Carnet noir: Une figure du journalisme romand s'est éteinte

Cette figure du journalisme romand avait aussi cofondé Le Temps stratégique, revue qui souhaitait approfondir les grandes questions du monde moderne.

L'information est parue sur les sites de La Tribune de Genève et de 24 heures, où il était chroniqueur. Elle a été confirmée dimanche soir à l'ats par Pierre Ruetschi, rédacteur en chef de la TdG, et Guy Mettan, ancien rédacteur en chef du même quotidien et collègue de Claude Monnier au Temps stratégique.

Né en 1938 au Rwanda - son père était un missionnaire adventiste -, le futur journaliste fait des études gymnasiales à Lausanne. Une fois son baccalauréat latin-grec en poche, il enfourche son vélo et se met en tête de découvrir le monde. Curieux de tout et de tous, il était avide de comprendre cette «tectonique des plaques», comme il l'appelait: ces rouages à l'origine des changements politiques, sociaux, économiques.

Au cours de son périple, Claude Monnier rencontre à Mexico sa future femme, avec laquelle il aura deux fils. La jeune famille vit ensuite quelque temps au pays du Soleil-Levant. Fort cette nouvelle expérience, il décide d'achever son doctorat en sciences politiques à l'Institut des hautes études internationales à Genève (HEI), où il est également chargé d'enseignement. Cet érudit insatiable embrasse alors une carrière diplomatique jusqu'en 1962.

Cette année-là, sa vie prend un tournant, celui du journalisme. Bernard Béguin, rédacteur en chef du Journal de Genève, aimerait embaucher le diplomate au sein de la rubrique étrangère. C'est ainsi que, de fil en aiguille et d'article en article, Claude Monnier devient rédacteur en chef du Journal de Genève, poste qu'il occupe de 1970 à 1980.

Grâce à sa curiosité, il s'ouvre à l'évolution numérique et crée en 1982 Le Temps stratégique, qu'il dirige jusqu'en 2001, date de la fin de la publication. Le journaliste commence ensuite à écrire régulièrement des chroniques dans la Tribune de Genève et d'autres journaux. Ce qu'il fera sans discontinuer, jusqu'au 10 mars 2015. Au cours des dernières années de sa vie, l'ancien diplomate faisait état d'un monde «devenu fou», écrit la Tribune de Genève.

Pierre Ruetschi s'est dit profondément attristé par la nouvelle. «Claude Monnier était un exemple pour beaucoup de journalistes, par son exigence dans son métier, son courage et sa volonté de faire un journalisme de fond, qui est essentiel», a-t-il confié. «Humainement, il savait allier le sérieux et la distance, tout en gardant beaucoup d'humour.»