RussieUn troisième médecin «tombe par la fenêtre»
Des cas tragiques de chutes depuis des fenêtres d'hôpitaux montreraient la pression subie par les soignants en Russie.
- par
- lematin.ch

Le Dr Alexander Choulepov avait affirmé devoir travailler alors qu'il était atteint par le virus. Puis s'était rétracté. Il est aujourd'hui aux soins intensifs.
Ces deux dernières semaines, trois soignants russes «sont mystérieusement tombés des fenêtres d'hôpitaux en Russie», relate CNN. Deux sont morts. Un autre est dans un état critique. Dans un article sur ces médecins qui «tombent par la fenêtre», «Le Figaro» note que les médias russes ne parlent pas de «suicides». Mais avance que ces soignants auraient bel et bien tenté de se supprimer.
Ces cas, écrit le quotidien français «témoignent des conditions particulièrement éprouvantes des soignants russes face au Covid-19 et aussi des fortes pressions dont ils peuvent être l'objet de la part des autorités.» CNN note aussi que ces trois affaires tragiques successives ont attiré en Russie l'attention du public sur les conditions de travail des soignants durant la pandémie de coronavirus.
Forcé à travailler?
CNN a détaillé les trois drames. Le dernier a eu lieu samedi à Voronej, dans l'ouest de la Russie. Le médecin Alexander Choulepov est tombé d'une fenêtre du 2e étage de l'hôpital dans lequel il travaille. Atteint par le coronavirus, il y était sous traitement.
Le Dr Choulepov, selon CNN, avait été testé positif le 22 avril. Ce même jour, avec son collègue Alexander Kosyakin, ils ont publié une vidéo dans laquelle ils affirmaient qu'on les forçait à continuer de travailler malgré la maladie. Ce Kosyakin aurait aussi critiqué son hôpital pour le manque d'équipement de protection puis aurait été interrogé par la police pour diffusion de «fake news».
Aux soins intensifs
Quoi qu'il en soit le Dr Choulepov s'était rétracté trois jours plus tard dans une nouvelle vidéo. Apparaissant cette fois avec le médecin-chef de l'établissement, il disait que ses accusations de travail forcé avaient été dues à un trop plein d'émotions.
Il est aujourd'hui aux soins intensifs, dans un état grave avec une fracture à la base du crâne, selon «Le Figaro». Dans un communiqué, son hôpital a nié toute pression. Et affirme qu'Alexander Choulepov a été retiré de son poste dès qu'il a annoncé être positif au coronavirus et qu'une hospitalisation dans le service des maladies infectieuses lui avait été proposée.
Deux doctoresses
Le cas précédent concernait la doctoresse Elena Nepomnyashchaya, d'un hôpital de Krasnoïarsk, en Sibérie. Selon des médias locaux elle est tombée par la fenêtre durant une réunion avec des responsables régionaux de la santé. Ces derniers auraient souhaité transformer la clinique de la doctoresse en centre pour le coronavirus. Elle s'y serait opposée en raison du manque d'équipement de protection.
Des allégations qui ont été démenties par les autorités sanitaires locales, note CNN. Après sa chute, Elena Nepomnyashchaya a passé une semaine aux soins intensifs. Mais elle n'a pas pu être sauvée: elle est décédée le 1er mai.
Le premier cas de défenestration répertorié, enfin, concerne la doctoresse Natalia Lebedeva, traitée dans un hôpital de Moscou pour une suspicion de coronavirus. Elle est morte le 24 avril des suites de sa chute. L'hôpital concerné a loué ses compétences de médecin et déploré un «accident tragique», sans en dire davantage. L'établissement n'a pas répondu aux sollicitations de CNN.