FootballUne reprise magnifique
La Promotion League est de retour, enfin! Les hommes de la semaine s'appellent Hugo Fargues, Karim Benzema, Hristo Stoïchkov, Yanis Lahiouel et Nehemie Lusuena. Entre autres.

C'est reparti! On n'en pouvait plus de cet hiver trop long, surtout que la quasi-intégralité des matches de la première journée de 2018 n'a pas eu lieu le week-end dernier. En fait, il n'y en a eu qu'un et il s'est agi d'une superbe nouvelle pour les clubs romands avec la défaite de Kriens sur le terrain de Zurich II. Nyon en particulier pouvait profiter de ce faux-pas lucernois... ce que les Nyonnais ont fait ce week-end.
Nyon encore plus fort qu'au premier tour
Il s'agit là de l'un des premiers enseignements de cette journée inaugurale. Le Stade Nyonnais, qui a recruté intelligemment cet hiver, est déjà très costaud. D'habitude, les Nyonnais se vautrent avec plus ou moins de grâce contre Zurich II, mais cette fois, ils ont frappé fort. Après une entame de match compliquée (2-2 à la pause en ayant été menés deux fois), les hommes d'Oscar Londono ont pris l'avantage grâce à Karim Chentouf, auteur d'une tête parfaite, dans son style caractéristique. Qu'est-ce qu'il est fort, quand même...
Le 4-2? Une balle en profondeur pour Hugo Fargues, qui a tenté de contrôler et qui a... surpris le gardien zurichois sorti n'importe comment. Fargues, un joueur qu'on adore, a donc réussi l'exploit de marquer deux buts absolument affreux (le premier est un espèce de pointu à trois kilomètres heure), ce qui doit être compliqué à vivre pour un esthète comme lui. Mais ce sont bien ces buts-là qui font gagner des championnats.
L'impression que laisse ce match est que Nyon est encore plus fort qu'au premier tour. Il est bien sûr compliqué de tirer des enseignements après un seul match, mais les Nyonnais ont eu la finesse de ne pas chambouler un effectif qui marchait bien, tout en le renforçant. Leur jeu est en bien place et ce 4-2-4 ultra-offensif (les ailiers Florian Berisha et Hugo Fargues sur les côtés, avec Quentin Gaillard et Fabrizio Zambrella dans l'axe derrière deux vrais attaquants) est aussi équilibré que spectaculaire.
Nyon a donc tout pour bien faire, mais en saura beaucoup plus dans six jours. Il y aura ce déplacement à Yverdon mercredi, déjà, qui en dira long. Et samedi, attention, car Ibrahim Tall et ses copains se déplacent à Bavois, sur un terrain où ils ont perdu la saison dernière (1-0). Le FCB, à la maison, est capable de tout. Y compris de battre Nyon. Mais si les Stadistes se sortent de ces deux confrontations, alors ils auront effectué un (très) grand pas en avant en direction de la Challenge League.
Quatre prétendants, combien de promus?
L'information est passée un peu inaperçue, mais quatre équipes de Promotion League ont demandé la licence pour la Challenge League. Kriens, Nyon, Yverdon et Brühl Saint-Gall. Notre avis? Les trois premiers vont l'obtenir sans aucun problème.
Financièrement, tous trois tiennent la route et ils ont les infrastructures nécessaires. Kriens a son nouveau Kleinfeld, tandis que Colovray n'a besoin que de quelques aménagements, notamment pour les fans adverses. Enfin, Yverdon attend son nouveau stade (2019) et aura une dérogation en cas de montée immédiate. En ce qui concerne Brühl, le dossier pourrait être un peu plus compliqué.
Reste une question centrale: combien y aura-t-il de promus? Au minimum un, c'est sûr, qui remplacera Wohlen. Mais après? Wil et Chiasso auront-ils la licence? Peut-être pas en première instance, mais en deuxième? Les réponses à ces questions seront données au mois de mai. C'est à dire que Kriens, Nyon, Yverdon et Brühl feraient bien de se battre pour la deuxième, voire la troisième place. Elles ne serviront peut-être à rien. Mais peut-être que si.
Si Nehemie Lusuena se met à marquer...
On a eu déjà eu l'occasion d'écrire tout le bien que l'on pensait de Nehemie Lusuena, le milieu de terrain d'Yverdon Sport. A 19 ans, il doit encore progresser dans tous les domaines de son jeu, mais son potentiel est impressionnant. Il court, il intercepte, il tacle et il se projette vers l'avant. En plus, son attitude est bonne même si son manque de temps de jeu (relatif vu son âge) au premier tour a pu l'agacer quelques fois. Ce jeune homme est impatient, dans le bon et le mauvais sens de ce terme. Bref, il faut qu'il reste humble et à l'écoute et une belle carrière peut peut-être l'attendre.
Samedi, en tout cas, c'est lui qui a sorti Yverdon d'un mauvais pas sur la pelouse synthétique du Juchhof 2, à Schlieren. United Zurich, dernier, tenait en effet le 0-0 face à YS lorsque le jeune Yverdonnois a envoyé une lourde frappe qui a permis à YS d'ouvrir la marque à une dizaine de minutes de la fin. Si en plus il se met à marquer (premier but de sa carrière en Promotion League), que restera-t-il aux autres?
Quentin Rushenguziminega a doublé la mise et Yverdon a obtenu une victoire essentielle pour arriver en confiance mercredi face à Nyon. Il y aura du spectacle au Stade Municipal (20h). Et un certain enjeu...
