Jeux de RioUne cérémonie largement boudée par les athlètes
Vendredi soir se déroulera la cérémonie d'ouverture des Jeux de Rio. Chez les athlètes, tous ne peuvent ni ne veulent y participer.
- par
- Oliver Dufour ,
- Rio de Janeiro

Tous les athlètes ne sont pas enchantés par la cérémonie d'ouverture (ici celle des Jeux de Londres en 2012).
Avant-même que le nom du porte-drapeau de la délégation suisse ne soit officiellement communiqué, jeudi après-midi à Rio (20h en Suisse), les discussions vont bon train entre athlètes et entraîneurs helvétiques pour décider si, oui ou non, il convient de se rendre vendredi soir au mythique stade de Maracana, pour y défiler en compagnie d'autres membres de l'équipe rouge à croix blanche.
Comme son nom l'indique, la cérémonie d'ouverture marque le coup d'envoi formel de toute édition des joutes olympiques, déjà dans l'Antiquité, dans un enrobage moins gigantesque et technologique que de nos jours.
Ces instants festifs, le plus souvent uniques dans la carrière d'un sportif, ne sont pourtant pas toujours très indiqués pour sa préparation. Surtout lorsque sa compétition suit de près cette soirée de gala. Le risque est en effet grand d'y perdre force, influx nerveux et concentration.
Pour le judoka fribourgeois Ludovic Chammartin, dont la compétition aura lieu le lendemain, samedi 6 août, les cyclistes sur route masculins (samedi) et leur consœur saint-galloise Jolanda Neff (dimanche), il serait impensable d'hypothéquer des chances de bien performer après s'être usés physiquement et mentalement dans les heures précédentes.
La cérémonie doit démarrer à 20h (1h du matin en Suisse) et nul ne peut prédire exactement quand il en reviendra, tant le trajet depuis le stade vers le village olympique (environ 30km) peut s'avérer long et fastidieux.
«Les «selfies» aux cérémonies me font vomir
Et ce n'est pas nécessairement mieux pour des compétitions plus tardives. Les cyclistes sur piste, dont les qualifications pour l'épreuve de poursuite par équipe ont lieu jeudi prochain, 11 août, ont finalement choisi de renoncer au déplacement de Maracana, suivant l'avis de leur coach. «On avait initialement imaginé y aller», explique le pistard vaudois Théry Schir.
«Ça semblait d'ailleurs être une bonne façon de bien «entrer» dans les Jeux», ajoute son coéquipier Olivier Beer. «Mais après réflexion, ça n'est peut-être pas idéal pour les jambes d'être debout pendant quatre ou cinq heures, reprend Schir. On a d'ailleurs discuté avec Timea Bacsinszky, rencontrée dans le train, qui nous le déconseillait aussi.»
Pour Daniel Gisiger, infatigable entraîneur à tout faire des cyclistes sur piste la participation à la cérémonie relèverait du non-sens pour ses protégés. «A un moment donné, il faut savoir ce qu'on veut, martèle le Biennois. Venir chercher un souvenir dans le stade ou participer à une épreuve olympique à fond. Bien sûr, il y aurait cinq jours entre la cérémonie et les qualifications, mais c'est quand même lourd pour les jambes d'être debout aussi longtemps sans rien faire. De toute façon, maintenant les athlètes y vont surtout pour se prendre en photo. Ça a du sens pour une délégation de porter son drapeau, mais aller faire des «selfies», ça me fait plus vomir qu'autre chose, grimace Gisiger, qui aurait malgré tout entendu ses ouailles si elles avaient voulu s'y rendre coûte que coûte.
Manquer la fête ne chagrinera pas non plus Tiffany Géroudet. Avec sa compétition à l'épée fixée au lendemain, l'escrimeuse valaisanne n'envisage pas une seconde de s'épuiser dans la nuit au Maracana.
«C'est à 1h30 du village olympique en bus. Il faut marcher beaucoup, rester debout pendant des heures. C'est vraiment très fatigant pour les jambes. Au moins je l'avais déjà faite à Londres, la cérémonie. On nous laisse libres d'y participer ou non, mais là nos dirigeants savent déjà qu'on ne va pas y aller. L'équipe française de fleuret, qui a une compétition le 7 août, n'ira pas non plus. J'ai pu les rassurer en leur expliquant qu'on voit mieux le spectacle à la TV que depuis le défilé!»