Pakistan: Un étudiant battu à mort par ses camarades

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PakistanUn étudiant battu à mort par ses camarades

La police pakistanaise a arrêté 22 personnes pour le lynchage sur le campus d'un étudiant en journalisme accusé de «blasphème».

Le lynchage de Mashal Khan par une foule d'étudiants a été filmé par des téléphones portables. (Lundi 17 avril 2017)

Le lynchage de Mashal Khan par une foule d'étudiants a été filmé par des téléphones portables. (Lundi 17 avril 2017)

AFP

Vingt-deux Pakistanais ont été arrêtés pour le meurtre d'un étudiant accusé de blasphème, lynché jeudi sur son campus, a indiqué la police lundi, mais des observateurs craignent que cela n'aboutisse à aucune condamnation.

Images atroces

Mashal Khan, étudiant en journalisme, avait été battu à mort par une foule d'étudiants à Mardan, ville conservatrice du nord-ouest pakistanais, un incident filmé par téléphones portables et dont les images atroces ont fait le tour des réseaux sociaux.

Des centaines de personnes ont manifesté dans plusieurs villes pendant le week-end, réclamant que justice soit faite.

Accusations de blasphème

Le meurtre intervient après que les autorités pakistanaises ont donné de la voix ces dernières semaines contre le blasphème. Après un silence initial, le Premier ministre Nawaz Sharif a condamné le meurtre samedi et appelé à poursuivre ses auteurs.

«Au total, 22 personnes ont été arrêtées jusque là», surtout des étudiants et quelques employés de l'université, a indiqué lundi à la presse le responsable de la police du Khyber Pakhtunkhwa, Salahuddin Khan Mehsud.

La police avait auparavant annoncé 12 arrestations.

Il n'y a jusque là aucune preuve étayant les accusations de blasphème visant Mashal Khan, a précisé M. Mehsud, critiquant l'université pour avoir lancé une enquête sans impliquer la police.

Nombreux partisans des meurtriers

Le blasphème est une question très sensible au Pakistan, pays conservateur où critiquer l'islam est passible de la peine de mort, et accuser quelqu'un de blasphème peut revenir à un appel au meurtre.

Un officier de police a souligné sous couvert d'anonymat qu'il serait difficile d'aboutir à des condamnations, la police et la justice comptant de nombreux partisans des meurtriers anti-blasphème.

«Il y a des centaines de partisans parmi la police et si je me penche de trop près sur le cas, je pourrais être tué également», a-t-il souligné.

Aucune condamnation

Bien que les arrestations aient été effectuées sur la foi d'images tirées de vidéosurveillance et de téléphones portables, le tribunal réclamera des témoignages, quasiment impossibles à obtenir pour ce type d'affaires, a-t-il souligné.

Aucune condamnation n'a été prononcée pour d'autres crimes liés à des accusations de blasphème, a souligné Saroop Ijaz, représentant de Human Rights Watch au Pakistan, citant l'incendie de 100 maisons à Lahore en 2013 ou le meurtre d'un couple chrétien dans une briqueterie un an plus tard.

Depuis 1990, au moins 65 personnes ont été assassinées au Pakistan par des fanatiques après avoir été accusées de blasphème, selon le Centre pour la recherche et les études de sécurité (CRSS).

(AFP)

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