FranceUn prêtre jugé pour le viol d'une paroissienne
Elle était très pieuse et vulnérable, il dit qu'elle était consentante: l'ex-curé de Moirans-en-Montagne, un village de 320 âmes dans le Haut-Jura, sera devant la justice à partir de mercredi.

Image d'illustration.
Le père Daniel Lagnien, 69 ans, placé sous contrôle judiciaire, encourt 20 ans de réclusion criminelle pour viol et agression sexuelle sur cette femme de 39 ans, particulièrement vulnérable en raison de ses troubles psychologiques et de multiples problèmes physiques.
Devant la cour d'assises du Jura, l'avocate de la victime, Me Aurélie Degournay, envisage de solliciter un huis clos (total ou partiel) en raison de la «fragilité» de sa cliente.
Tout commence lors d'un pèlerinage
Tout commence en juin 2010: lors d'un pèlerinage en Isère, le prêtre fait des avances appuyées à sa paroissienne, tente de l'embrasser à plusieurs reprises et lui caresse les cuisses et le sexe. Quelques jours plus tard, pour clarifier la situation et lui dire son refus catégorique d'entretenir une relation, la victime se rend au domicile du prêtre à Moirans-en-Montagne. Mais celui-ci l'entraîne dans sa chambre et la viole. La paroissienne, qui était vierge avant les faits, affirme qu'elle n'était pas consentante, qu'elle a dit «non».
De son côté le prêtre, après avoir reconnu un viol durant sa garde à vue, assure ensuite devant le juge d'instruction qu'il la croyait consentante.«Elle ne s'est pas méfiée. L'Église et la religion, c'est toute sa vie. De par sa croyance, il était impossible de se voir agresser de telle sorte par un prêtre», explique l'avocate de la victime, Me Aurélie Degournay. «Le fait qu'il soit prêtre et qu'elle soit vulnérable a permis cette agression», estime l'avocate.
La religion était sa seule occupation
La victime, particulièrement dévote, vivait cloîtrée chez sa mère, dans ce petit village où la religion était sa seule occupation.Après le viol présumé, «sa situation s'est aggravée, elle subit l'opprobre public car M. Lagnien a été déplacé à Lourdes et le village, se retrouvant sans curé, ne peut plus enterrer ses morts dignement», remarque Me Degournay, dont la cliente souhaite simplement «être rétablie dans sa fonction de victime».
Le père Lagnien, quant à lui, «reconnaît sa culpabilité morale, mais pas sa culpabilité pénale: pour lui, elle était consentante, pour lui elle avait envie de cette relation», indique son avocat Me Randall Schwerdorffer, qui entend plaider l'acquittement. Selon la défense, la plaignante «a un lourd passé psychologique» et «un rapport à la sexualité chaotique». «On a quelqu'un de très antagoniste et de très fragile», qui présente «une approche de la réalité déformée par son vécu», estime-t-il.
Le prêtre avait déjà eu des relations sexuelles, consentantes celles-là, avec d'autres femmes, quand il officiait en Nouvelle-Calédonie. A sa victime, il a présenté plusieurs lettres d'excuses et a proposé un pardon public. Emmené devant le procureur par son évêque, il ne comprend pas pourquoi cette affaire vient devant la justice, assure son avocat.Le verdict est attendu jeudi.