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TraficUne taxe pour entrer dans Genève

Deux socialistes proposent un péage urbain et la gratuité des transports publics.

par
Cléa Favre
Jean Berthet et Thomas Wenger souhaitent des péages à l'entrée de la ville.

Jean Berthet et Thomas Wenger souhaitent des péages à l'entrée de la ville.

Lionel Flusin

Payer pour entrer et sortir de Genève. Avec cette proposition, Thomas Wenger, président de l'ATE Genève, et Jean Berthet, membre du bureau de l'association, savent qu'ils vont faire un tollé. Mais les deux candidats socialistes au Grand Conseil ont le courage d'assumer de «vrais choix» pour en finir avec les bouchons qui pourrissent la vie.

Une situation qui s'aggrave

«Depuis quelques années, il y a une totale saturation du trafic, plus seulement aux heures de pointe mais toute la journée», explique Thomas Wenger. «Jusqu'à maintenant, aucun moyen de transport n'a jamais été privilégié. C'est physiquement impossible de continuer: on ne peut plus ajouter de voitures», poursuit Jean Berthet. L'idée serait donc d'instaurer une taxe – entre 1 et 2 fr. – payée à chaque fois que le périmètre de la ville est franchi. Avec pour but d'inciter les pendulaires à laisser leur véhicule à l'entrée du péage, où les parking-relais seraient multipliés. En contrepartie, les TPG seraient gratuits.

«Tout le monde s'y retrouverait», argumente Jean Berthet. «Moins de pollution de l'air et moins de bruit bénéficieront à la santé publique. Et la fluidité du trafic rendrait la vie plus facile aux automobilistes, tout comme aux entreprises qui y gagneraient en efficacité.» Le projet n'est-il pas quelque peu utopiste? «Non, il est réalisable, répond Thomas Wenger. Trois biais seraient utilisés pour financer la gratuité: la recette du péage, une taxe sur les places de parc des entreprises, ainsi que l'impôt.» Quelle augmentation pour le contribuable? Les deux socialistes avouent ne pas livrer un projet clés en main. «Le montant de la taxe, le périmètre et les lieux pour construire des parking-relais restent à définir à travers des études approfondies, mais nous voulons lancer la discussion», affirme Thomas Wenger, arguant que la traversée de la rade reste pour l'instant la seule solution proposée aux Genevois, alors que selon lui elle ne résoudra pas les problèmes de trafic au centre. En 2008, le Conseil administratif genevois avait abandonné l'idée d'un péage urbain, notamment du fait de la complexité de sa mise en œuvre. Pourquoi donc revenir à la charge aujourd'hui? «Nous voulons lancer la proposition au niveau cantonal, et surtout la coupler avec la gratuité des transports publics», se justifie Thomas Wenger, pour qui les expériences menées à Stockholm, Londres, Singapour ou encore Tallin sont encourageantes. Le TCS genevois ne voit pas d'un bon œil cette proposition. «Vu les finances du canton, la gratuité me semble hors de propos», réagit son directeur Henri-Pierre Galletti: «La région est en pleine croissance. Il faut donc augmenter les capacités en transport, et non chercher à les réduire». Selon lui, donner la priorité absolue aux transports publics n'est pas pertinent.

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