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Législatives allemandesUne coalition infléchirait la politique économique

En cas de grande coalition après les élections législatives de dimanche en Allemagne, Angela Merkel devra infléchir sa politique économique mais la plupart des poliques ne changeraient pas beaucoup.

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Fraîchement réélue Angela Merkel demande de nouveaux traités pour plus d'Europe. (18 décembre 2013)

Fraîchement réélue Angela Merkel demande de nouveaux traités pour plus d'Europe. (18 décembre 2013)

AFP
Angela Merkel a été élue mardi à une écrasante majorité chancelière d'Allemagne pour la troisième fois par les députés. (Mardi 17 décembre 2013)

Angela Merkel a été élue mardi à une écrasante majorité chancelière d'Allemagne pour la troisième fois par les députés. (Mardi 17 décembre 2013)

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La dirigeante de 59 ans, qui entame un nouveau mandat de quatre ans, dirigera une «grande coalition» composée des Unions chrétiennes (CDU et son alliée bavaroise CSU) et des sociaux-démocrates. (Mardi 17 décembre 2013)

La dirigeante de 59 ans, qui entame un nouveau mandat de quatre ans, dirigera une «grande coalition» composée des Unions chrétiennes (CDU et son alliée bavaroise CSU) et des sociaux-démocrates. (Mardi 17 décembre 2013)

Keystone

La chancelière allemande Angela Merkel devra infléchir sa politique économique en cas de partage du pouvoir avec les sociaux-démocrates après les législatives de dimanche. Mais ces changements se feront à la marge tant les deux partis se sont suivis.

Même si les conservateurs de la CDU perdaient leur actuel allié libéral (FDP) et devaient gouverner avec les sociaux-démocrates du SPD, comme le prédisent des sondages, «la plupart des politiques ne changeraient pas beaucoup», estime Holger Schmieding, économiste chez Berenberg. Angela Merkel doit déjà jongler avec un Bundesrat, la chambre haute du Parlement, contrôlée par la gauche.

L'inflexion est surtout à attendre au niveau fiscal. Défendant un statu quo, «la CDU devra faire des concessions sur certains aspects», considèrent les analystes d'Equinet. Mais l'impôt sur la fortune réclamé par le SPD aurait peu de chances de voir le jour.

«Il pourrait y avoir un compromis sur une hausse des impôts mais plus modérée que celle espérée par les sociaux-démocrates», relève, dans une étude, la branche de gestion d'actifs de Deutsche Bank.

Plus petit dénominateur commun

Lors de la grande coalition de 2005-2009, quand l'actuel candidat du SPD à la chancellerie Peer Steinbrück était ministre des Finances, beaucoup de mesures n'étaient adoptées que «sur le plus petit dénominateur commun» entre les deux camps.

Actuellement, en matière fiscale, celui-ci «n'est pas très grand», soulève-t-on chez Deutsche Bank. Des négociations laborieuses pourraient freiner au moins temporairement consommation et investissements, et faire perdre son élan à la première économie européenne.

Répartition des portefeuilles

Une coalition gouvernementale répartit généralement le ministère de l'Economie et celui des Finances entre les deux partis. Héraut de la rigueur budgétaire, Wolfgang Schäuble, 71 ans, veut continuer l'aventure ministérielle, mais le SPD réclamerait probablement de tenir les cordons de la bourse.

Cela pourrait donner un peu de mou à la gestion stricte du budget, avec «une hausse modeste de la dépense publique» surtout dans les infrastructures, juge M. Schmieding.

Autre question épineuse, celle du salaire minimum, que le SPD veut à 8,50 euros l'heure pour tout le pays. Angela Merkel a déjà largement assoupli sa position, en prônant un salaire minimum négocié par branche, mais un tarif généralisé et chiffré reste tabou dans son camp.

Pas de révolution sur l'Europe

Vis-à-vis de l'Europe, aucune révolution n'est à attendre. «Je ne crois pas qu'il y ait une grosse différence quelle que soit la coalition formée. Nous aurons la même politique européenne qu'avant, mettant en avant le message: nous voulons que les pays mettent en oeuvre les réformes nécessaires», estime Marcel Fratzscher, président de l'Institut allemand de recherche économique (DIW).

Peer Steinbrück a certes joué la carte du «plus européen» pour se démarquer de la chancelière critiquée comme trop exigeante envers les pays sous aide européenne, et trop focalisée sur la nécessité d'économiser. Mais la marge de manoeuvre était étroite, puisque Mme Merkel a elle-même insisté davantage sur la croissance pour adoucir son image.

«Bien qu'ils aient de temps en temps agité des idées comme celle des euro-bonds (des titres de dette communautaire auxquels les conservateurs sont farouchement opposés, NDLR), le SPD n'a jamais négocié fortement sur de telles idées» et il a soutenu Mme Merkel sur chacun des plans d'aide européens, relève Holger Schmieding.

Cela ne devrait pas changer pour un éventuel troisième programme d'aide à la Grèce déjà évoqué. Les voix discordantes viennent plutôt des députés libéraux... menacés de disparition.

Main tendue à la France

Quant aux sujets au menu de 2014, comme l'union bancaire ou la fraude fiscale, CDU et SPD n'ont pas de positions très opposées.

D'après le quotidien Handelsblatt, Angela Merkel voudrait surtout après les élections freiner Bruxelles dans son désir de nouvelles prérogatives et favoriser les initiatives entre pays, comme avec la France. L'entrée du SPD sur la scène ne pourrait que faciliter le dialogue avec le gouvernement du socialiste François Hollande.

(ats)

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