Yanis Lahiouel a besoin d'attention
La grosse performance du week-end est à mettre à l'actif de Stade-Lausanne-Ouchy, ce qui nous réjouit particulièrement. On l'a écrit et répété, le SLO a perdu Sonny Kok, son principal atout offensif, et Andrea Binotto s'est évidemment demandé comment le remplacer. Trouver un joueur de son profil? Compliqué.
A l'époque, le Professeur Binotto avait réussi un coup de maître en allant chercher le blond attaquant dans les séries inférieures et en lui donnant véritablement sa chance. Le coach a été récompensé de son audace par un Kok désireux de montrer qu'il avait le niveau du football semi-professionnel d'élite. Mais évidemment, refaire le coup était compliqué, la 2e ligue ne disposant pas d'un joueur comme Sonny Kok chaque année.
Alors, Andrea Binotto a choisi Yanis Lahiouel, en situation compliquée à Yverdon Sport. Le Français de 22 ans n'est pas un pur avant-centre, mais c'est bel et bien la position qu'il a occupé avec succès en préparation et sur le terrain de Bâle II ce samedi. Ce joueur-là est un vrai talent, qui a une revanche à prendre après six mois à YS où il n'a jamais enchaîné les matches.
Après une saison impressionnante à Lancy (1re ligue), il avait été repéré par Bavois, où il a brillé en Promotion League. Yverdon lui a offert des conditions salariales supérieures, mais pas autant de liberté qu'à Bavois où il était le maître à jouer offensif. Une fois à gauche, une fois dans l'axe, régulièrement critiqué, Lahiouel était malheureux et ce mal-être se ressentait dans son jeu, soudain moins spontané et créatif.
Andrea Binotto a compris que ce technicien avait besoin d'attention et de confiance pour donner le meilleur de lui-même. Avec Ahmed Mejri derrière lui, Lahiouel a un vrai relais technique de qualité et il sait qu'il va enchaîner les matches, n'ayant pas de réel concurrent au poste d'avant-centre. Il a déjà rendu une partie de cette confiance en marquant le premier but de l'année 2018 du SLO.
Le but de la victoire a été inscrit par Andreas Soos, un des vrais clubistes du Stade, ce qui là aussi nous fait particulièrement plaisir tant ce garçon est attachant et reflète bien les valeurs d'un club à part. Bref, tout va bien au SLO, toujours sous la menace de la relégation, mais qui s'est offert trois points importants. Et pas forcément attendus, disons la vérité.
Sion, une défense de Super League au niveau de la Promotion League
Le FC Sion II recevait Cham samedi, avec une ligne de quatre ayant intégralement évolué en Super League. Jan Bamert à droite, Ricardo Ferreira et Ivan Lurati dans l'axe, Bruno Morgado à gauche. Le résultat? 2-1 pour les Zougois, avec des erreurs défensives absolument atroces de la part des Valaisans. On invite nos lecteurs à aller regarder le résumé des buts sur le site officiel de la Promotion League. Âmes sensibles s'abstenir.
Sion II, qui ne perdait quasiment jamais avec Maurizio Jacobacci à sa tête, ne joue plus rien, ayant dix points d'avance sur la barre. "Jaco" peut donc se concentrer à sauver la première équipe, ce qu'il est en train de faire. Lui aura marqué beaucoup de points cette saison, tant au propre qu'au figuré.
Karim Benzema, Hristo Stoïchkov et La Chaux-de-Fonds
Comme d'habitude, La Tchaux a perdu à l'extérieur (3-1 sur le terrain d'YF Juventus). On ne va donc pas trop s'attarder sur ce résultat, même s'il n'est pas du tout réjouissant en vue du classement. Les hommes de Christophe Caschili, que l'on imaginait assez bien jouer le premier tiers du classement, ne sont de loin pas sauvés même si leur rythme du premier tour (en gros, on ne perd pas à la maison et on ne gagne pas à l'extérieur) devrait leur assurer le maintien. Parlons plutôt de la charnière centrale, tiens.
Julien Prétôt étant parti en 2e ligue inter, à Payerne, La Tchaux a reconstruit son axe, en obtenant notamment le prêt du jeune Xamaxien Léo Farine, expulsé samedi en fin de match. Son camarade de charnière a lui un parcours très étonnant, qui mérite d'être détaillé. Son nom? Maxime Josse. Son âge? 30 ans. En 2004, il a été sacré champion d'Europe M17 avec la France de Samir Nasri, Hatem Ben Arfa et Jérémy Menez.
Il est certes resté assis sur le banc en finale face à l'Espagne de Gerard Piqué et Cesc Fabregas, mais il n'était pas si mal accompagné: assis à côté de lui se trouvait un certain Karim Benzema! A noter que le premier but de la finale a été marqué par un certain Kevin Constant...
International français des M15 aux M21, Maxime Josse a ensuite joué plusieurs dizaines de matches en L1 avec Sochaux avant de s'exiler dans des clubs absolument géniaux. Il a ainsi découvert la Champions League avec le Litex Lovetch oû son entraîneur était Hristo Stoïchkov, ce qui fait déjà suffisamment rêver comme ça. Ensuite? L'Hapoël Bnei Sakhnin (Israël), Panthrakikos (Grèce) et l'Inter Turku (Finlande), avant de revenir dans les séries inférieures en France. Bref, on ne le connaît pas, mais on a déjà envie d'être son ami. Et on se réjouit de le voir à l'oeuvre avec La Chaux-de-Fonds. Dès samedi contre Sion II, tiens.