Enlèvement de Chloé«Un individu s'est arrêté devant chez nous, il l'a prise par force»
Les parents de Chloé ont ramené samedi dans le Gard leur fille victime d'un enlèvement. Le père de la jeune fille a raconté qu'elle avait été «prise par force» par «un individu qui s'est arrêté» devant chez eux, à Barjac.

Une banderole avait été déployée devant la supérette de la famille Rodriguez à Barjac, indiquant «Victoire pour notre Chloé, on t'aime».
«Un individu s'est arrêté devant notre porte, il l'a prise par force, a raconté le père de Chloé. Elle nous a dit qu'elle avait réussi à avoir un dialogue avec ce monsieur, qu'elle obéissait à tous ses ordres, qu'elle ne l'a jamais contrarié pour ne pas se mettre en péril.»
Elle n'a jamais essayé de se sauver «pour ne pas risquer de tomber et perdre la vie», a-t-il poursuivi lors d'une conférence de presse, en précisant qu'elle n'avait «pas de coups, de marques physiques».
Chloé n'avait plus donné de nouvelles depuis qu'elle avait quitté à scooter, le vendredi 9 novembre vers 17h30, le domicile d'une amie situé dans un autre village à une dizaine de kilomètres. Son deux-roues avait été retrouvé devant le domicile familial vers 22h30, le moteur froid.
Sang-froid
«Je pense que ça n'a pas été prémédité. C'est un acte insensé», a estimé le père. Il a expliqué que sa fille se trouvait dans le coffre quand son ravisseur et elle-même étaient en zone urbaine, sinon dans la voiture. Selon ses parents, Chloé ne leur a pas encore tout raconté, expliquant qu'elle leur confiait «des flashs», alors que des zones d'ombre subsistent sur ce qui s'est passé depuis sa disparition il y a une semaine.
«Nous avons sauvé Chloé, il ne faut pas la détruire et respecter son intimité», a lancé sa mère. «On ne pose pas de questions, mais on attend des réponses», a affirmé son père.
Quand il a retrouvé sa fille, M. Rodriguez a été «époustouflé par son sang-froid et sa détermination»: «Je m'attendais à voir une enfant anéantie, je vais vous choquer mais c'est comme si elle rentrait de vacances». «Elle était très déterminée, elle connaît le numéro de la plaque par coeur, elle a mémorisé tout un tas de choses, la description de la voiture», a-t-il insisté.
Selon ses parents, Chloé «savait par la radio qu'il y avait une mobilisation». Dans le coffre, «elle eu le temps de se ressourcer»: «Elle chantait, elle calculait, elle se préparait à la prochaine rencontre avec le personnage.» «Même les enquêteurs ont été surpris de sa détermination et de sa maturité», a dit son père. Pour l'adolescente, le retour à la réalité est cependant «très dur»: «Elle s'est forgée une carapace», a confié sa mère, qui la juge «émotionnellement et physiquement fatiguée» et rappelle que «ce n'est qu'une enfant: elle a beaucoup, beaucoup pleuré.»
Retour à Barjac
Chloé et ses parents sont arrivés à Barjac vers 15 heures samedi dans un convoi de la gendarmerie composée de trois voitures escortées par deux motards. Dans l'une, la mère protégeait sa fille sous une couverture, tandis que le père suivait derrière.
Les parents de Chloé Rodriguez, 15 ans, retrouvée saine et sauve vendredi en Allemagne, étaient partis la chercher en train dans la soirée. Samedi matin, tous trois étaient repartis de Strasbourg en TGV, «tout à la joie de se retrouver en famille», selon la gendarmerie.
Ravisseur placé en détention
Samedi matin, le ravisseur présumé de la jeune fille a été placé en détention après avoir été entendu par le parquet d'Offenbourg. L'enquête doit déterminer ce qui s'est passé durant une semaine. Selon une source française proche du dossier, le suspect n'a fait aucune déclaration aux enquêteurs allemands, sur les conseils de son avocat.
«Maintenant qu'il est en détention, la justice allemande doit se prononcer sur le mandat d'arrêt européen que nous avons diffusé hier (vendredi, NDLR) mais je ne sais pas quand: soit elle lui donne un effet immédiat, soit elle attend l'évolution de son enquête», a expliqué le procureur de la République de Nîmes, Robert Gelli.
Le parquet de Nîmes a ouvert une information judiciaire pour «enlèvement et séquestration». Né à Bagnols-sur-Cèze (Gard), le suspect a été condamné plusieurs fois pour vols et violences, dont une fois à 5 ans de prison, dont 3 ferme, pour agression sexuelle.
«Une véritable psychose»
Selon la presse locale, en juin 2007, plusieurs agressions sexuelles dans le Gard et le Vaucluse, qui lui avaient été imputées, avaient créé «une véritable psychose» dans la région. La justice n'a aucun élément sur des violences sexuelles que Chloé aurait pu subir, avait précisé vendredi Robert Gelli.
Domicilié dans un foyer d'Avignon, le ravisseur présumé était sorti de prison en septembre et devait se présenter dix jours plus tard au service de probation, mais il ne l'avait pas fait.