EPFL: Un planeur joue au sous-marin dans les eaux du Léman

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EPFLUn planeur joue au sous-marin dans les eaux du Léman

Ce robot venu des Etats-Unis étudie les grands tourbillons du lac afin de comprendre leur influence sur l'écosystème lacustre.

Michel Pralong
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Michel Pralong
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Le planeur glisse dans l'eau, sans moteur, en utilisant une sorte de balast et en déplaçant son centre de gravité.

Le planeur glisse dans l'eau, sans moteur, en utilisant une sorte de balast et en déplaçant son centre de gravité.

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Ce robot vient des Etats-Unis, où il a notamment été utilisé dans le lac Tahoe.

Ce robot vient des Etats-Unis, où il a notamment été utilisé dans le lac Tahoe.

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Le Léman compte deux gyres (tourbillons) d'une dizaine de kilomètres chacun. L'un au sud-ouest de Morges, l'autre au sud-est de Lausanne.

Le Léman compte deux gyres (tourbillons) d'une dizaine de kilomètres chacun. L'un au sud-ouest de Morges, l'autre au sud-est de Lausanne.

Meteolakes

Il ressemble davantage à une torpille qu'à un planeur. Pourtant, ce robot se déplace sans moteur, glissant sur les courants, tel un planeur. C'est le professeur Alexander LeBaron, de l'Université Davis de Californie, qui l'a amené avec lui dans ses valises. Cet appareil a déjà permis d'étudier les gyres dans les océans. Ce sont de grands tourbillons de plusieurs milliers de kilomètres, induits par les courants et la rotation de la Terre. Sous leur influence, les déchets plastiques rejetés par l'homme s'accumulent, formant d'énormes vortex de détritus.

Deux grands tourbillons

Le lac Léman aussi a ses gyres, même s'ils sont évidemment bien plus petits. Ces deux tourbillons qui se forment au sud-ouest de Morges et au sud-est de Lausanne, entre juin et octobre sous l'effet de la bise et des courants, mesurent tout de même une dizaine de kilomètres chacun. Si ces phénomènes sont connus depuis longtemps, on comprend toutefois mal leur influence sur le lac et son écosystème.

Il plonge jusqu'a 250 mètres

Ce planeur sous-marin, déjà utilisé dans le lac Tahoe en Californie, a fait ses premières plongées dans le Léman au début du mois d'août. C'est le gyre au sud-ouest de Morges qui a été choisi comme lieu de plongée, car moins de bateaux y naviguent, ce qui réduit le risque d'une collision avec le robot. Car celui-ci peut plonger seul, plusieurs jours durant, sans qu'une équipe soit sur place pour le guider et le surveiller.

Grâce à ses ailerons, il peut glisser sur les courant, un système de vessie se remplissant et se vidant réglant sa profondeur. Sa batterie se déplace, modifiant son centre de gravité. Quand elle va vers l'avant, le planeur pique du nez. En arrière, il remonte. Il effectue ainsi des trajets en yoyo, récoltant des informations latéralement et verticalement dans les tourbillons. Capable de plonger à mile mètres dans les océans, il descend jusqu'à 250 mètres dans le Léman. Il remonte toutes les quatre heures pour transmettre par liaison satellite les données récoltées. Il ne reste qu'une vingtaine de secondes à la surface, réduisant d'autant une éventuelle collision, qui l'endommagerait lui bien davantage que le bateau.

Ses différents capteurs vont lui permettre de mesurer: les turbulences du lac afin de comprendre comment l'hydrodynamique influence l'environnement; les différences de températures dans les tourbillons; la teneur en chlorophylle qui donne des indications sur le phytoplancton (plancton végétal qui sert de nourriture aux poissons), comme l'explique la vidéo tournée par l'EPFL.

Accroc avec les pêcheurs

Une deuxième série de plongées est programmée en septembre. La première en août s'est bien déroulée, hormis quelques accrochages dans des filets de pêcheurs. L'EPFL leur a remboursé les dégâts et s'est arrangée avec eux afin d'éviter de nouveaux incidents.

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