ProtestationUn gréviste de la faim met sous pression Israël
La justice israélienne, sous pression, examine le sort du gréviste de la faim Allan dont l'état empire de jour en jour.

Le sort de Mohammed Allan, encore inconnu il y a quelques semaines, mobilise désormais l'opinion palestinienne.
La Cour suprême israélienne se penchait mercredi à huis clos sur la demande de remise en liberté de Mohammed Allan, un gréviste de la faim dont le sort tient en haleine l'opinion palestinienne et met sous pression le gouvernement israélien.
Juste avant l'audience, le gouvernement israélien et les défenseurs de Mohammed Allan ont intensivement cherché une porte de sortie qui sauverait la vie du prisonnier et permettrait aux deux parties de ne pas paraître avoir transigé sur leurs positions. Mais ces efforts ont échoué, a affirmé Adalah, l'une des organisations qui soutiennent le détenu.
Pour s'extirper du dilemme grandissant que lui impose Mohammed Allan, le gouvernement de droite de Benjamin Netanyahu aurait proposé de le relâcher le 3 novembre. En échange, Mohammed Allan aurait accepté de mettre fin à sa grève de la faim, rapportait la commission des prisonniers, un organe de l'Autorité palestinienne.
En danger
Mais l'offre a été rejetée, a assuré Adalah. «Nous réclamons sa libération immédiate. Son état est très mauvais et s'est encore dégradé ce matin et nous refusons que sa libération soit davantage retardée», a dit Adalah dans un communiqué publié aussi au nom des avocats de Mohammed Allan.
On ignore si Mohammed Allan a été consulté ou même s'il est en état de décider. L'un de ses avocats, Me Jamil al-Khatib, a dit s'être rendu mercredi matin à l'hôpital d'Ashkélon (ouest d'Israël) où il se trouve, peut-être pour lui soumettre la proposition du gouvernement.
L'audience de la Cour suprême a commencé à huis clos avant même que Me al-Khatib ne soit rentré d'Ashkélon, a constaté une journaliste sur place. Les juges ont d'abord examiné l'état du prisonnier avec les médecins, qu'ils ont ensuite fait sortir pour se pencher sur son dossier sécuritaire, a rapporté un député arabe israélien, Ahmad Tibi, admis à la première partie de la séance en tant que médecin.
Prêt à aller jusqu'au bout
Les avocats de Mohammed Allan soutiennent que leur client, même s'il représentait un danger, ne serait plus une menace une fois relâché tant son état s'est détérioré. Ils décrivent un homme prêt à aller jusqu'au bout.
Tombé dans le coma en fin de semaine passée, il a, dès son réveil mardi, donné 24 heures à Israël pour régler son cas, faute de quoi il cesserait de s'hydrater. Les jours du prisonnier de 31 ans seraient alors comptés.
Mohammed Allan, arrêté en novembre 2014, a entamé sa grève de la faim le 18 juin pour protester contre sa détention administrative. Ce régime d'emprisonnement extrajudiciaire permet aux autorités israéliennes de détenir un suspect sans lui notifier d'inculpation pendant six mois renouvelables indéfiniment.
Les partisans de ce régime le défendent en invoquant la nécessité de mettre à l'écart des individus présumés dangereux et l'impossibilité, pour des raisons supérieures de sécurité, de rendre publiques certaines preuves retenues contre eux.
Atteinte aux droits fondamentaux
Les détracteurs dénoncent la détention administrative comme attentatoire aux droits fondamentaux. Elle est l'un des grands motifs de protestation palestiniens contre les agissements israéliens.
Selon les services pénitentiaires israéliens, 340 Palestiniens sont actuellement en détention administrative. Nombre de Palestiniens ont observé des grèves de la faim pour cette raison.
Avocat à Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie occupée, M. Allan est présenté comme un de ses membres par le Jihad islamique, désigné comme une organisation terroriste par Israël.
Le sort de M. Allan, encore inconnu il y a quelques semaines, mobilise désormais l'opinion palestinienne. Et représente un casse-tête de plus en plus ardu pour Israël tant sa mort est susceptible d'aggraver encore les tensions entre Palestiniens et Israéliens. Le Jihad islamique a prévenu qu'il ne serait plus tenu par la trêve actuelle s'il mourait.
Le gouvernement israélien est cependant soucieux de ne pas paraître céder à un quelconque chantage des prisonniers.