Bassin lémaniqueUne milliardaire cible d'une opération antiforfait fiscal
A trois semaines de la votation sur l'initiative populaire, une milliardaire étrangère, vivant en Suisse sous le régime avantageux du forfait fiscal, a été la cible d'une action symbolique d'opposants à ce système.

«Nous sommes allés rendre visite à cette dame, qui vit sur les hauteurs de Montreux, dans une propriété dominant le Lac Léman, et nous lui avons remis symboliquement un guide fiscal», a déclaré ce mercredi 5 novembre à l'AFP Hadrien Buclin, de l'ONG suisse SolidaritéS.
T. E., une octogénaire autrichienne de 87 ans, dispose d'une fortune évaluée à entre deux et trois milliards de francs suisses, et figure dans le haut du classement des 300 plus grosses fortunes dans la Confédération helvétique, établi chaque année par le magazine suisse Bilan.
«Mme E. ne nous a pas ouvert, et nous avons déposé le guide dans la boîte aux lettres à son nom», a-t-il ajouté.
Par cette action symbolique, le collectif SolidaritéS entendait marquer son opposition au système du forfait fiscal, dont bénéficient environ 5500 personnes en Suisse, et qui leur permet de ne payer que très peu d'impôts.
Selon les calculs de SolidaritéS, Mme E. ne paie qu'«environ 300'000 à 400'000 francs (250'000 à 330'000 euros) par an d'impôts, alors que si elle était taxée normalement, elle devrait payer au minimum 8,5 millions de francs (7 millions euros) par an d'impôt cantonal».
En 2013, le canton de Vaud comptait quelque 1389 étrangers bénéficiant du système du forfait fiscal, comme l'octogénaire concernée, qui a vendu son entreprise pharmaceutique Böhringer-Mannheim au groupe suisse Roche.
«Nous avons rendu visite à cette dame pour qu'elle renonce à son forfait fiscal et s'acquitte comme tout le monde de son devoir de contribuable, notre demande est restée sans réponse», a ajouté SolidaritéS.
Cette opération a été menée à trois semaines de la votation sur l'initiative émanant des partis de gauche et des syndicats demandant l'abolition du système du forfait fiscal.
Les «forfaitaires» peuvent parfois se révéler être des mécènes, qui investissent dans la recherche et l'innovation.
Ainsi, un milliardaire étranger, mort en septembre dans le canton de Vaud à plus de 90 ans, a prévu dans son testament la création d'une fondation à but non lucratif dotée de 100 millions de francs, dont l'objectif est de soutenir les projets innovants des Ecoles polytechniques fédérales suisses.