Jura: Un lupanar face à la caserne militaire? «Je lance une pétition… pour le oui!»

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JuraUn lupanar face à la caserne militaire? «Je lance une pétition… pour le oui!»

Un permis de construire est soumis aux autorités de Bure (JU) pour l’aménagement de salons de massage destinés aux militaires et aux frontaliers. Les villageois rencontrés ne sont pas contre.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
Fermé depuis le début de l’année, le restaurant «L’Éperon» est promis à un avenir coquin, près de la caserne de Bure (JU).

Fermé depuis le début de l’année, le restaurant «L’Éperon» est promis à un avenir coquin, près de la caserne de Bure (JU).

V.Dé

Ouvrir un bar à filles face à la caserne militaire? L’idée fait l’objet d’une demande de permis de construire, publiée dans le «Journal officiel» jurassien par la Sàrl «Saphyrs». Le requérant sollicite un changement d’affectation pour aménager dans le restaurant «L’Éperon» des «salons de massage érotique.» dans les deux appartements existants.

Un lupanar à Bure? «Je lance une pétition… pour le oui!» s’exclame un client de «La Couronne», à l’heure de l’apéro! Au contraire de l’hôtel situé au cœur de cette commune de 700 âmes, «L’Éperon» est situé à l’écart côté français, vers la caserne.

Sur l’A16

Les deux promoteurs ajoulots du lupanar visent deux clientèles: les militaires et les frontaliers. «Il y a plus de 30 000 frontaliers qui passent sur l’A16 voisine», a déclaré l’instigateur du projet au «Quotidien Jurassien».

Commentaire d’un plombier retraité: «Normal: les bordels sont interdits en France!» Les frontaliers sont aussi happés par des prostituées à Boncourt, mais un projet a capoté à Damphreux, où les villageois ne voulaient pas de filles françaises pour des clients français qui se déplacent en voiture.

Salopette bleue

«Avec les militaires, ça ne marchera pas», assène Guédio, dans sa salopette bleue. Pourquoi? «Ils vont à Porrentruy: ils croient que c’est mieux… Ou aux grottes de Réclère, où on ne les voit pas trop», disserte ce jovial septuagénaire selon qui «l’armée ne rapporte rien» à Bure.

«L’Éperon» est déjà une maison close, en attendant l’autre acception du terme.

«L’Éperon» est déjà une maison close, en attendant l’autre acception du terme.

V.Dé

Dans «Le Quotidien Jurassien», le commandant de la place d’armes douche les espoirs des promoteurs, en dépit des 850 soldats qui stationnent chaque mois à Bure: «Pas sûr que nos jeunes recrues de vingt ans soient leurs principaux clients», a indiqué Philippe Brulhart, à titre personnel.

Pas très discret

«On ne voit pas les recrues, mais les gradés, si…», dit un commerçant du village. Pas de quoi désarçonner Philippe Brulhart, qui enfonce le clou à «L’Éperon»: «L’endroit n’est pas très discret et ce n’est pas le genre d’établissement où on va en groupe», a tranché ce colonel.

Le conseil du commandant: «Ils auraient mieux fait d’installer un bar avec piste de bowling». Au bas du village, sur la route de Buix, un voisin de «L’Éperon» hausse les épaules en récoltant ses damassines: «S’agissant des nuisances, je préfère un lupanar à une discothèque».

Ce villageois devenu député suppléant n’est pas inquiet: «Avec une maison close, tout est réglementé. Et les clients n’attirent pas l’attention sur eux en faisant du bruit», dit-il, en évoquant les revenus fiscaux potentiels générés par cette petite entreprise.

Faire opposition

Malgré quelques soutiens, la partie n’est pas gagnée pour les futurs maquereaux, même si les chambres sont déjà aménagées à «L’Éperon»: le Conseil communal n’a pas caché son intention de s’opposer au changement d’affectation.

Commentaire de Guédio, le plombier retraité: «Le maire est obligé d’être contre: il ne peut pas leur souhaiter la bienvenue, même si ça ne va déranger personne». Pour le voisin le plus proche de «L’Éperon», mieux vaut un lupanar ouvert qu’un restaurant fermé.

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