Tennis: Une récompense promise à Margaret Court fait scandale

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TennisUne récompense promise à Margaret Court fait scandale

L’Australienne aux 64 titres en Grand Chelem doit recevoir mardi la plus haute distinction de son pays. Une décision largement critiquée en raison de ses prises de position sur la communauté LGBT.

par
Sport-Center
Lors du dernier Open d’Australie, en janvier 2020, Margaret Court a été honorée pour les 50 ans de son Grand Chelem.

Lors du dernier Open d’Australie, en janvier 2020, Margaret Court a été honorée pour les 50 ans de son Grand Chelem.

AFP

44 ans après sa retraite sportive, Margaret Court (78 ans) occupe encore régulièrement l’actualité tennistique. Mais pas pour de bonnes raisons. Depuis quelques années, l’Australienne aux 64 titres en Grand Chelem (dont 24 en simples, record absolu) est devenue spécialiste des sorties polémiques. En cause: ses opinions tranchées sur la communauté LGBT.

Reconvertie pasteur pentecôtiste puis ministre de ce culte, elle a notamment déclaré que le tennis était «plein de lesbiennes», que les enfants transgenres étaient «l’œuvre du diable» ou encore évoqué un «lobby gay». «Il y a un complot dans notre nation et dans les nations du monde pour pénétrer l’esprit de nos enfants», a-t-elle martelé. Pour ne rien arranger, Margaret Court s’est rendue coupable d’éloges sur le système de l’apartheid en Afrique du Sud.

Ses prises de position controversées à répétition lui ont valu le sobriquet de «tatie cinglée» de la part de John McEnroe. Martina Navratilova, ouvertement homosexuelle et militante des droits LGBT, s’était jointe à la légende américaine en janvier 2020 pour demander à ce que la Margaret Court Arena, un des principaux terrains de l’Open d'Australie à Melbourne, soit rebaptisée. Une idée soutenue par Andy Murray, notamment. «Elle a manifestement offensé et bouleversé nombre de personnes depuis des années», justifiait-il.

Ce contexte n’empêche pas la principale intéressée d’être encore honorée pour ses exploits d’antan. Lors du dernier Open d’Australie, elle a été saluée pour les 50 ans de son Grand Chelem, bien que Melbourne lui ait réservé un accueil glacial.

Ce mardi, à l’occasion de la fête nationale australienne, elle s’apprête à recevoir une prestigieuse distinction: elle devrait être intronisée Compagnon de l’Ordre d’Australie, la plus haute distinction parmi les honneurs remis à cette date singulière. Celle-ci «est décernée pour des réalisations et mérites éminents du plus haut degré au service de l’Australie ou de l’humanité en général».

La nouvelle, qui devait être tenue secrète jusqu’au jour J, a immédiatement provoqué un tollé auprès de l’opinion publique. Daniel Andrews, Premier ministre de l’État de Victoria, s’en est fait l’écho: «Je ne veux pas donner d’oxygène aux opinions honteuses et sectaires de cette personne. Mais quand d’autres insistent pour les récompenser avec la plus haute distinction de ce pays, je pense que cela vaut la peine de le répéter: les victoires en Grand Chelem ne vous donnent pas le droit de cracher de la haine et de créer une division.»

Même son de cloche chez son homologue de l’État d’Australie-Occidentale, Mark McGowan: «Je ne partage pas les idées de Margaret Court, en particulier en ce qui concerne les gays et les lesbiennes. Je pense que des prix supplémentaires de l’Ordre d'Australie devraient être décernés à des héros méconnus dans tout le pays, et ils sont nombreux.»

«J’aime tout le monde, je n’ai rien contre les gens, mais je dis juste ce que dit la Bible»

Margaret Court

Le Premier ministre australien, Scott Morrison, a lui botté en touche: «Je ne peux pas faire de commentaires sur un prix décerné par un processus indépendant qui n’a pas été annoncé ou dont je n’ai aucune connaissance officielle. Ces annonces seront faites le jour approprié. Je ne peux donc pas vraiment faire de commentaire sur quelque chose qui est spéculatif.»

Sous le feu des critiques, Margaret Court s’est défendue au micro de ABC: «J’enseigne la Bible, ce que Dieu dit dans la Bible, et je pense que c’est mon droit et mon privilège de pouvoir le faire connaître. Je ne vais pas changer mes opinions et mes points de vue. J’aime tout le monde, je n’ai rien contre les gens, mais je dis juste ce que dit la Bible.»

On a connu meilleure déclaration pour calmer la grogne.

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