MaltraitancesUn zoo sur dix est hors-la-loi
De plus en plus de parcs animaliers souffrent de la crise en Italie. Les bêtes vivent dans des conditions précaires et n'ont même pas suffisamment à manger.
- par
- Ariel F. Dumont

«L'Etat a abdiqué et tout le monde se fiche des animaux.» selon un fonctionnaire du Ministère de l'environnement.
Des ours polaires qui halètent sous un soleil de Satan, des kangourous dormant dans des niches pour chiens, des lions et des tigres aux côtes saillantes tapis dans des cages exiguës. Voilà comment vivent, en Italie, les animaux exotiques enfermés dans des structures délabrées pompeusement appelées zoos safari, bioparcs ou fermes didactiques.
Plaintes inutiles
De l'autre côté des Alpes, dix zoos sur 88 ne sont pas aux normes. Gérés par d'anciennes petites compagnies de cirque ou par des entrepreneurs véreux, ils sont dans le collimateur des associations animalières qui dénoncent les maltraitances. Mais toutes ces plaintes ne servent à rien. La justice n'ose pas agir car elle devrait replacer les fauves. Et les institutions ont déjà fort à faire pour sortir les Italiens de l'abîme financier et éviter à la Péninsule d'être dévorée à la sauce grecque. Alors tant pis pour les zoos. «Nous pouvons seulement essayer de faire pression sur les propriétaires qui demandent une licence d'exploitation pour qu'ils améliorent leurs locaux», confie Alessandro La Posta, fonctionnaire du Ministère de l'environnement. Mais comment obliger les privés à respecter la directive européenne de 1999, qui oblige les structures à offrir une bonne qualité de vie aux animaux exotiques et à préserver la diversité, alors que les zoos publics sont loin d'être irréprochables? Un exemple? Le Bioparc de Rome.
Géré par une fondation dont le président est nommé par le maire, ce zoo n'a pas obtenu sa licence d'exploitation car il n'est pas aux normes. Certes, les orangs-outans ne sont plus enfermés dans des cages en plein air et ne fument plus les cigarettes que leur offraient certains visiteurs. Mais ils vivent dans un trou, l'argent destiné à la construction d'une maison ayant été utilisé pour le restaurant. «Les zoos devraient ressembler à une arche de Noé pour sauver les races en voie de disparition. Mais l'Etat a abdiqué et tout le monde se fiche des animaux», accuse un autre fonctionnaire du Ministère de l'environnement sous couvert d'anonymat. A Naples, des animaux sont morts de faim et de froid en 2003 alors que le dispositif communautaire prévoyait la mise aux normes des structures un an auparavant. Cette année, la direction du zoo construit dans les années quarante a fait savoir qu'elle n'avait plus d'argent pour nourrir ses bêtes. Et que les locaux avaient besoin d'être réaménagés. Mais le Ministère de l'environnement, soumis à une sévère cure d'amaigrissement dans le cadre du plan d'austérité mis en place par le gouvernement de Mario Monti, n'a pratiquement aucune marge de manœuvre. Pour nourrir les animaux, la direction organise ponctuellement des collectes.