CoronavirusUn voyage en ascenseur, 71 contaminés
Une étude saisissante détaille une chaîne de contamination partie sans contacts directs, dans un ascenseur.
- par
- lematin.ch

Contrairement à celui-ci, l'ascenseur à l'origine des contaminations n'avait manifestement pas été désinfecté.
Porteuse asymptomatique du coronavirus, une femme serait à l'origine de la contamination de 71 personnes. Simplement car elle a pris un ascenseur, selon une étude saisissante parue dans le journal chinois «Emerging Infectious Diseases».
A partir du 11 mars, la province du Heilongjiang, au nord-est de la Chine, n'avait plus enregistré de cas de personnes positives au coronavirus. Quelques semaines plus tard, il y en avait des dizaines. Les «traceurs» locaux avaient tenté de comprendre la filière de transmission. Et elle est désormais racontées dans la publication qui vient de paraître.
Testée négative
Une Chinoise est rentrée chez elle, dans la province du Heilongjiang, le 19 mars. Elle revenait d'un voyage aux États-Unis. Elle ne présentait aucun symptôme et avait même été testée négative. Elle a cependant été placée en isolement dans son appartement, dans un immeuble.
Le 26 mars, son voisin du dessous a accueilli chez lui sa mère avec son compagnon. Ils ont dormi chez lui. Trois jours plus tard cette femme et son conjoint ont passé une soirée chez un homme et ses deux fils.
Premier test positif
Le 2 avril, cet homme a subi un accident vasculaire cérébral et a été hospitalisé. Ses fils l'ont veillé et tous trois ont partagé des espaces et équipements avec d'autres patients – par exemple un micro-ondes, est-il précisé. Le 6 avril, suite à une poussée de fièvre, l'homme a été transféré dans un autre hôpital, toujours suivi par ses fils.
Le lendemain, le compagnon de la mère du voisin du dessous de la femme revenue des États-Unis a ressenti les symptômes de la maladie due au coronavirus. Le 9, il était testé positif. C'était le premier de ce nouveau foyer. Mais entre les différents contacts et les hospitalisations la chaîne était partie. Et au final, le 29 avril, 71 personnes en tout avaient été infectées.
Incompréhension
Les chercheurs locaux avaient le génome du virus responsable de ce foyer. Il était différent de celui qui avait circulé en Chine, et venait donc de l'étranger. Ils étaient alors face à une incompréhension: en remontant les cas, aucun n'était parti en voyage et aucun n'avait manifestement eu de contacts étroits avec une personne de retour de l'étranger.
Mais ils ont fini par apprendre qu'une personne de l'immeuble où ont eu lieu les premières contaminations était revenue des États-Unis. Un test sérologique a été effectué et même si elle n'avait jamais eu aucun symptôme il a révélé que la femme avait bien été atteinte par le virus.
«Transmission généralisée dans une collectivité»
Verdict? Cette femme n'avait pas pris l'ascenseur en même temps que son voisin du dessous. Et tous deux n'avaient eu aucun contact rapproché. Mais «nous pensons que ce voisin a été infecté par contact avec des surfaces de l'ascenseur du bâtiment où ils vivaient tous les deux», écrivent les chercheurs. Un mode de transmission qui resterait très rare – aucun autre locataire de cet immeuble n'a d'ailleurs été testé positif au coronavirus.
«Nos résultats illustrent comment une seule infection asymptomatique au SRAS-Cov-2 pourrait entraîner une transmission généralisée dans une collectivité», concluent les chercheurs. Et de noter que ce rapport souligne également «les ressources requises pour les enquêtes» ainsi que les défis à relever pour contenir le coronavirus.