Escalade : Une dernière ascension pour l’Olympe

L’escalade sportive était censée vivre sa première olympique aux JO de Tokyo cet été. Mais la saison qui s’étale d’avril à juillet a été quasi entièrement zappée en raison de la crise sanitaire (une seule épreuve de Coupe du monde a été maintenue à Briançon). Tout a été fait pour sauver les championnats d’Europe de Moscou prévus en mars. Ils ont été repoussés en octobre, et finalement fin novembre.

Car deux derniers tickets olympiques devaient encore trouver preneur. La compétition, qui se déroule actuellement en Russie, a permis au Bernois Sascha Lehmann de créer une petite sensation mercredi, en devenant champion d’Europe de difficulté, l’une des trois disciplines de l’escalade sportive. «C’est juste énorme, je dois avouer que c’est une petite surprise pour moi car j’avais des doutes sur ma forme, vu que j’ai participé uniquement à deux ou trois compétitions secondaires cette année», a confié le grimpeur jeudi matin, en sortant d’une séance de physio après l’effort de la veille.

Qualifié parmi les vingt meilleurs athlètes pour l’épreuve du combiné (qui regroupe les trois disciplines: bloc, vitesse et difficulté), Sascha Lehmann va devoir passer par des qualifications vendredi, avant la finale prévue samedi. L’objectif? Décrocher l’ultime ticket olympique pour Tokyo 2021 réservé au vainqueur du combiné des championnats d’Europe. «Et dire qu’il y a quelques semaines je pensais avoir tiré un trait sur ces Européens et cette chance d’aller aux JO, s’est étonné le Bernois. Je vais tout faire pour aller à Tokyo!»

Si la compétition avait été annulée une nouvelle fois, la dernière place olympique chez les hommes serait revenue au Slovène Jernej Kruder, sur la base du classement des championnats du monde 2019.

Déjà médaillé de bronze en difficulté lors des Européens 2019 et vainqueur de sa première Coupe du monde à Villars la même année, l’athlète de 22 ans a fait parler sa puissance sur le mur de Moscou. La compétition, privée de plusieurs stars de la discipline (et qualifiés olympiques), a tout de même été très relevée. L’épreuve de difficulté est celle qui se rapproche le plus de l’alpinisme: équipés d’un baudrier et assurés avec une corde, les grimpeurs doivent arriver le plus haut possible des différentes voies proposées, qu’ils découvrent juste avant de s’élancer. Face à eux: un mur de 15 mètres.

À ce petit jeu-là, Sascha Lehmann a réalisé 41 prises (ou mouvements) et personne n’a réussi à aller aussi haut que le Suisse. Le Bernois a profité de cet été dépourvu de compétitions en salle pour aller sur des parois rocheuses en extérieur à Gimmelwald, dans l’Oberland bernois, sur des parois parmi les plus difficiles au monde (9a).

À Moscou, vendredi, Sascha Lehmann va tenter de saisir cette ultime chance de grimper vers l’Olympe. «Ce titre m’amène une immense confiance et ce serait un joli bonus de me qualifier pour les Jeux, a lâché encore euphorique le grimpeur. En 2023, les Mondiaux auront lieu chez moi à Berne, ça m’amène une motivation supplémentaire!» Ces Mondiaux en Suisse seront qualificatifs pour les Jeux de Paris 2024.