d'une internationalisation accrue de ce conflit sur la rive sud de la mer Méditerranée. Alors que l'Europe redoute que la Libye ne devienne une »seconde Syrie«, la chancelière allemande Angela Merkel s'est entretenue samedi à Moscou avec Vladimir Poutine. »Je compte vraiment sur le fait que, dans quelques heures [...] les parties cesseront le feu«, avait dit Vladimir Poutine.

Angela Merkel a, elle, salué les efforts russo-turcs et dit espérer pouvoir bientôt lancer «les invitations pour une conférence à Berlin sous l'égide de l'ONU». En soirée, Poutine et Erdogan ont discuté par téléphone afin de réaffirmer leur »volonté de [...] fournir une aide sur tous les aspects pouvant permettre de faire avancer le processus du règlement politique«, selon le Kremlin.

Militaires turcs et mercenaires russes

Au début du mois, la Turquie a déployé des militaires pour soutenir le GNA. Elle est également accusée d'avoir envoyé des combattants syriens pro-turcs combattre les pro-Haftar.

La Russie est de son côté soupçonnée d'avoir envoyé des centaines de mercenaires soutenir les troupes du maréchal Haftar, qui bénéficient également de l'appui des Émirats arabes unis et de l'Égypte. Vladimir Poutine a une nouvelle fois rejeté ces accusations, samedi.

Les États-Unis, qui n'apprécient pas l'implication croissante de Moscou en Libye, ont dénoncé samedi soir le »déploiement de mercenaires russes [...] et de combattants syriens soutenus par la Turquie«, dans un communiqué de son ambassade.

Celle-ci a en outre indiqué que de hauts responsables américains avaient rencontré séparément, jeudi à Rome, le maréchal Haftar et le ministre de l'intérieur et l'homme fort du GNA, Fathi Bachagha, pour »encourager« une »désescalade" et une reprise d'un dialogue entre parties libyennes.

(AFP)

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