Migrants: Un collectif veut entraver le travail des ONG

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MigrantsUn collectif veut entraver le travail des ONG

Defend Europe promet de mettre tout en oeuvre pour empêcher le travail de ceux qui aident les réfugiés en Méditerranée.

Catherine Cochard
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Catherine Cochard

En Europe, des mouvements racistes veulent empêcher les ONG de venir en aide aux migrants qui tentent de rallier le continent par la Méditerranée. L'initiative du collectif Defend Europe est résumée sur youtube. Dans la vidéo, quatre militants du mouvement d'extrême droite Génération identitaire expliquent qu'une «invasion est en cours», que «les gouvernements ont échoué» et que c'est à présent aux citoyens des pays européens «de prendre les choses en mains». La séquence se termine par un slogan repris tour à tour par les xénophobes: "Cette terre est la nôtre. Ce qui a commencé ici doit finir ici."

Une seule action concrète a été menée, à ce jour, par les xénophobes. Le 12 mai à Catane, en Sicile, les identitaires ont tenté d'arrêter un bateau affrété par les ONG SOS Méditerranée et Médecins sans Frontières. Les garde-côtes italiens sont intervenus et ont mis un terme à l'action de Defend Europe. Mais le collectif d'extrême droite a promis dans une vidéo de recommencer, cette fois-ci avec des moyens plus importants. Pour pouvoir mettre en oeuvre leur projet, ils ont lancé une campagne de crowdfunding. En trois semaines, plus de 65'000 euros de dons anonymes auraient été récoltés.

Pour le moment, les réactions des politiciens européens se font attendre. Mais les militants antiracistes s'organisent. Les défenseurs des migrants cherchent à savoir si les actions des identitaires peuvent être considérées comme de la piraterie. La convention des Nations unies sur le droit de la mer définit la piraterie comme «tout acte illicite de violence ou de détention ou toute déprédation commis par l'équipage ou des passagers d'un navire ou d'un aéronef privé, agissant à des fins privées» et «dirigé : I) contre un autre navire ou aéronef, ou contre des personnes ou des biens à leur bord, en haute mer; II) contre un navire ou aéronef, des personnes ou des biens, dans un lieu ne relevant de la juridiction d'aucun Etat».

Pour l'heure, l'opération menée en Sicile par Defend Europe ne répondrait pas exactement à cette définition puisque les identitaires ont tenté de bloquer les bateaux sans les aborder physiquement. De plus, comme l'action s'est déroulée dans le port de Catane, il ne s'agit pas d'un «lieu ne relevant de la juridiction d'aucun Etat» et ce serait à la justice italienne d'agir.

D'autres textes sont étudiés par les antiracistes pour incriminer les identitaires. Notamment l'obligation internationale de sauvegarde de la vie humaine en mer, comme définie par les conventions Solas et SAR dont les membres de l'UE sont signataires.

En France, l'article 223-5 du code pénal dit que «le fait d'entraver volontairement l'arrivée de secours destinés à faire échapper une personne à un péril imminent (...) est puni de sept ans d'emprisonnement et 100'000 euros d'amende».

La convention de Genève de 1951 pourrait également être utilisée. Elle stipule notamment qu'«aucun des Etats contractants n'expulsera ou ne refoulera (...) un réfugié sur les frontières des territoires où sa vie ou sa liberté serait menacée (...)».

La situation humanitaire est plus critique que jamais. Avec 7927 morts et disparus, 2016 avait établi un triste record. Depuis le début de l'année, les Nations unies recensent 1650 victimes en Méditerranée.

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