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ViticultureUn Valaisan qui ose défier la crise

Produire des vins bio en Afrique du Sud et diversifier les cépages, tels sont les secrets de l'encaveur Jacques Germanier.

par
Christine Schmidt
Jacques Germanier, aujourd'hui la soixantaine, ne cesse de chercher des solutions pour vivre de sa passion. Et c'est ce qui lui vaut un certain respect dans la profession.

Jacques Germanier, aujourd'hui la soixantaine, ne cesse de chercher des solutions pour vivre de sa passion. Et c'est ce qui lui vaut un certain respect dans la profession.

Sebastien Anex

Il y a un mois, une importante délégation de vignerons romands montait aux barricades. Elle dénonçait les importations qui lui font du tort, et réclamait 30 millions de francs à la Confédération pour pouvoir déstocker 10 millions de litres de vins excédentaires. Le marché viticole suisse a la gueule de bois. Mais comment la soigner? Pour le Valaisan Jacques Germanier, ce ne sont pas les remèdes qui manquent. Lui qui préfère innover plutôt que de se plaindre. «Pourquoi s'obstiner, sachant que les vins suisses ne sont pas concurrentiels, avec des coûts de production au moins dix fois plus élevés que ceux de nos concurrents?» remarque-t-il.

«Un grand travailleur»

Du genre tenace, Jacques Germanier, aujourd'hui la soixantaine, ne cesse de chercher des solutions pour vivre de sa passion. Et c'est ce qui lui vaut un certain respect dans la profession. Comme en témoigne Paul-André Roux, le président de l'Interprofession valaisanne de la vigne et du vin: «Jacques Germanier est un entrepreneur de premier plan en Valais, mais aussi un grand travailleur…»

L'une de ses dernières trouvailles? Du vin bio produit en Afrique du Sud. En effet, depuis peu, le groupe Germanier s'est lancé dans la production de vins dits organiques issus du terroir de Paarl, où le Valaisan s'est offert un domaine de plus de 100 hectares dans les années 1990. Il y a engagé une cinquantaine d'ouvriers, et exporté son savoir-faire. Cultiver des cépages internationaux à la mode «organique», c'est-à-dire sans aucun traitement chimique, et de surcroît avec une main-d'œuvre peu onéreuse, lui permet ainsi de revendre ses vins à un rapport qualité-prix défiant toute concurrence, tout en se taillant une belle place sur le marché international. «Notre société African Terroir est aujourd'hui présente dans une trentaine de pays, du nord de l'Europe en passant par l'Asie et la Russie.»

Mais le vigneron devenu homme d'affaires a su aussi se démarquer par d'autres idées novatrices, aujourd'hui d'ailleurs reconnues par ses concurrents. «Son ouverture d'esprit et son originalité lui ont permis d'être plus innovant que nous», admet l'encaveur sédunois Philippe Varone. C'est que Jacques Germanier a mené un combat que peu d'autres auraient osé: inciter des centaines de vignerons valaisans à abandonner fendant et pinot noir au profit de spécialités plus qualitatives, mais surtout plus rentables. Un combat remporté avec succès. La crise? Jacques Germanier la défie sans mettre d'eau dans son vin.

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